Lettre ouverte à Me Adrien HOUNGBEDJI, Le Président du P.R.D.

Monsieur le Président,
Par cette lettre nous venons vous féliciter de votre désignation comme candidat du parti Union  fait la Nation pour les élections présidentielles de 2011. Nous ne pouvons qu’exprimer notre joie dans la mesure où pour nous ceci n’est que le fruit de la lucidité qui a manqué à certains lors des élections présidentielles de 2006.

Nous, nous étions de ceux là qui, à l’époque, regroupés au  sein du parti UBF vous avaient apporté leur soutien.
Le PTD/PTA, notre parti qui, à la suite de certains errements de la direction de l’UBF a  recouvré son indépendance en tant qu’organisation politique, se conforme toujours aux décisions prises lors de l’entretien que nous avions eu avec vous et votre parti le P.R.D. dans votre maison sise dans la rue opposée au siège de la SONACOP le 21/07/2001 soit quelques semaines après les élections présidentielles qui  ont porté le Général Mathieu KEREKOU au pouvoir pour un second mandat.

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A cette réunion étaient présents pour la délégation du P.R.D., le Président du parti c’est à dire vous-même, accompagné du ministre Timothée ZANNOU et du député Michel MISSIKPODE.Pour le PTD/PTA la délégation était composée du Secrétaire Général en la personne de l’honorable Armand Nestor ELISHA, des camarades Benjamin CODJIA, Obed TODOME et Paul ZANNOU. C’est fort de ces décisions que nous vous avions apporté notre soutien en 2006 et que notre parti vous le renouvelle encore pour les élections présidentielles de 2011.
Nous avions décomposé les éléments qui fondent notre soutien en plusieurs parties qui sont :

1/. La corruption, le détournement des deniers publics et autres prévarications de la part des hommes politiques et de leurs associés bref le pillage du pays dans tous ses compartiments de la part de ceux qui occupent des postes de responsabilité malgré les émoluments mirobolants et scandaleux qu’ils perçoivent au regard du SMIG et des salaires des travailleurs grèvent largement le budget du pays et participent à sa régression. Nous ne pensons pas avoir jamais entendu votre nom mêlé à ces scandales. Certes d’aucuns diront que c’est très court comme élément de soutien ; mais nous leur répondons que dans ce contexte nauséabond où les scandales politico financiers fusent de partout dans le pays avec une accélération fulgurante sous le régime du changement dont l’axe central est, nous disait-on, la lutte contre la corruption et l’insécurité sous toutes ses formes, nous ne pouvons ne pas tenir compte d’un tel comportement.
Bien sûr l’on vous reproche bien d’autres choses ; mais dans la mesure où nous ne croyons pas aux hommes blancs comme neige et surtout que nous sommes persuadés que dans nos pays négro africains la vertu n’est pas l’apanage de l’élite et que notre classe politique n’a pas encore atteint le niveau où la rencontre entre la vie privée et la vie publique ne peut faire qu’UN dans le moule de la vertu, de la morale et de l’éthique. Nous ne sommes pas entrain d’absoudre quoique ce soit mais nous sommes entrain de justifier notre prise de position.

2/ La seconde raison est le fait de disposer d’un appareil politique organisé et qui bon an mal an depuis bientôt 20 ans vous confère aux diverses élections un certain nombre de suffrages et d’élus ; ceci a l’avantage de nous éviter les dangers de construction une fois au pouvoir et à la hâte d’un appareil politique qui devient alors le plus souvent le promoteur si ce n’est l’accélérateur de l’opportunisme, des transhumances les plus ignobles et de l’antipatriotisme, toutes choses des plus nuisibles à notre pays et au pouvoir qui entre dans ce jeu. Nous ne disons nullement que dans le cas contraire il n’y aura pas d’opportunistes et de transhumants et que les diverses organisations qui sont arrivées au pouvoir ne verront pas leurs effectifs gonflés par l’attrait du gain facile et autres avantages faciles ; mais pour nous c’est un avantage certain de disposer de cette arme avant la prise du pouvoir et surtout d’une arme qui a participé d’une manière ou d’une autre à la vie politique nationale pendant 2 décennies au moins. L’expérience de la RB à ses débuts, celle de l’UBF, celle de l’UMPP, du FRAP, du FCBE etc.… est très illustratif.

3/ La participation à la vie politique nationale de l’intérieur et non le parachutage de l’extérieur à travers les institutions internationales dont surtout les I.F.I vers le pouvoir comme ALASSANE OUATTARA et bien d’autres. Ce mode de prise de pouvoir a des conséquences désastreuses que nous avons voulu éviter à notre pays en 2006 ; nous n’avions pas été écoutés et nous sommes très heureux que ceux qui à cette époque parlaient du banquier qui serait leur poulain et qui amènerait des milliards et des milliards de dollars pour le changement dans le pays nous aient rejoints dans notre refus de ce mode de désignation et vous aient coopté comme leur candidat unique. Nous n’en sommes qu’heureux. Evidemment nous, notre conviction est que les hommes n’apprennent réellement que par l’expérience et c’est tant mieux. Mais nous, nous ne nous faisons aucune illusion sur vos relations avec ces milieux mais ce que nous disons c’est que vous avez construit un appareil politique de l’intérieur, que vous avez participé depuis 20 ans à la lutte politique dans ce pays avec de notre point de vue, certaines prises de positions et certains actes politiques qui n’ont pas reçu notre agrément et que nous avons eu à critiquer en son temps.

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4/La 4ème raison qui est la principale, fondamentale parce que d’ordre politique et qui aurait du être mis en 1ère position est la suivante ; nous vous l’avions déjà signifié en 2001 lors de la rencontre à laquelle nous faisions allusion ci dessus. Il s’agit de la nature de l’Etat National que nous avons hérité de l’indépendance et dont les lacunes et les fissures dans la gestion de notre société font craindre de jour en jour le pire.
En effet les conditions objectives de décomposition de notre société sont telles que cet état risque d’exploser d’une manière ou d’une autre. Le régime du changement a aggravé ce risque par l’inconséquence et l’incohérence de ses actes politiques avec en plus la prime à la corruption, aux détournements des deniers publics et autres prévarications. Mais en l’absence d’éléments subjectifs bien organisés, avec des militants avérés, disciplinés, crédibles et réellement implantés capables d’encadrer les masses sur toute l’étendue du territoire national et de les orienter vers la construction d’un véritable Etat Négro africain reposant sur nos valeurs culturelles, répondant réellement aux aspirations profondes des travailleurs et de nos populations et reflétant les réalités de notre pays, cette explosion peut se faire de façon totalement incontrôlée et anarchique et déboucher sur des situations comme au Tchad, en Guinée Bissau en Côte d’Ivoire et dans bien d’autres pays encore avec le cas extrême en Somalie. De nos discussions en 2001 il semble que ce souci était partagé et nous pensons qu’il en est toujours ainsi. Soyons clairs, nous ne sommes absolument pas les défenseurs de l’état néo colonial en place, loin s’en faut ; mais notre inquiétude est de ne pas nous retrouver sur le chemin d’un cycle de violences gratuites sans fin comme le régime actuel du changement semble nous le proposer ; il ne pourrait en être d’ailleurs autrement vu que certains de ses membres y compris des plus importants ont joué aux pyromanes dans des pays voisins telle la Côte d’Ivoire.

5/ Nous ne connaissons pas encore votre programme actuel mais nous sommes persuadés qu’il ne serait pas sensiblement différent de celui de 2006 vu que le régime du changement n’a opéré aucun changement réel ; par contre dans le secteur du bradage du patrimoine national recommandé par le FMI, la Banque Mondiale et autres Institutions Financières Internationales et certains bailleurs de fonds, de même que dans le secteur de la corruption et de l’insécurité, et ceci à tous les niveaux, il y’a eu d’énormes changements qui ont fait totalement régresser le pays. A ce sujet nous nous devons d’être clairs car nous ne nous faisons aucune illusion quant à votre collaboration future avec le FMI, la Banque Mondiale, certaines institutions financières et certains bailleurs de fonds dont l’objectif est de promouvoir l’exploitation de notre pays sans contre partie réelle pour nos travailleurs et nos populations et qui de par leurs programmes font directement ou indirectement la part belle à la corruption. Nos divergences sur ce terrain sont claires mais dans le contexte actuel de décomposition de notre société, de risque de désintégration et d’explosion de l’état national dans tous les sens nous  avons appris à soutenir des candidats dont le programme est totalement opposé au nôtre mais qui font preuve d’un certain patriotisme.
Nous sommes heureux que votre désignation soit le choix de ce grand Parti politique dont a parlé le Président Bruno AMOUSSOU lors de vos dernières assises ; ceci a été relayé par le ministre Théophile MONTCHO lors d’un débat télévisé et appuyé par la Présidente de la Renaissance du Bénin l’honorable Rosine VIEYRA SOGLO.
Nous ne pouvons qu’être très heureux de voir se réaliser dans notre pays ce grand parti qui couvrirait l’ensemble du territoire national même si ce n’est pas notre conception d’un Parti politique. Et nous serions encore très heureux si sincèrement cette fusion de ces diverses entités en un seul parti l’UFN mettait fin à des disputes historiques entre les diverses ethnies qui forment le Bénin, notre pays.
Mais notre joie serait encore plus grande si nous pouvions adhérer à ce grand parti; mais malheureusement l’expérience politique de notre pays et celle acquise depuis le commencement du Renouveau démocratique à travers les différents fronts ou regroupements tel l’UTR, l’ADEMA, le groupe CONVERGENCE, le mouvement GRP, l’UBF regroupement et dernièrement l’UBF parti sans compter l’expérience faite par certains de nos camarades dans la COOPERATIVE UNIVERSITAIRE aux temps du PRPB  exige de nous d’être prudents et de vous apporter notre soutien du dehors. De plus les raisons évoquées par la présidente de la RB telles le pouvoir doit revenir au SUD ne nous semblent pas suffisantes pour le soutien à un candidat. Même si cela vient des tréfonds d’une bonne partie de l’opinion publique nationale, ce que nous comprenons fort bien, nous ne pouvons accepter de nous dissoudre dans ces illusions et dans ces assertions qui font peu cas de l’expérience politique, de la compétence et de bien d’autres qualités qu’il faut exiger d’un homme politique ; et n’oublions pas que le rôle d’un parti politique c’est aussi et surtout l’éducation des masses et la formation des militants pour la construction de la nation. Nous dirons la même chose de la programmation faite pour les diverses candidatures de votre parti l’U.F.N. pour 2016 et après.

Ce sont ces expériences qui fondent notre position à savoir vous soutenir mais de façon indépendante. Nous sommes prêts à entrer dans n’importe quel comité de soutien de votre candidature mais en tant que PTD/PTA.
Voilà notre position face aux enjeux actuels. Nous sommes fidèles dans nos engagements, mais aussi, nous ne nous faisons aucune illusion. Nous tenons à vous le faire savoir et vous prions de trouver ici nos salutations les plus respectueuses.

Pour la Direction du PTD/PTA.
Le Secrétaire Général.

Armand Nestor ELISHA
PARTI POUR LE TRAVAIL ET LA DEMOCRATIE
(PTD / PTA)
03 B.P.03 4158 
Cotonou.  Tél. : 97 26 37 20

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