Comme il y un an jour pour jour, la présidente de la Dynamique du changement pour un Bénin debout, Célestine Zanou, a donné de la voix. Cette fois-ci, son diagnostic ne s’est pas arrêté au régime du président Boni Yayi. Elle est allée plus loin. C’est le Bénin depuis sa naissance, c’est-à-dire son indépendance jusqu’à nos jours, soit cinquante ans, qu’elle passé au scanner. C’était vendredi 30 juillet dernier au palais des congrès, devant un parterre d’invités, avides d’analyses pointues et rigoureuses
C’est après une invite à deux minutes de concentration à l’intention des trois générations qui animent la scène politique béninoise que Célestine Zanou a entamé le plat de résistance de la conférence débat. Selon elle, les cinquante ans du Bénin peuvent être décomposés en 5 E, à savoir, Espoir, Errance, Egarement, Explication et Epreuve. L’Espoir, c’est ce qui a caractérisé l’accession à l’indépendance jusqu’en 1963, date du premier coup d’Etat au Bénin. Dès lors, l’Errance a commencé avec comme caractéristique une dizaine de coups d’Etat. Cette période qu’on croyait déjà sombre, sera davantage noircie par l’option marxiste léniniste qui a totalement égaré le peuple béninois sur le chemin du développement. C’est la période qu’elle qualifie d’Egarement. Le quatrième E, qui signifie explication, est marqué par la conférence nationale qui a permis à toutes les forces vives de la Nation d’aller à la table du dialogue. D’où le changement de cap en matière d’option politique (démocratie) et économique (libéralisme) en cours depuis 1990. Mais depuis 2006, date qui coïncide avec l’avènement au pouvoir de Boni Yayi, s’est ouverte l’ère de l’Epreuve pour le peuple béninois. Pour étayer ses propos, elle a eu recours aux explications que les dictionnaires Larousse et Robert donnent du mot épreuve. Ce qui la conforte dans sa vision de ce que le président Boni Yayi constitue une tribulation pour les Béninois. La manifestation de cette épreuve n’a malheureusement épargné personne. Qu’il s’agisse de la classe politique, des couches sociales, des femmes avilies par des marches, des garants de la tradition, rois et chefs traditionnels dévoyés, des jeunes toujours bernés, nulle couche n’a été épargnée par les éclaboussures de l’explosion du Docteur, qui s’est vu dépasser par la charge et les attentes du peuple. Face au drame que vivent les Béninois depuis 2006, Mme Célestine Zanou préconise le choix d’hommes et de femmes convaincus de leur mission et de leur devoir de servir tout en étant attachés aux valeurs de leurs racines. Pour elle, l’heure n’est pas à la fête mais à la réflexion. Une opinion qu’a partagée toute l’assistance présente à cette conférence débat. Tous les intervenants à cette séance, n’ont eu d’autres mots que ceux utilisés par la conférencière pour exprimer la douleur du peuple sous le mandat de Boni Yayi. A l’instar de Jean-Claude Hounkponou, vieux routier de la politique nationale, beaucoup d’autres ont exprimé l’urgence que les travaux de Mme Zanou ne soient pas mis au tiroir. Ils souhaitent des rencontres périodiques pour en débattre. Pour d’autres, la solution pour le développement du Bénin reste le départ du pouvoir de Boni Yayi. Mme Anna Cica Adjaï, membre de l’Undp qui a fait entre temps une virée dans le camp, a été l’une des plus amère et radicale.
A haute et intelligible voix avec toutes ses forces, elle s’est interrogée s’il ne fallait pas une solution à la John Jerry Rawlings au Bénin. Basile Ahossi, Coordonateur actuel du G13, a, quant à lui, invité les uns et les autres à prendre les taureaux par les cornes face aux dérives du pouvoir en place. Sinon le gouffre est la seule destination que réserve aux Béninois le président Boni Yayi. Cette sortie de Célestine Zanou, vient une fois encore montrer son opposition à la gestion du pouvoir faite par Boni Yayi.
Benoît Mètonou