Entre Yayi et Houngbédji, qui aura le soutien de la France?

Requinquée depuis le dernier sommet Afrique France à Nice, la Françafrique garde toujours ses réseaux d’influence sur l’Afrique en géréal et sur le Bénin.en particulier Pour les élections présidentielles de 2011, elle va jouer sa partition. En sourdine, elle va tirer sur les ficelles et donner des instructions officieuses qui iront en faveur d’un candidat.

Est-ce Yayi qui affiche docilité et grande courtoisie à l’égard de Sarkozy ou Houngbédji qui surfe sur ses relations très séculaires et enracinées dans la droite française ? C’est le grand secret.

L’autre front de bataille sur lequel les candidats potentiels à la présidentielle de 2011 s’affrontent, c’est bien cellui de Paris. Loin des rumeurs de soutien et de tractations nocturnes de politiciens en perpétuel repositionnement, cette bataille se mène en douceur à Paris et parfois dans les milieux diplomatiques franco-africains. Et si elle préoccupe tant tous les candidats au scrutin de Mars 2011 c’est que son poids n’est pas négligeable dans l’issue des élections. Ne dit-on pas souvent  que celui qui a le soutien de Paris gagne souvent les élections ? En tout cas, pour ce qui concerne les élections présidentielles de 2011, rien n’est joué et c’est d’ailleurs ce qui explique les descentes fréquentes de Houngbédji à Paris bien qu’il en a l’habitude depuis un bon moment. Contrairement à ce que l’on entend dans les états majors des partis politiques où chacun tend à se parer des plumes de paon, le soutien à un candidat en 2011, bien qu’être sera discrète et officieuse, fait toujours l’objet de réflexions nourries et d’analyses minutieuses. Selon des sources concordantes, la cellule diplomatique de l’Elysée qui a à charge ces genres de dossier devait être à priori dans un grand embarras pour le cas « Bénin ».Jean-David Levitte, conseiller diplomatique de l’Elysée et son adjoint André Parant cogitent encore sur la bonne formule qui puisse avantager la France. Ils pèsent et soupèsent encore Yayi et Houngbédji, les deux candidats parmi tant d’autres qui pourront bénéficier de ce soutien tant précieux. Il leur faut discuter, consulter des icônes du pré carré comme les présidents Zinsou, Compaoré…et bien d’autres. A priori, nous souffle-t-on dans les milieux diplomatiques franco-africains, c’est Me Adrien Houngbédji qui devait avoir ce soutien. Mais si le choix s’annonce si difficile c’est bien à cause des relations plus ou moins bonnes du président Boni Yayi avec la France. Et pour cause, le président Yayi a respecté, selon nos sources, les instructions et les souhaits français depuis qu’il est au pouvoir. Mieux, la Françafrique qui, apprend-on au passage, a connu une inclination économique doit beaucoup être fier du président béninois. C’est en effet sous sa présidence que le groupe Bolloré très- proche du pouvoir en France- a pu gagner le marché très prometteur de la gestion du terminal à conteneurs construit récemment au Port de Cotonou. Il faut le rappeler c’est cette plate forme portuaire qui servira de convoyage de l’uranium du Niger vers la France pour Areva, l’autre groupe français qui s’occupe de son exploitation. Ce n’est pas tout. La privatisation de la Sco (Société des ciments d’Onigbolo) a permis au groupe cimentier français ‘‘La Farge’’ de bénéficier encore d’un marché juteux. Et si prochainement, le groupe Orange, filiale de France Télécom arrivait à devenir le repreneur de Bénin Télécom Sa comme on le susurre dans les coulisses de la privatisation, ce serait l’apothéose pour Yayi et il pourra définitivement gommer les quelques méfiances françaises nées au lendemain de la visite du président Georges Bush au Bénin en 2007. On  comprend donc les nombreuses sollicitudes de l’ambassadeur de France à l’endroit de Boni Yayi.

Houngbédji, l’ami de toujours

Pour autant, Me Adrien Houngbédji ne sera pas sevré de l’affection et du parapluie français dont il a bénéficiés depuis des lustres. Avocat du feu président Omar Bongo( dont on connaît l’influence sur la politique africaine de la France) et de certains groupes pétroliers français installés en Afrique, il bénéficie d’un grand capital d’estime dans les milieux intellectuels et politiques français depuis les années 70 et 80.L’autre grand atout dont dispose le candidat unique de l’Union fait la Nation, c’est qu’il est membre du RPR(Rassemblement pour la République) qui est devenu aujourd’hui l’Ump(Union pour la majorité présidentielle) actuellement au pouvoir. Forcement, il doit bénéficier du soutien de cette droite française dans laquelle il a une forte entrée. Ce soutien devrait être doublé de celui de la gauche, en l’occurrence du Ps (Parti socialiste) grâce aux relations très privilégiées du Psd de Bruno Amoussou avec qui elle milite dans l’international Socialiste.

La première visite de Me Houngbédji comme candidat unique de l’Un l’a permis de rencontrer André Parant, ce qui est déjà un grand signe de grande complicité avec l’appareil d’Etat français. En se rendant fréquemment à Paris ses derniers mois, il entend donc activer ses relations dans le milieu politique français et les transformer en soutiens sérieux contre un Yayi très entreprenant sur le plan diplomatique. Décoré en 2007 pour services rendus à la démocratie et à la France, celle-ci n’hésitera pas à le porter au pinacle. D’ailleurs on le dit candidat de la France depuis 1990. Seulement en 2011, le choix sera plus difficile à faire et la cellule diplomatique de l’Elysée devait être dans un grand embarras actuellement.

Marcel Zoumènou

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