Imaginez un concours de recrutement de cadres , tel que la fonction publique en organise souvent dans le double souci de renforcer les capacités de l’administration et de pourvoir au remplacement des cadres progressivement « appelés à faire valoir leurs droits à la retraite », selon l’expression consacrée.
La procédure est quasi immuable : l’appel à candidatures est lancé, on y précise la liste des pièces à fournir et la date limite de dépôt des dossiers . Une commission se réunit pour étudier l’ensemble des dossiers de candidatures pour ne retenir que ceux qui répondent aux termes de référence de l’appel à candidatures, en rejetant en bonne et due forme les autres. Ne sont donc habilités à concourir que les candidats retenus selon les critères prédéfinis. C’est ainsi que les choses se passent d’ordinaire et il n’y a véritablement rien de nouveau sous … le soleil des concours au Bénin. SAUF, si des gens ont des intérêts particuliers à défendre. Alors ? On tord le cou aux textes en changeant les procédures : Imaginez qu’une autorité « en haut de en haut » ait un frère, un cousin, une nièce , une cousine ou une simple connaissance qui n’a pu déposer le dossier à temps pour une raison ou pour une autre. Elle fait d’autorité proroger la date de dépôt des dossiers ou bien fait le forcing nécessaire pour faire admettre des dossiers préalablement rejetés.
Eh Bien ! C’est exactement ce qui s’est passé dans le cas du concours d’administrateurs de projets évoqué dans notre édition d’hier et qui a valu aussitôt une sortie télévisée fort opportune du professeur Fulbert Géro Amoussouga sur une chaîne de télévision dans la même matinée d’hier. C’est que le professeur Fulbert Géro Amoussouga a fortement intérêt à ce que les choses se passent autrement. Il dirige une école doctorale dont il ne dit lui-même que du bien, une école qui forme en un an des administrateurs de projets depuis bientôt six ans. La même formation est donnée à l’Enam pour l’obtention du même diplôme : le DESS en administration de projets. Son école et l’Enam ont formé des générations d’administrateurs dont certains ont pu s’insérer dans l’administration. Le concours a été lancé le 03 juin et la date butoir de dépôt de dossier a été impérativement fixée au 17 juin Le concours vise à recruter trente (30) cadres. Une aubaine pour les apprenants de l’Ecole doctorale du professeur Fulbert Géro Amoussouga. Car c e n’est pas tous les jours que l’Etat, premier bénéficiaire de cette formation bien ciblée recrute des administrateurs de projets. Une aubaine aussi pour le professeur Amoussouga qui nous a longuement reçu dans ses locaux de l’école doctorale dans la journée d’avant-hier et qui peut se targuer de donner une formation qui débouche directement sur un emploi. Seulement voilà ! Les étudiants en fin de formation, une vingtaine, n’ont pas encore achevé leur formation à la date de dépôt des dossiers de candidatures. S’ils ont pour la plupart réussi à leur examen de fin de formation et déposé leur mémoire, ils ne l’ont pas encore formellement soutenu. Qu’à cela ne tienne ! Le professeur alors en voyage fait délivrer par le coordonnateur de la formation une attestation dite provisoire dans laquelle, il est précisé que le candidat n’a pas encore soutenu son mémoire. La commission chargée d’étudier les dossiers rejette naturellement les quinze dossiers pour non respect du critère de diplôme requis. Qu’à cela ne tienne encore ! Le professeur rentre dare dare de voyage et organise au forceps les soutenances. On délivre des attestations dans la journée d’hier même. Quelle célérité ! Quid des nécessaires corrections à insérer dans les mémoires avant la délivrance des attestations comme la coutume universitaire l’a institué ? L a suite est connue (voir ci- contre). Mission accomplie, professeur Amoussouga ! Vos quinze étudiants ont été retenus pour subir le concours, comme vous et leurs parrains tapis dans l’ombre des lambris dorés de l’ancien et du nouveau palais de la Marina l’ont voulu.
Vos intérêts coïncident étrangement : eux ont réussi à pousser leurs poulains et vous avez pu placer vos apprenants dont vous dites qu’ils ont reçu la meilleure formation de la place (les responsables de l’Enam apprécieront vos remarques à leur juste valeur !) et vous pouvez d’ores et déjà lancer la formation pour de futurs apprenants l’année prochaine avec la ferme assurance qu’ils trouveront toujours un emploi pour que vive l’Ecole doctorale du professeur Fulbert Géro Amoussouga !
V . F .
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