Dangnivo: Le gouvernement persiste dans la diversion

Le président Boni Yayi a reçu les syndicalistes et un collège de sages vendredi dernier. Acceptant de rapporter la décision d’interdiction de manifestations au sujet de l’affaire Dangnivo, il invite les syndicalistes à amener les parents du disparu à accepter de coopérer aux tests d’ADN. Toute chose qui semble être dans la droite ligne de l’inconstance qu’il y a autour du dossier.

C’est à croire que c’est un troc. Le président Boni Yayi a accepté de lever la mesure d’interdiction de manifestations publiques en ce qui concerne l’affaire Dangnivo. Mais il veut également des syndicalistes une implication afin que les parents de Pierre Urbain Dangnivo acceptent de se prêter aux prélèvements devant servir aux tests d’ADN. Si tant que le président Boni Yayi savait qu’il pouvait avoir recours aux syndicalistes, pourquoi avoir cherché à les opprimer d’abord. Comment comprendre cette volte-face subite ? Car, s’il est vrai qu’on ne peut affirmer qu’il était au courant de l’arrêté de son ministre de l’intérieur, (encore qu’on peut prévoir ce dont est capable le ministre Martial Sounton) il serait par contre exagéré de dire qu’il n’était pas informé qu’une horde de forces de sécurité déployées pour interdire la marche des militants de la liberté. Pourquoi n’avoir pas cherché à jouer à la carte du dialogue et d’avoir préféré d’bord l’affrontement ? Il y a quelque chose qui cloche. On se souvient également qu’un conseil des ministres a été exclusivement consacré au refus de la famille Dangnivo de se laisser prélever. Les mots utilisés dans le communiqué n’étaient pas des plus tendres à l’endroit des membres de cette famille dont les nerfs sont mis à rudes épreuves depuis deux mois déjà. Cela étant, on comprend mal aujourd’hui l’attitude apaisante du chef de l’Etat à l’endroit de cette même famille contre qui il a levé presque l’épée. Dans le même temps, il y a un minimum d’éclaircissement qu’il convient d’apporter quand même à la famille et au peuple béninois.

Comment comprendre jusqu’à aujourd’hui, qu’on ne sache rien des résultats de l’autopsie sur le corps exhumé à Womey ? Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi unilatéralement de faire venir des médecins légistes étrangers ? Que pense le chef de l’Etat des affirmations indécentes de ses collaborateurs ? Pourquoi ne les a-t-il pas sanctionné lui qui s’était montré intransigeant au début de son mandat ? Le ministre de la justice avait annoncé le jour de l’exhumation du cadavre de Womey que le présumé assassin avait affirmé qu’on lui avait promis une forme sorte somme. Monsieur Akoffodji a d’ailleurs avancé un montant. Si le supposé charlatan a pu fait une telle affirmation, c’est qu’il ne devrait pas avoir de difficulté pour renseigner sur les commanditaires. Autrement, la justice devrait avoir plus de facilité pour avancer dans le dossier. Mais paradoxalement, on a l’impression que l’enquête piétine. Outre les déclarations contradictoires faites par le ministre de la justice et le procureur au début des enquêtes, ainsi que le point fait entre-temps par Grégoire Akoffodji, plus rien n’est dit officiellement sur l’affaire. Où en sont les enquêtes deux mois après la disparition d’Urbain Pierre Dangnivo ? Difficile d’avoir une réponse intelligible !

Georges AKPO

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