Cinquantenaire de l'indépendance: Message à la Nation du Président de la République

Béninoises, Béninois,Chers compatriotes,
Demain, 1er août 2010, la ville de Porto-Novo, capitale politique de notre cher et beau pays, d’où nous vous passons ce message, au pied du monument aux morts, symbole de la proclamation de notre indépendance, accueillera les manifestations officielles prévues pour la célébration du cinquantenaire de l’accession de notre peuple à la souveraineté internationale.

La célébration de la fête nationale cette année est chargée de souvenirs et de beaucoup d’émotions. Comment ne pas saluer avec déférence la mémoire des pères fondateurs de notre jeune République, notamment les anciens Présidents Hubert MAGA, Sourou MIGAN APITHY, Justin Tomètin AHOMADEGBE. Il convient également de rendre hommage à toute l’intelligentsia béninoise, aux hommes et femmes de divers horizons, conditions  et âges qui, avec les moyens qui ont été les leurs, ont lutté,  parfois au prix du sacrifice suprême, pour arracher notre liberté et tourner le dos au colonialisme.
1er août 1960 – 1er août 2010 : que d’épreuves, que d’espoirs au cours de cette période de cinquante ans. Je voudrais à ce titre, avec vous tous, rendre gloire à Dieu, le Père Tout-Puissant, pour toutes ses œuvres innombrables à l’endroit de notre nation et de notre peuple souverain.
A vous tous, mes très chers compatriotes, je vous adresse mes vœux les plus chaleureux de bonne fête de l’indépendance.
A tous nos compatriotes éprouvés dans les hôpitaux ou à domicile en famille, je forme des vœux de prompt rétablissement et de robuste santé.
Je voudrais également souhaiter une bonne fête de l’indépendance aux Béninois de la diaspora, hors du territoire national, mais dont les pensées convergent inexorablement vers notre chère patrie en ce moment solennel de notre histoire. Je voudrais saluer particulièrement leur contribution de plus en plus active au développement de notre commune patrie.

Béninoises, Béninois,
Chers compatriotes,

Le peuple béninois est un grand peuple, riche de diversités saisissantes et de complémentarités porteuses. Ce peuple a réalisé de grandes choses dans le passé et dans tous les espaces de sa complexe réalité.  Il peut en réaliser de plus grandes encore.  Chacun doit se convaincre que l’histoire se poursuit et qu’il nous reste de vastes champs à explorer, des victoires importantes à remporter. Nous n’y parviendrons que si nous restons unis, solidaires, conscients d’être liés, les uns et les autres, à un même destin.
Je voudrais rendre un hommage respectueux à mes illustres prédécesseurs, les Présidents Emile Derlin ZINSOU, Mathieu KEREKOU et Nicéphore Dieudonné SOGLO pour leur dévouement au service de notre commune patrie, le Bénin. Je leur exprime toute mon affection en cette date commémorative du cinquantenaire de  l’indépendance de notre pays. Que Dieu Tout-puissant accorde à nos trois derniers Présidents une robuste santé et une longue vie pour qu’ils continuent de nous éclairer de leurs riches expériences et de leurs précieux conseils.

Béninoises, Béninois,
Mes chers compatriotes,

La date du 1er août 2010, date de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, doit être pour nous tous à la fois un moment d’introspection et de réflexion prospective.
Je voudrais à cet égard mettre l’accent sur quelques faits marquants qui nous permettent de revivre le Bénin d’hier, d’apprécier sa situation aujourd’hui et de tracer le chemin pour demain.
Notre pays a parcouru beaucoup de chemin, en cinquante ans, au plan de la gouvernance politique, domaine dans lequel il s’est sans doute le plus illustré pour avoir fait toutes les expériences de multipartisme, de régimes militaires, de parti unique et de démocratie pluraliste. L’instabilité politique au lendemain de l’indépendance a inspiré d’aucuns à qualifier notre pays d’enfant malade de l’Afrique.
Trente ans après notre accession à la souveraineté internationale, nous avons réussi à inverser la situation depuis l’historique conférence nationale des forces vives de février 1990, ce qui vaut à notre pays d’être cité, sans fausse modestie, comme l’un des modèles de démocratie en Afrique. Nous devons cette prouesse au génie de notre peuple, dont nous pouvons être fiers et qui sait si bien transcender les difficultés et faire face à son destin quand les circonstances l’exigent.
A l’heure du bilan, point n’est besoin de remettre à plus tard ce que nous pouvons corriger aujourd’hui pour progresser et raffermir notre route vers un futur radieux. C’est à cela que mon gouvernement s’emploie, avec les propositions de révision de la loi fondamentale déjà soumises à la Représentation Nationale, sans cependant rien modifier aux articles 42 et 44 relatifs à la limitation du nombre de mandats présidentiels et à la limitation de l’âge des candidats. De même, après quelques expériences d’organisation des élections par la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), l’heure est certainement venue d’en faire une institution constitutionnelle indépendante en vue d’améliorer sa composition, son fonctionnement et son mode de gestion. C’est sans doute le gage de la crédibilité de nos consultations électorales et partant, de la paix sociale.
Dans ce contexte, la LEPI apparait comme une nécessité qui renforcera avec la CENA notre système électoral. J’adresse ma gratitude à tous mes concitoyens qui ont adhéré au processus en participant activement aux différentes étapes en vue de l’établissement de cette liste.
Je les exhorte à se rendre disponibles pour la suite des opérations devant nous conduire aux prochaines consultations électorales. De même, la sauvegarde de notre démocratie passe par un consensus des forces politiques autour de la question de l’animation de la vie politique nationale. Or, force est de constater aujourd’hui que près de cent cinquante partis partagent le paysage politique national, ce qui crée des difficultés et des entraves pour le bon fonctionnement de nos institutions républicaines.
Ces entraves ont pour noms, l’absence de projet de société, des pratiques partisanes malsaines, l’émiettement de la classe politique, la fragilisation de l’unité nationale, la haine, le rejet de l’autre, l’ethnocentrisme, le régionalisme et j’en passe.
C’est pourquoi, mon Gouvernement se propose d’initier prochainement des journées de réflexion avec les forces politiques et sociales de notre pays afin d’élaborer une nouvelle charte des partis politiques pour notre Nation dans l’esprit de notre conférence nationale qui préserve l’unité nationale dans la constitution et le regroupement des formations  politiques.
L’animation de la vie politique par les partis ne saurait se faire en excluant une catégorie importante de notre peuple que constituent les femmes dont la contribution aux efforts de construction nationale et au processus de développement est unanimement saluée.
C’est pour cette raison que mon Gouvernement, après vingt ans de démocratie pluraliste, va bientôt saisir l’Assemblée Nationale d’un projet de loi portant institution du principe de parité dans les mécanismes de désignation des candidats aux différentes élections et à la gestion des affaires de notre commune cité.

Mes chers compatriotes,

Pour être viable et contribuer au mieux-être des populations béninoises, l’indépendance politique doit être nécessairement consolidée par la souveraineté économique. Et dans ce domaine, nous avons encore des efforts importants à fournir, malgré les progrès significatifs réalisés en cinquante ans d’indépendance.
En effet, certains pays de l’Asie qui avaient le même niveau de revenu par habitant que le nôtre, à l’indépendance en 1960, ont plus vite progressé que nous au plan économique. De ce fait, notre vrai combat se pose aujourd’hui fondamentalement en termes économiques, notamment sur le front du développement économique et social.
Nous devons impérativement relever ce défi car l’état des lieux de notre économie fait ressortir de nombreuses insuffisances quant à la satisfaction des besoins fondamentaux de nos populations.
Que retenir donc en cinquante ans de notre parcours au plan économique et social ?
Dans l’agriculture, les principaux produits de rente qui ont rapporté des devises à notre pays ont varié en fonction des besoins du marché mondial. Il en est ainsi du palmier à huile et de l’arachide dans les premières années de l’indépendance ; du coton, de l’ananas et de l’anacarde depuis une trentaine d’années. La diversification agricole s’impose à cet égard aujourd’hui pour conquérir les marchés extérieurs et garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle nationale.
Cette diversification suppose des pré-requis, notamment la mécanisation agricole, l’aménagement des vallées et bas-fonds, la maîtrise de l’eau, la disponibilité des intrants, l’accès aux pistes rurales, l’organisation des marchés, le financement agricole ; en d’autres termes, il s’agit de construire un tissu de filières dont chacune d’elle peut faire le bonheur de notre peuple à l’instar des grandes puissances agricoles, et ce, dans le cadre d’un partenariat secteur public – secteur privé.
L’industrialisation, embryonnaire au lendemain de l’indépendance, le demeure toujours. La faiblesse du tissu industriel recommande donc que les activités industrielles soient orientées en priorité vers la conservation et la transformation des produits agricoles et du sous-sol de sorte à créer des emplois pour notre jeunesse, à distribuer des revenus aux producteurs, et à améliorer notre balance commerciale.
Notre pays, par sa position géographique, a une vocation naturelle au service et au transit pour les pays de l’hinterland. Mon gouvernement en est conscient et travaille  depuis 2006 à faire du Bénin un hub sous-régional. Cet objectif peut être atteint puisque le trafic de marchandises au port de Cotonou est passé de près de 350.000 tonnes dans les années soixante à plus de neuf millions de tonnes en 2010.
C’est pourquoi, mon Gouvernement est déterminé à poursuivre les réformes engagées en partenariat avec le Millenium Challenge Account afin de rendre performantes et compétitives nos infrastructures portuaires.
Le réseau routier, dont le renforcement est nécessaire au développement de l’économie de transit, continue de se développer : entre 2006 et 2010, 312 km de voies bitumées et 618 km de voies en terre ont été construites et/ou mises en gabarit, faisant passer le réseau de voies bitumées à plus de 1838 km et celui des routes en terre à plus de 4238 km en 2010.

Mes chers compatriotes,

L’énergie, facteur déterminant de production, est au cœur de nos préoccupations au quotidien.
J’ai encore présent à l’esprit les désagréments économiques et domestiques que la crise énergétique nous a causés et continue de nous causer. La disponibilité en énergie est un défi que notre Nation doit relever au cours des prochaines années.
C’est dans cette perspective que mon gouvernement a entrepris des actions pour renforcer la disponibilité en énergie avec le raccordement à la National Electric Power Authority (NEPA) du Nigeria, la construction de nouvelles lignes électriques avec l’interconnexion Nord Bénin-Nord Togo et la construction d’une centrale de quatre vingt mégawatts à Maria Gleta, dans la commune d’Abomey-Calavi.
Actuellement, des projets d’électrification sont en cours aussi bien sur le financement du budget national qu’avec l’appui de nos partenaires du secteur ; il s’agit notamment de l’électrification des dix derniers chefs-lieux de communes non encore couverts, l’électrification des chefs-lieux d’arrondissements, le raccordement au réseau électrique de plusieurs villages sur toute l’étendue du territoire national. Avec ces  différents travaux réalisés au cours des quatre dernières années, le taux d’électrification est passé de moins de 7 % en 1960 à près de 27 % en 2010.
Au-delà du Bénin, c’est à l’échelon sous-régional qu’il convient d’envisager une solution durable. C’est pourquoi la CEDEAO a pris des initiatives visant à améliorer la production et la distribution de l’énergie dans notre espace communautaire.
Dans cette perspective, notre pays doit s’engager résolument dans la voie de la diversification des sources d’énergie notamment les énergies renouvelables telles que le biocarburant, la biomasse, l’énergie éolienne et solaire.
La question de l’énergie n’a pas occulté celle, non moins stratégique, des télécommunications. Le secteur des télécommunications constitue en effet un maillon important des facteurs de production et des avantages comparatifs qu’offre notre pays. Après avoir pris des mesures pour assainir le secteur de l’attribution des licences des opérateurs de téléphonie mobile GSM et assurer le contrôle sur le trafic notamment vers l’étranger, mon gouvernement s’emploie à restructurer complètement Bénin Télécoms SA et à mettre fin à la vente sans contrôle des produits GSM ainsi qu’à mieux organiser le secteur à des coûts compétitifs en faveur des consommateurs et des entreprises.

Béninoises, Béninois
Mes chers compatriotes,

Avec les gouvernements successifs, des progrès remarquables ont été obtenus dans le secteur de l’enseignement. A ce sujet, au niveau de la maternelle et du primaire, bases du système éducatif de notre pays, les différentes réformes enregistrées au cours des cinquante dernières années ont eu pour finalité d’adapter l’école aux réalités contemporaines et de donner au citoyen de notre pays une formation solide.
Mon gouvernement, prenant la mesure de ce que l’avenir de notre pays dépend de son système éducatif, a décidé de la gratuité de l’enseignement public maternel et primaire. D’importants moyens ont été consacrés au recrutement d’enseignants, à l’amélioration et à la construction d’infrastructures scolaires de même qu’à la formation des formateurs. Ainsi, près de 30.000 agents contractuels de l’Etat ont été recrutés dans la Fonction Publique, mettant ainsi fin à leur situation de précarité. Par ailleurs, 1.458 enseignants APE ont été recrutés, portant le nombre total d’enseignants recrutés entre 2006 et 2010 au niveau de la maternelle et du primaire à 31.458. Avec l’appui de nos partenaires de ce secteur, plus de 4.000 salles de classes ont été construites et/ou réhabilitées. Trois Ecoles Normales Intégrées ont été créées dans la même période pour assurer la formation continue des formateurs.
Pour ce qui est de l’enseignement secondaire, son évolution est remarquable à travers la répartition de 563 collèges sur l’ensemble du territoire national pour 564.000 apprenants.
 
S’agissant de l’enseignement supérieur, l’effectif des étudiants est en constante progression. Cet effectif est passé de 350 étudiants en 1970, lors de la création de l’Université du Dahomey, à 82.750 étudiants en 2010, répartis entre l’Université d’Abomey-Calavi et l’Université de Parakou.
Après cinquante ans d’indépendance, notre pays compte donc deux universités et trois nouveaux centres universitaires publics, sans compter de nombreux établissements supérieurs privés. La formation des formateurs, gage d’un enseignement de qualité, constitue une préoccupation majeure et nos enseignants du supérieur font honneur à notre pays par la qualité des enseignements dispensés ainsi que leurs succès réguliers aux concours du CAMES.
L’effectif des enseignants des trois ordres est d’environ 53 000 en 2010 contre 23 000 en 2006 sur un effectif global de 80 000 agents que compte la Fonction Publique de notre pays. En effet, bien que nos ressources soient limitées, nous avons consacré d’importants investissements à ce secteur pour relever les défis du 21è siècle, siècle par excellence du savoir et de la connaissance.

Mes chers compatriotes,

Le secteur de la santé de notre pays a également connu des progrès notables en cinquante ans d’indépendance. La lutte contre les principales maladies endémiques a été payante et se poursuit de nos jours avec des stratégies à l’échelle de la sous région. L’espérance de vie s’est améliorée et est passée de 41 ans en 1960 à 61 ans en 2010.
Ces progrès sont dus à une meilleure organisation du système sanitaire avec l’adoption d’une carte sanitaire qui prend en compte la dimension spatiale du développement. La pyramide sanitaire contribue en effet à assurer une meilleure prise en charge des patients depuis le niveau du village jusqu’au niveau hospitalier. Des initiatives sont en cours pour instaurer dans notre pays un régime d’assurance-maladie en faveur des couches les plus défavorisées notamment les personnes du troisième âge. 
Malgré ces progrès enregistrés par les gouvernements successifs dans divers secteurs importants et dont nous pouvons légitimement nous réjouir, force est de reconnaître que beaucoup de chemin reste à parcourir.
Comme je l’ai dit à plusieurs occasions, la pauvreté est notre seul ennemi commun. Voilà pourquoi mon gouvernement, à travers le Programme de Micro Crédit aux Plus Pauvres, est décidé à y faire face résolument. Grâce à ce programme, plus de 600.000 femmes ont bénéficié de micro crédits, pour un montant total de trente cinq milliards de FCFA, y compris le système de revolving. De même, le gouvernement a engagé la résolution du problème du chômage des jeunes à travers plusieurs initiatives qui ont besoin d’être améliorées.

Béninoises, Béninois,
Mes Chers compatriotes
,

C’est dès maintenant qu’il faudra affronter les défis du monde moderne, baliser le terrain pour qu’à l’avènement des cinquante  prochaines années, l’Afrique et le Bénin ne soient plus en train de chercher les voies du développement mais que les pays africains sans exclusive, trouvent enfin le chemin de la prospérité partagée où la faim, la pauvreté et les souffrances inutiles seront de lointains souvenirs.
Cette réflexion, nous devons la poursuivre au-delà et en droite ligne des études nationales de perspectives à long terme Bénin Alafia  2025,  de façon à doter notre peuple d’une vision claire pour les cinquante  prochaines années.
Un certain nombre d’initiatives à l’échelle internationale sont prises dans le cadre de cet anniversaire. En début de semaine, s’est ouvert à Cotonou, sous les auspices du Conseil Economique et Social, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), un colloque international sur « Cinquante ans d’indépendance  et problématique de la prospérité au Bénin».
Nous nous proposons d’aller plus loin encore en novembre avec la tenue à Cotonou, du symposium international sur le thème :   « L’Audace, unique défi pour une Afrique nouvelle ». Des personnalités en provenance de tous les continents et en particulier d’Afrique, hommes et femmes du monde  scientifique, de l’univers des opérateurs économiques, de la société civile, des syndicats et communautés de base ainsi que des responsables politiques de premier plan et des chefs d’organisations régionales et internationales  prendront part à ce  forum exceptionnel de vérité et d’espérance.

Mes chers compatriotes,

Le cinquantenaire de l’indépendance de notre cher pays n’est pas une fin en soi. Il doit être considéré comme une étape vers de nouveaux horizons. A ce titre, la prise en compte des préoccupations actuelles ne doit pas occulter la place à conférer à la réflexion prospective pour amorcer les cinquante prochaines années avec foi, perspicacité, confiance, détermination et amour de la patrie. L’avenir de notre nation commune, pour laquelle nous nourrissons de légitimes ambitions, est à ce prix.
Le premier cinquantenaire de l’indépendance de notre pays ayant été marqué par «plus de politique et moins de développement», nous devons identifier les repères cardinaux susceptibles de constituer les principaux socles de l’action publique au cours du prochain cinquantenaire qui doit être caractérisé par «plus de développement et moins de politique».
C’est pourquoi, nous devons, tous ensemble, dans un dialogue politique et social fédérateur, définir et asseoir avec esprit de responsabilité, les fondations inébranlables d’une réforme impérative des mentalités, pour un changement qualitatif de nos comportements, pour un réarmement moral, mental et sociétal. Chaque Béninoise et chaque Béninois doit se rendre à l’évidence que seuls la sacralisation du travail, l’amour de la patrie et le don de soi, de même que le respect de la devise de notre pays et des symboles de la République permettront de construire durablement la Maison Bénin pour les cinquante ans à venir.
Ainsi, pénétrés des valeurs de la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation de février 1990, des vertus de la démocratie, de la bonne gouvernance et du service public qui s’inscrivent bien dans cette perspective nouvelle, épris des valeurs de justice, de paix et de solidarité, nous pourrons refonder avec foi, la République et la Nation béninoise.
Cette refondation que j’appelle de tous mes vœux fera l’objet, le moment venu, d’une large consultation nationale.
L’occasion sera donnée à notre pays de définir de nouvelles orientations de manière consensuelle pour remettre notre Nation sur les rails d’un développement humain responsable, d’une croissance soutenue et d’une nouvelle éthique sociale tout en nous attachant à nos repères fondamentaux et à nos valeurs morales d’avant 1960. Il nous faut donc réintroduire l’instruction civique et la morale dans nos établissements scolaires pour former des citoyens de type nouveau.
Cela nous amène à combattre le rejet de l’autre, le rejet d’une région par une autre, le rejet de l’esprit ethnocentrique et à cultiver l’amour, la fraternité, l’esprit de partage, la tolérance et le patriotisme.
Nous devons donc gouverner autrement et faire la politique autrement dans le sens de la prise en compte des aspirations de notre peuple.

Mes chers compatriotes,

La construction de ce pays de mieux-être, pays libre et prospère, doit être l’œuvre de tous. Chacun, par son engagement patriotique et citoyen, par son ardeur au travail et sa réussite personnelle, peut contribuer de façon décisive à la prospérité et au bien être commun de la Nation.
Voilà pourquoi, il me plaît de rappeler que nous avons choisi de bâtir ensemble le Bénin de demain en comptant sur le développement à la base, sur un secteur privé dynamique et compétitif, sur une administration publique républicaine, moderne et performante, et sur des ressources humaines de qualité.
Ensemble, nous devons donc relever au cours des années à venir, les défis majeurs de l’amélioration de l’environnement des affaires et de la compétitivité de l’économie nationale, de la réalisation des Orientations Stratégiques de Développement et de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement, en vue de l’amélioration des conditions de vie des populations.

Béninoises, Béninois

Je saisis cette heureuse occasion pour rendre à nos vaillantes Forces armées, un hommage mérité. Leur esprit républicain et leur réputation vont au-delà de nos frontières, notamment à travers les missions onusiennes qu’elles accomplissent avec loyauté, courage et efficacité. Au nom de la nation, je salue nos valeureux soldats qui sont tombés, au champ d’honneur, les armes à la main.
A côté de sa mission traditionnelle, mon gouvernement s’est attelé à développer la participation de notre Armée aux tâches de développement. Pour le dévouement et l’ardeur au travail dont elle fait montre aux côtés des populations de nos communes, je lui témoigne la reconnaissance de la Nation toute entière.
Mes chers compatriotes,
Grâce à l’estime dont notre pays jouit auprès de la communauté internationale ainsi qu’aux efforts de notre diplomatie, le Bénin a la réputation d’être un pays de paix. Cette paix, nous devons la cultiver chaque jour. Rien de durable ne se construit sans la quiétude et la sérénité. Même en année électorale ou pré électorale, nous ne devons pas perdre de vue ce capital précieux par lequel nous marquerons notre reconnaissance envers nos aïeux qui ont payé de leur vie notre liberté.
 
La paix  n’est jamais  acquise à l’avance. Elle se construit,  s’entretient et se maintient au quotidien, au prix de maints sacrifices et de concessions mutuelles. Cette paix, il nous la faut impérativement parce qu’il est établi aujourd’hui que les pays qui affichent des performances significatives de développement sont ceux qui bénéficient d’une longue période de paix soutenue par une bonne gouvernance et la crainte de Dieu car aucune Nation ne peut parvenir à son plein épanouissement sans la foi et une quête permanente de Dieu.
Béninoises, Béninois

Mes chers compatriotes,

Depuis quelques mois, plusieurs milliers de nos compatriotes se sont laissé abuser et se sont fait extorquer leurs revenus par des structures dites de collecte et de placement de fonds. Des promesses de rémunération mirobolante leur ont été faites alors que la vraie richesse naît du travail.
Le Gouvernement exprime sa solidarité à l’endroit des concitoyens dupés par cette  gigantesque escroquerie. En attendant les résultats des investigations entreprises par les comités mis en place pour gérer cette crise dans le secteur informel de la finance, j’invite les uns et les autres à la patience.
Ce qui nous arrive aujourd’hui traduit l’absence de l’amour pour l’autre, l’égoïsme et la recherche du gain facile. Nos concitoyens doivent se convaincre de l’idée que le bonheur résulte de la somme de nos efforts, du travail bien fait, de l’honnêteté et de l’intégrité.
Ce qui nous arrive me conforte également dans ma détermination à lutter contre les fléaux que constituent l’impunité et la corruption.

Mes chers compatriotes,

Comme vous en convenez avec moi, une telle tâche ne saurait être l’apanage du Chef de l’Etat seul. Tout au contraire, elle en appelle à l’adhésion populaire de toutes les composantes de notre société tant les blocages sont multiformes et les plus importants sont notamment d’ordre institutionnel.
Même si hier je ne mesurais pas l’ampleur du phénomène et ses implications, aujourd’hui, j’ai beaucoup appris. Je suis plus déterminé que jamais pour mener ce combat salvateur sans lequel notre Nation ne peut parvenir à son bonheur et à sa prospérité.
A cet égard, mon Gouvernement se propose de réactualiser en vue de réintroduire à l’Assemblée Nationale les projets de loi portant respectivement sur l’enrichissement illicite et la lutte contre la corruption.
Béninoises, Béninois,
En votre nom à tous, je réitère ma profonde gratitude à tous les partenaires techniques et financiers et à tous les amis du Bénin qui nous ont accompagnés depuis l’indépendance de notre pays et souhaite les avoir toujours à nos côtés sur le chemin du développement harmonieux et soutenu de notre Nation.
Mes chers compatriotes,
Au moment où je m’adresse à vous, quelques uns de nos compatriotes séjournent dans des maisons d’arrêt réparties sur le territoire national. En ce jour de fête, et en vertu des prérogatives que me confère notre Constitution, j’ai décidé d’accorder la grâce à certains parmi eux qui en remplissent les conditions. Je leur demande par la même occasion d’éviter des comportements déviants qui n’honorent pas notre nation.
Béninoises, Béninois,
Unis dans notre destin commun, continuons à bâtir dans l’amour, la fraternité, la justice et le travail le Bénin d’aujourd’hui et de demain en qui les générations montantes fondent leur légitime espoir. Cet espoir est permis parce que nous sommes sur la bonne voie et parce que nous aimons notre chère nation et travaillons pour sa prospérité.
Compatriotes de tous âges et de toutes obédiences,
Puisse le Père créateur de tous êtres,   Dieu éternel et miséricordieux, vous bénir abondamment, en ce moment exceptionnel de l’histoire nationale. Et que dans vos cœurs renaissent chaque jour l’espérance et l’amour.

Bonne fête de l’indépendance à chacun et à tous !
Vive la République !
Et que Dieu bénisse le Bénin !

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