En interdisant depuis avant-hier toute manifestation de protestation, dans le dossier Dangnivo, le gouvernement prend une mesure qui n’arrange en rien la gestion qu’il en fait depuis des semaines. Bien au contraire…
Le gouvernement du Docteur Boni Yayi interdit désormais toute manifestation de protestation dans le dossier de Pierre Urbain Dangnivo, cadre du ministère des finances, dont la disparition, il y a plus d’un mois déjà, continue de faire des vagues. La nouvelle a été relayée dans la presse ce mardi, et porte la signature du ministre de l’intérieur, qui menace de sanctionner tout récidiviste. En ces moments où un flou artistique continue d’entourer la récente découverte du présumé cadavre de Dangnivo, cette décision tombe mal. Elle tend à priver les Béninois de toute interprétation ou réactions diverses sur l’évolution de ce dossier. Les syndicalistes se disent déjà scandalisés par cette nouvelle décision à un moment où l’on a besoin d’écouter tous les sons de cloche dans une affaire si ténébreuse. La meilleure manière n’est pas en tous cas celle-là, tant le dossier Dangnivo se révèle de plus en plus sensible au fil des jours. Les déclarations contradictoires faites, côté gouvernemental, le jour même où l’on organisait à Womey, l’opération d’exhumation du fameux corps retrouvé, ne participent guère à la manifestation de la vérité dans cette affaire.
Pendant que le ministre de la justice qualifiait la piste d’enquête « d’excellente » avant de se contredire plus tard, le procureur de la république près le tribunal de première instance de Cotonou, s’est empressé de présenter les condoléances du gouvernement à la famille éplorée. Si aujourd’hui, le gouvernement préfère revenir sur toutes ces affirmations, en annonçant de nouvelles enquêtes pour retrouver Dangnivo, peut-être vivant, peut-être mort, il ne manque pas de semer une certaine confusion dans les esprits des uns et des autres. De ce fait, il serait encore compromettant de sa part de refuser que les gens se manifestent dans ce dossier, même s’il faudra éviter qu’ils aillent à la dérive. Sous d’autres cieux, le pire se serait déjà survenu depuis que les traces de Dangnivo ont été perdues. Le Bénin étant un pays de paix, on n’en est pas encore arrivé là. Fort heureusement.
Christian Tchanou