Les mouvanciers en quête d’une stratégie magique

A près de 7 mois des élections, le président Boni Yayi fait  le rappel de sa troupe. Comme un général, il lui dote le moral avant de l’envoyer au front. Entre apaisement et esprit de conquête, le paradoxe est saisissant, le discours  incisif, le ton ferme montre un président décidé à rempiler en 2011.

Ministres, collaborateurs directs du Chef de l’Etat (conseillers techniques et chargés de mission, députés, préfets, maires, conseillers communaux…c’est tout ce que la mouvance présidentielle a de mieux mais aussi tout l’appareil d’Etat qui s’est réuni samedi dernier au Palais des Congrès de Cotonou. Deux jours après avoir reçu les trois anciens présidents Emile Derlin Zinsou, Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou  où il s’est affiché comme l’apôtre de la paix et de réconciliation, le président Boni Yayi montre un autre visage, celui du président décidé à mener la bataille politique jusqu’au bout. Au lancement de cette grande rencontre politique présidée par le président de l’Assemblée Nationale Mathurin Nago flanqué de l’ancien ministre Alexandre Hountondji, du coordonnateur national  des Fcbe Eugène Azatassou et du président de l’Union de la majorité présidentielle plurielle(Umpp) Grégoire Laourou, le Chef de l’Etat a eu l’occasion de s’adresser longuement à ce qui lui reste comme soutien. Dans un discours magistral de plus de 45 minutes, il a d’abord montré son attachement à sa famille politique. « Je ne vous ai pas oublié(…) merci d’avoir choisi l’espoir et l’espérance », a-t-il déclaré. Il les a invité à s’armer à ne pas se décourager et à se battre jusqu’au bout. « Rien n’est perdu, battez vous pour qu’on soit indivisible. Vous êtes la plus grande formation politique du pays, allez vous accepter l’intoxication », lance-t-il à un auditoire toute ouie. Pour lui, l’intoxication et le mensonge sont des fléaux qui détruisent tout sur leur passage même l’institution qu’incarne le président de la république. Le visage fermé, l’air grave, il demande à la troupe de s’organiser et de se montrer plus présente sur le terrain. « Que chacun occupe sa commune, son terrain. Continuez toujours le combat », a-t-il ajouté.  Le discours présidentiel livre un changement de vision.  Alors qu’on a jusque là entendu parler de « l’émergence économique », Yayi semble changer d’option. Désormais c’est la consolidation de l’unité nationale qui est le nouveau combat. Il invite ses partisans à travailler pour cela ; car pour lui, si en France des partis politiques se disent du sud et se liguent contre d’autres qui se disent du nord, ce pays n’allait jamais se développer. « La vision est claire, c’est la consolidation de l’unité  nationale », a-t-il dit pour conclure. Ce thème a d’ailleurs été plusieurs fois entendu dans ce discours. Dans un style à peine voilé, il a envoyé des pics aux syndicats qu’il a accusé de manquer de conviction, d’être manipulés pour grever et marcher. « J’ai faim, je suis prêt à prendre ce qu’on me donne pour manger », a-t-il ironisé. C’est une bombe qui est lancée. Mais avant de le faire, des précautions ont été prises. La presse était interdite.

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Une présence étrange

Bien que discrète, la présence de l’ancien ministre de l’économie et des finances Soulé Mana Lawani n’est pas passée inaperçue. Cité pour passer devant la Haute cour de justice pour sa mauvaise gestion dans le dossier Cen-sad, le discours de l’entourage présidentiel le présentait comme un de ceux qui ont conduit Boni Yayi dans le pétrin. Il était limogé du gouvernement, écarté de tout. Sa fréquentation était donc pernicieuse. Mais samedi dernier, il était bien là, certainement invité par le comité d’organisation. Pouvait-il être là sans être invité ? Pas si sûr. De quoi réveiller les suspicions et les questionnements. Décidément, le gouvernement n’a pas fini de nous surprendre.   

Marcel Zoumènou

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