Quelqu’un, un être particulier qui en impose, non par ses cheveux blancs car ils ne sont pas forcément signe de sagesse, mais par son aura si forte, si prenante. Une institution qui en impose, non par ses signes extérieurs de richesse ou par la célébrité de ses animateurs, mais par le sérieux de son ministère, sa sagesse.
Un « Agbalagba » comme dirait mon ami et excellent confrère, Expédit Ologou. Voilà sans doute ce qu’il faudrait aujourd’hui, pour essayer de refroidir un peu le climat politique qui prévaut. Il y a deux semaines, j’avertissais que le volcan menace d’entrer en éruption. Je persiste et signe que c’est encore le cas. Je dirais même plus maintenant en affirmant que c’est plus que jamais le cas. Les diatribes, les invectives, sont manifestes. L’on a le sentiment voire la conviction que les camps en présence sont tellement distants l’un de l’autre qu’il ne faut pas attendre pour demain, la veille du jour où ils s’assiéront à la même table, prendront langue et discuteront sereinement. La dernière illustration, c’est encore le boycott par l’opposition, de la rencontre initiée par le superviseur général de la Commission politique de Supervision, à propos de la LEPI, mercredi dernier.
La situation qui a cours au plan politique avec le cortège des affaires ou scandales qui éclaboussent et étouffent le chef de l’Etat et son entourage, au plan socio-économique avec la morosité impressionnante, traduit une surchauffe inquiétante de l’atmosphère. Si le pays était une corde, l’on constaterait aisément sa raideur. Une raideur telle que si une lame, aussi vieille et rouillée qu’elle serait, s’en approchait, elle le couperait en deux sans difficulté aucune. Les acteurs politiques ne se font plus de cadeaux et ne semblent même pas disposés à s’en faire. Ils semblent prêts au pire. Leurs querelles descendent dans le peuple où elles se démultiplient. Nous sommes en crise. Dans pareille situation, au nombre des institutions dont j’ai parlé supra, il y a les confessions religieuses. On leur accorde souvent le crédit de la neutralité. Ce qui les qualifie pour jouer les arbitres. Mieux même que le collège des anciens présidents de la République dont on ne sait pas trop quelles sont les visées personnelles. Nous avions Mgr Isidore de Souza, nous avions le Cardinal Bernardin Gantin. Nous n’avons, apparemment, pas fini de faire leur deuil. En tout cas, depuis leur disparition, nous n’avons pas l’impression que le pays ait généré d’autres fils de leur dimension.
Pour autant, la situation est-elle définitivement compromise ? L’on peut croire que si les choses continuent ainsi et que nous voyons l’année prochaine, l’année électorale, il ne faut pas jurer de ce qui pourrait se passer. Il faut même craindre pour le peuple. Mais comme j’aime à le citer, Thomas Sankara disait que « C’est les tragédies des peuples qui révèlent les grands hommes… ». Il ne faut donc pas exclure que de grands hommes émergent d’ici à là pour nous sortir de situation. D’ailleurs, c’est quand il fait nuit ou sombre que l’on voit les étoiles briller dans le ciel. Il fait sombre au Bénin d’aujourd’hui, ce qui annonce peut-être la nuit. Les étoiles peuvent donc se mettre à briller. Mais il y a étoile et étoile. Il faudra savoir choisir les nôtres. De nouveaux hommes de religion, prêtes, imans, vodounons et autres émergeront-ils ? Pas des responsables de confessions religieuses qui se sont discrédités dans différentes affaires et autres attitudes partisanes. Non, des acteurs religieux à la sagesse avérée, qui sont crédibles et peuvent ainsi en imposer à tous les protagonistes. A défaut, peut-être faudra-t-il un « Agbalagba » d’un genre singulier qui mettra en joue tous les indisciplinés et leur indiquera la porte de sortie de scène afin d’éviter au peuple de partir en errance.
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source: http:/commentvalebenin.over-blog.com)