Yayi jette les mouvanciers du Zou en pâture à l’Un

Le feu couve sous le cendre de la famille mouvancière dans le Zou. Les petites frustrations d’hier  se sont transformées en des éléments de dissidence réelle, les mésententes en des affrontements. A Abomey et partout ailleurs dans le Zou, La déchirure est totale, l’amertume sur tous les visages.  La nomination de Martial Souton qui devait permettre de sauver les meubles  en rajoute à la crise. Et pour cause…

La déception est grande dans la mouvance présidentielle du Zou. Depuis quelques jours, cadres désabusés et militants déçus ruminent la faillite politique subie depuis 2006. « Nous n’avons rien gagné avec Yayi, au contraire on y a laissé des plûmes », ont laissé entendre plusieurs personnes. Un autre va plus loin et fait même le bilan : «Qui parmi nous a trouvé son compte ? On nous a tous donné des postes où il n’y a rien à se mettre sous les dents », déclare un autre. Elle s’apparente à une véritable jungle. Chacun  court pour sa pitance et sa survie politique. La maison commune qui est le la majorité présidentielle peut être bradée. Qu’importe le prix. Mais si on en est arrivé à cette extrémité, c’est bien parce que le Chef de l’Etat le président Boni Yayi n’a pas su faire des choix responsables dans cette région du pays, pourtant stratégique pour l’enracinement et la pérennisation de son pouvoir. C’est du moins ce qui ressort des confidences  faites par des barrons de la majorité originaire du Zou. « Yayi a tout cassé de sa propre main », fulmine un éminent membre des Fcbe. En effet, la déconfiture politique observée dans le plateau d’Abomey  aujourd’hui n’est que le résultat de la politique de « diviser pour règner » dont Yayi s’est fait le chantre depuis 2006 où il a pris le pouvoir.  En nommant Aké Natondé ministre de l’enseignement technique et secondaire, il a provoqué la cristallisation de la tension politique dans la région d’Agonlin.  Pourquoi ? D’abord, il amène Janvier Yahouédéhou à radicaliser sa position avec le pouvoir alors que jusque là il n’a pas encore dit qu’il a quitté la mouvance. Tout ceci va forcément fragiliser la mouvance.  Yayi doit également faire face au mécontentement des fils des communes de Zangnanado et Ouinhi, les deux autres communes d’Agonlin, qui fustigent le fait que le président Boni Yayi n’ait jamais nommé un des leurs comme ministre. Tenez, le seul ministre et le seul député d’Agonlin sont tous deux de Covè. Enfin, il y a l’équation Roger Dovonou, ancien ministre de l’agriculture du président Yayi qui reproche aujourd’hui au ministre Aké Natondé d’avoir conspiré contre lui pour le faire sortir du gouvernement. Dans ces conditions, c’est Janvier Yahouédéhou mais aussi l’Union fait la nation (Un) qui se trouve renforcés dans leurs bases.
Mais loin d’Agonlin, c’est à Za Kpota qu’il y a la plus grosse frustration. Dans cette commune, les dividendes du soutien politique à Yayi sont  absents. Pas de cadres nommés, pas d’infrastructures construites. Le dernier remaniement ministériel a confirmé l’oubli de cette commune. « Nos populations de notre commune nous ont demandé de tourner le dos à Yayi car ils sont tous déçus et moi je ne sais comment on pourra les faire revenir à la raison », déclare tout furieux un cadre de Za Kpota.

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Souton, l’autre élément de frustration

Si le limogeage du ministre Armand Zinzindohoué a  réjoui beaucoup les populations du plateau d’Abomey, il  n’en demeure pas moins qu’elles fustigent la façon dont il a été  arrêté. Au delà même de l’arrestation beaucoup voient aussi la réclusion politique dans le Plateau d’Abomey qui n’a plus aucun fils dans le gouvernement après le remerciement du ministre Joseph Ahanhanzo lors du dernier remaniement. Seulement, en voulant réparer cette faille, Yayi a encore commis la maladresse de nommer quelqu’un qui ne pourra l’aider à régler aucun problème. Très peu connu au sein de la population et même dans  le sérail des Fcbe, la nomination de Martial Souton comme ministre de l’intérieur renforce la frustration au sein de ce parti. « C’est parce qu’il est de son église qu’il l’a nommé », confie un cadre de Bohicon.

En effet, Souton ne peut en rien ramener la paix et la cohésion dans la famille Fcbe du Zou. Suppléant de l’honorable Eloi Aho, il passe pour un homme peu influent sans grande expérience avérée, très dépendant politiquement d’Aho. On ne retrouve pas non plus en lui des qualités de diplomate  capable d’aider à aplanir les divergences. Aho, quant à lui se frotte les mains. Yayi lui a facilité la tâche, nous confie un de ses proches. Aujourd’hui la mouvance du Zou est en lambeau. Désespéré, le troupeau court vers l’Un où il semble trouver le foin et la sécurité.

Marcel  Zoumènou

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