Résister ou lâcher, deux options suicidaires pour Yayi

Le Président Boni Yayi a de la guigne. A quelques mois des élections  présidentielles prochaines pour lesquelles il entend rempiler à tout prix, le président Boni Yayi est devenu la risée de tous. Malmené par  les syndicats, l’opposition et surtout des anciens collaborateurs qui veulent sa peau, il l’est aussi par les scandales. Va-t-il résister, accepter de boire le calice jusqu’à la lie ou simplement choisir la voie de l’honneur que lui montre l’opposition en démissionnant ?

Quel étrange destin présidentiel que celui du président Boni Yayi ? Le 06 Avril 2006 à Porto-Novo, comme un messie il proclamait une république nouvelle, celle où « tout ira bien » et où le changement prôné sera une réalité. Requinqué par un plébiscite-75% du suffrage- il avait promis le pain et la paix à tous. Mais quatre ans après,  le beau rêve s’est transformé en cauchemar pour lui et pour des millions de béninois qui ont cru en lui. Spoliés par les structures de placement d’argent, la plupart des béninois doivent payer deux fois plus pour faire face aux factures d’électricité et d’eau, courir à longueur de journée pour trouver du gaz domestique. Le bonheur annoncé s’est plutôt mué en misère. Les scandales explosent presque tous les jours et donnent de la migraine à tous ceux qui ont espéré voir la corruption disparaître définitivement du pays après les professions de foi et la « marche verte » du président. Qu’observe-t-on en récompense ? La flambée du phénomène de la corruption d’Etat avec des surfacturations à gogo, des grés à grés et le copinage dans les passations des marchés publics. Le président se montre débonnaire à l’endroit de ses partisans de la mouvance présidentielle mais intransigeant et persécuteur à l’endroit de ceux qui se disent opposants ou considérés comme tels. Un quarteron de citoyens reconnus comme mouvanciers bon teint ou larbins du pouvoir, tapis dans les lambris dorés  de la Marina soutirent des sommes colossales dans les caisses de l’Etat.  C’est ce système qui commence à étaler ses lacunes avec l’éclatement des nombreux scandales. L’un des tous derniers, l’affaire Icc-services est loin de livrer tous ses secrets. L’opposition qui cherche les voies et moyens pour déstabiliser le pouvoir s’en sert à merveille. Elle y établit la responsabilité personnelle du président de la république et continue actuellement de réunir toutes les preuves pour plonger le président Boni Yayi. Elle est depuis quelques jours aidée par Soulé Mana Lawani,  l’ancien ministre de l’économie et des finances du président Yayi. C’est lui qui apporte de l’eau au moulin de l’opposition et l’aide à trouver tous les arguments et les informations  pour traduire Boni Yayi devant la Haute Cour de justice. Mais d’autres anciens ministres du Chef de l’Etat s’apprêtent aussi à parler. Il s’agirait de l’ancien ministre de l’intérieur Armand Zinzindohoué et celui de la santé Kessilé Tchalla, ami personnel du Chef de l’Etat qui détient des informations très sensibles et qui, selon certaines indiscrétions, préparerait « la bombe qui va finir » Boni Yayi. Chose plus grave, tous ces anciens ministres flirtent ave l’opposition actuelle.

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Quelle porte de sortie pour Yayi ?

Face à ces secousses politiques qui ébranlent la république,  les opposants sont de plus en plus nombreux à demander au président Boni Yayi de jeter le manche après la cognée. Le samedi dernier, lors d’un meeting politique de jeune à Akpakpa, le député Prd  Raphaël Akotègnon déclare : « j’invite le président Boni Yayi à démissionner sinon il sera mis à nu ». C’est d’ailleurs dans cette logique de démission que 48 députés ont décidé de traduire le Chef de l’Etat devant la Haute cour de justice. Seulement, dans l’entourage du Chef de l’Etat cette demande est prise comme une plaisanterie. Voir le président démissionner de lui-même est simplement une hérésie, une chose inimaginable.

Pour beaucoup, c’est un acte de lâcheté que le président Yayi ne va jamais poser. « Il est élu pour cinq et il restera au pouvoir jusqu’au denier jour de son mandat », lance un de ses conseillers techniques. Le samedi 14 Août dernier, les nombreux problèmes n’ont pas empêché Yayi de lancer son équipe sur le terrain. L’objectif est de ratisser large sur le terrain pour lui permettre de rempiler en 2011. Chaque jour entame son capital d’estime et de crédibilité avec l’éclatement de nouveaux scandales.  Yayi s’en moque et s’accroche à son pouvoir, comme à la prunelle de ses yeux.

Marcel Zoumènou

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