(Tous les autres scandales mis en veilleuse)
Depuis plusieurs semaines, l’affaire de la disparition d’Urbain Pierre Dangnivo a ravi la vedette à tous les autres scandales qui empoisonnaient jusque-là la vie au président béninois. Ce qui constitue dans une certaine mesure un mieux-aller.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le président Boni Yayi devrait mieux se porter. En effet, depuis plusieurs semaines, seule l’affaire Dangnivo occupe la Une des journaux. Ces derniers en ont fait leurs choux gras. Il n’y a pratiquement plus de publication sans un titre sur le dossier Dangnivo. C’est elle qui rythme la vie des Béninois. Au marché, dans les bureaux, dans les foyers et même les églises et couvents, cette affaire est largement discutée. C’est elle seule qui focalise l’attention des personnalités de tous ordres du Bénin. L’affaire Dangnivo a réussi à mobiliser toutes les forces de l’ordre, l’appareil judiciaire. Les travailleurs et les centrales syndicales ne sont pas du reste. Il est vrai qu’elle perturbe sérieusement la vie des Béninois. Le président de la République, Boni Yayi semble d’ailleurs en être bien affecté. Il est certain qu’actuellement son vœu le plus cher serait que cette affaire connaisse une fin et soit un mauvais souvenir. Il pourrait même souhaiter que cette affaire n’ait jamais existé. Tellement cela lui pourrit la vie. Mais comme le dit ce dicton populaire, « à quelque chose malheur est bon ».
En effet, avant que n’éclate l’affaire Dangnivo, il pesait sur le chef de l’Etat une épée de Damoclès. Au niveau de l’Assemblée nationale, il y avait à son encontre une demande de mise en accusation devant la Haute Cour de justice par un certain nombre de députés. A la base, l’affaire Icc-Services du nom de cette société illégale de placement d’argent. Il en est résulté une vaste escroquerie des populations béninoises sur toute l’étendue du territoire national. Ayant été vu en compagnie des responsables de Icc-Services, étant sur des calendriers aux côtés de ces derniers, étant la vedette sur des étiquettes de liqueurs et figurant dans des tissus imprimés en son honneur, certains élus parlementaires ont estimé qu’il sait certainement quelque chose de cette affaire. L’autre nébuleuse qui empoisonnait la vie du chef de l’Etat est la rocambolesque affaire des machines agricoles achetées dans le cadre de la mise en marche de la révolution verte. Un dossier brandi par un député de la mouvance présidentielle, Janvier Yahouédéou. Pour ce dernier, il s’agit d’un grossier montage de surfacturation et de corruption. L’affaire Cen-sad et les révélations de son ancien ministre des finances, Soulé Mana Lawani constituaient aussi un os dans la gorge du président Boni Yayi.
Autant donc de dossiers qui ont été mis en veilleuse depuis l’apparition de l’affaire Urbain Pierre Dangnivo. Autrement, si le président de la République devrait gérer tous ces sulfureuses affaires en même temps, rien ne présage de ce qu’il pourrait y arriver. Quelque part donc, cette affaire Dangnivo sans toutefois être heureuse, permet au chef de l’Etat de ne pas être éparpillé et croulé sous le poids des autres scandales. Mais ce n’est apparemment qu’un répit. Car, les mois et semaines qui viennent, conduisent inexorablement vers les élections de 2011. En ce moment, c’est certain que tous ces dossiers mis en latence, seront agités.
Benoît Mètonou