Douane: les déballages de la syndicaliste Egoulety

La passation de commandement entre le directeur général des douanes sortant, Hippolyte Djègou, et son remplaçant, Issiaka Isaac Inoussa, s’est déroulée hier à la direction générale des douanes et droits indirects, en présence du ministre des Finances, Idrissou Daouda. Les déballages de la secrétaire générale du Syndicat national des douanes du Bénin, Catherine Egoulely, sur les tares de l’administration douanière ont focalisé plus l’attention de l’assistance.

« Mon intervention, ce soir, n’est pas en fait un discours, c’est le tableau de l’état de déconfiture dans lequel se trouve cette maison depuis quelque temps, que je m’en vais essayer de peindre… ». C’est l’une des phrases fortes de la secrétaire générale du Syndicat des douanes du Bénin, Catherine Egoulety, dans une allocution qui a montré l’aggravation des tares de l’administration des douanes depuis l’arrivée au pouvoir du président Boni Yayi. Selon ses déclarations, la douane béninoise ne s’est jamais portée aussi mal. Pour étayer son argumentation, elle est revenue sur l’expression ‘’Mal gouvernance’’ avancée par le gouvernement pour démettre Hippolyte Djègou de ses fonctions. « Ma première interrogation a rapport à cela ; la mal gouvernance : les agents des douanes réunis au sein du Sydob veulent comprendre, le peuple aussi doit savoir… », a-t-elle exigé du ministre des Finances. Poursuivant son allocution, Catherine Egoulety a démonté toutes les fautes reprochées à M. Djègou. Ainsi, elle a révélé que la question des deux camions partis du port mais retrouvés vides au niveau de la recette d’Igolo est une pure invention. « Ma préoccupation était de savoir auprès du premier responsable d’Igolo si lesdits camions partis du port étaient arrivés au niveau de sa recette, chargés ou vides. Sa réponse a été oui, ils étaient arrivés chargés », a-t-elle fait savoir, avant de conclure sur ce point que lesdits camions ne se sont pas volatilisés dans la nature, dans les brousses d’Adjarra ou d’Avrankou, mais qu’ils étaient bel et bien arrivés à destination avec leur contenu. Ensuite, elle a balayé du revers de la main les supposés accords fantaisistes signés avec les entreprises de la place. Pour elle, ces genres d’accord sont régis par les faits en vigueur. C’est pourquoi, elle s’est demandé si la destruction ne s’est pas encore mise en route, puisque le tourbillon des discrédits a commencé à s’abattre sur toute la corporation. « La procédure en cas de faute, même lourde est connue, et la question que nous nous posons est de savoir si cette procédure a été suivie, s’il y a eu des demandes d’explication en bonne et due forme,  s’est-elle interrogée pour dénoncer la précipitation dans le limogeage de M. Djègou. Tirant leçons de cette affaire, elle a déclaré ceci : « Lorsqu’on a envie de se régler des comptes, n’est-il pas mieux d’être direct et d’éviter de faire de l’amalgame, de créer de l’embrouille pour mieux camoufler les choses ? Ce n’est pas bien et cela devient même gênant, voire insupportable pour les autres », avant de se demander si cela se passe de la même manière sous d’autres cieux, car selon elle, la pourriture à la douane béninoise a atteint un niveau inquiétant. Pour mieux caricaturer sa colère, elle a déclaré : « Ma déception est très grande ce soir ; six directeurs généraux en quatre ans…je crois qu’il ya un problème que je n’arrive pas encore à cerner et j’avoue que cela me dérange énormément ». Toutefois, elle a précisé que son intention n’est pas d’outrager ou détruire qui que ce soit, car son rôle est de dire la vérité et rien que la vérité.

De son côté, le directeur général des douanes sortant a présenté à son successeur les grands défis à relever. Il a fait référence à la résolution des problèmes d’insuffisance de matériels et d’agents, l’informatisation des opérations douanières et l’augmentation des recettes. Isiaka Isaac Inoussa n’entend pas décevoir le gouvernement sur la mission à lui confiée. Pour sa part, le ministre a exhorté l’administration des douanes à œuvrer pour le développement du pays.

Jules Yaovi Maoussi

Laisser un commentaire