Ambiance mitigée à Porto-Novo

 Porto-Novo accueille la célébration du  cinquantenaire  ce dimanche 1er août 2010 dans une ambiance qui varie d’un endroit à un autre, d’un habitant à un autre. L’engouement populaire attendu est encore peu  perceptible  dans l’ensemble de la ville, même si certains habitants  ne cachent plus leur grande joie de vivre  cet évènement inédit. 

 Déjà à l’entrée de la ville, en quittant Cotonou, tout annonce que  la fêté en préparation sera grandiose. Tout le long du pont et  à une bonne centaine de mètres à l’intérieur, des drapeaux aux couleurs nationales  et à  celles de la mairie de Porto-Novo trônent au-dessus de tout.   Ce vendredi 30 juillet dans  la matinée,  le balayage de plusieurs artères se fait avec  beaucoup plus d’ardeur. Les balayeuses sont des femmes âgées pour la plupart, toutes vêtues de blouse bleue à l’effigie de la mairie. Elles semblent toutes très heureuses. «Même si on ne nous paye rien cette fois-ci, nous n’allons pas ronchonner car la fête qui s’annonce est pour nous tous, et chacun doit y jouer sa partition » lâche, dame Adjou B., la soixantaine. La force avec laquelle elle balaie trahit son maigre corps et son âge avancé. Elles sont près d’une  centaine déployées partout dans la ville comme ces élèves policiers, uniforme bleue également, chemise, culotte et casquettes, régulant inlassablement  la circulation. Ils sont plus nombreux sur  les grands  carrefours et se montrent impardonnables envers  les usagers indélicats. « Je ne reconnais plus depuis quelques jours Porto-Novo, ma ville. Quel dispositif sécuritaire ! » constate ébloui, un sage  résidant au  quartier  Avakpa.
 La fête alimente toutes les conversations dans la ville. Chacun y va selon ses appréhensions. «  Porto-Novo m’impressionne beaucoup  ces derniers jours » constate  Donné Agbokou, élève en classe de terminale G2. Il vient  d’acheter l’un de ses nombreux petits drapeaux que des vendeurs ambulants  proposent partout dans la ville. Il le brandit,  accompagné d’un cri de joie : «Porto-Novo Hoéé !! Porto-Novo Hoéé ». Deux conducteurs de  taxi-moto de passage lui font de grands signes  de main et filent aussitôt vers d’autres destinations.   Leurs deux motos sont parées devant comme derrière de ces petits fameux drapeaux. Tout  le monde s’en est approprié presque dans la ville.  Ils sont accrochés aux toits des salons de coiffure, des hangars, des étalages……
Il y a  aussi des frustrés comme Jean-Eudes,  démarcheur, résidant  à Tokpota.  Il se désole du niveau d’évolution des chantiers ouverts  dans le cadre de cette célébration. « Comment comprendre qu’à deux jours de la ville on en sot encore là » fustige-t-il,  indiquant notamment le boulevard lagunaire dont les travaux sont encore loin de s’achever. Sur le chantier,  des bétonneuses et autres machines déployées vrombissent toujours.  Les ouvriers n’ont plus le temps de placer un seul mot. Le temps presse. Sauf  celui-ci qui parle sous anonymat. « Nous  nous sommes beaucoup reposés pendant des jours sur ce chantier et c’est maintenant qu’on nous demande d’aller vite » boude-t-il. Plusieurs  places publiques qui devraient être rénovées connaissent la même situation.  En dehors de la Place des monuments aux morts, complètement réhabilitée, tout le reste  affiche un goût d’inachevé qui irrite davantage la colère dans la ville comme cette commerçante du marché Wando. «  C’est  malheureux et cela fait honte qu’on  ne puisse pas terminer ces travaux à temps afin d’offrir une belle image à Porto-Novo » regrette-t-elle avec amertume.

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Reste qu’il y a  d’autres endroits de la ville qui sèment la joie dans des cœurs. Entre autres,  la préfecture de Porto-Novo où une salle de conseil des ministres flambant neuf et hyper équipée suscite tous les regards, de même que les locaux de la résidence du préfet entièrement réfectionnés. La villa présidentielle construite  et autres infrastructures érigées   ne passent pas non plus inaperçues dans une Porto-Novo qui s’offre au monde entier  ce grand dimanche.

Christian Tchanou

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