Il nous avait promis le Changement. Il nous avait promis de nous gouverner autrement. Il nous avait promis de nous remettre au travail. Il avait promis de magnifier les valeurs. Il avait promis de lutter contre la corruption. Le candidat Boni Yayi avait promis tout cela.
Je pense aujourd’hui encore, quand bien même beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, qu’il était sincère en ces temps-là. Je sais que je n’ai pas forcément raison et que vous seriez nombreux à ne pas partager cette vue des choses. Mais, à vrai dire, le débat n’est pas tant de savoir si l’homme était sincère ou pas. Il se fait qu’il aura réussi à nous convaincre, dans notre immense majorité. Oui, nous croyions en la rupture. Nous croyions en la révolution que son score, objectivement inimaginable en démocratie et qui plus est, pour un nouveau venu en politique, permettait d’envisager. J’ai la conviction, en effet, qu’on ne se fait pas élire à 75% dans un système qui se veut démocratique, pour faire du nombrilisme. Pour faire du surplace. Pour faire comme le voudrait la politique politicienne : ne pas résoudre les problèmes mais s’employer à les déplacer. Voire pour faire pire ! Je pensais personnellement, comme beaucoup sans doute, que Boni Yayi nous aurait remis au travail, qu’il aurait révolutionné les choses, le Bénin…
Plus de quatre ans après son avènement au pouvoir, je n’ai pas la conviction, pas même le sentiment que nous ayons avancé positivement sur ce plan-là. Bien au contraire ! Aujourd’hui, peut-on dire sérieusement qu’il ait remis le peuple au travail ? Peut-on soutenir avec sérieux qu’un changement qualitatif se soit produit pour le pays et pour nous ? Peut-on dire que la manière de faire de la politique chez nous ait été ennoblie par la promotion de valeurs ? Pas si sûr que cela. Sinon, pourquoi continue-t-on de créer, tous les week-ends, des clubs électoraux appelés pompeusement partis politiques ? Il y a, sans doute, une arrière idée de captation de rente politique qui préside à cet activisme délirant et débordant de néo politiciens en quête d’ascension sociale. Pourquoi, au plus haut niveau de l’Etat, peut-on sans sourciller une seconde, aller distribuer à tour de bras, de l’argent frais aux populations sans raison apparente ? Pourquoi la détermination du début de mandat s’est-elle estompée pour finalement se noyer dans l’apathie si ce n’est dans la complicité des déviances ?
Or, pour autant que je me souvienne, c’est entre autres pour faire différemment les choses que Boni Yayi avait été élu. Pour ramener l’équité, la justice sociale dans la gestion de la cité. Seulement, quatre ans après, est-il possible d’affirmer que quelque chose a changé sous cet angle-là ? Pourquoi continue-t-on d’organiser des concours pour n’en donner les résultats qu’un an plus tard voire plus ? Du jamais vu auparavant. Pourquoi grogne-t-on toujours dans les rangs des candidats pour dénoncer des officines parallèles de proclamation des résultats des concours en question ? Pourquoi depuis plus d’un an qu’ils ont fini leur formation par exemple, des auditeurs de justice attendent toujours leur intégration au corps des magistrats ?
Pourquoi la corruption s’est-elle plutôt engraissée sous Yayi et que la lutte contre le phénomène semble désormais relever d’une simple profession de foi ? Boni Yayi a-t-il découvert que ses épaules étaient trop frêles pour porter toutes ces charges ? Entreprendre des travaux d’Hercule ? Vraisemblablement en tout cas, Boni Yayi a manqué transformer l’essai de son élection pour devenir le bâtisseur qu’il promettait d’être. Il est resté un politicien comme tout autre. En bien ou en mal, il y aura, à coup sûr, pour le Bénin, un avant et un après Yayi. Pour le moment, rien ne permet de dire que ce sera en bien…
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)
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