On était dans l’expectative, après diverses démarches annoncées auprès des parents de l’homme dont le nom aura été le plus cité au Bénin ces trois derniers mois, quant à leur acceptation de se prêter au jeu de la science en se soumettant aux prélèvements nécessaires à la réalisation du test d’ADN. On espérait que, pour la manifestation de la vérité et même si le gouvernement a eu une gestion très approximative et empreinte d’amateurisme du dossier, la position des parents évoluerait. On imaginait mal qu’un autre coup était en préparation. Un gros coup ! Depuis que ses experts allemand et français ont dû repartir chez eux sans avoir pu faire les prélèvements sur les parents, et que le gouvernement a littéralement sollicité la médiation de certaines composantes de la société pour obtenir la levée du véto des parents à la réalisation du test d’ADN dans les conditions polémiquées, rien n’autorisait à penser à ce nouveau développement lié à l’affaire.
Parlant de développement, c’est dans la presse de ce mercredi 3 novembre que nous avons la surprise d’apprendre que « le corps de Womey est celui de Dangnivo ». Qui a intérêt à distiller pareille information ? On découvre dans les articles que pour surmonter le refus des parents, le gouvernement aurait contourné la difficulté en allant se procurer les empreintes digitales d’Urbain Pierre Dangnivo à la préfecture de Lokossa où l’intéressé se serait fait établir sa dernière carte d’identité en date. En considérant que la dernière campagne de presse sur l’affaire profite au gouvernement, on relève ici une première faille dans le dispositif de la communication. Car, si l’information distillée par qui y a intérêt était vraie, cela voudrait dire que nul n’est à l’abri. A moins qu’on nous montre traces des échanges administratifs ou des réquisitions du juge qui auraient sous-tendu l’obtention de ces empreintes, il y a lieu de craindre des abus. Ceci laisserait supposer, en effet, que les empreintes digitales de n’importe qui peuvent être obtenues n’importe comment et utilisées à des fins inavouées.
Deuxième grosse lézarde dans le mur de cette communication en règle, quand on apprend toujours dans les mêmes articles que l’expert allemand atteste sans ambages que le corps de Womey est bel et bien celui de Dangnivo. Mieux, quand les mêmes articles renseignent encore qu’ « Il défie quiconque, fût-il médecin légiste de n’importe quelle compétence, de donner des résultats contraires à sa conclusion ». A ce niveau, il conviendrait de marquer une grosse pause et de se demander si ledit médecin allemand est vraiment un scientifique. Le cas échéant, il devrait savoir que la science c’est la remise en cause perpétuelle, le doute permanent. Et ne saurait, ne serait-ce que par respect pour ses confrères, assortir son travail dont on a d’ailleurs encore aucune certitude, de telles menaces à peine voilées. Il serait intéressant pour le public, et utile pour ceux à qui profitent la communication, de publier le rapport de cet expert dont on ne connaît même pas le nom, pour ne pas dire un fantôme, afin qu’on puisse se convaincre de ce qu’il a pu, effectivement, écrire qu’il défie quiconque… Parlant de menace, ce qui renseigne par ailleurs que ceux à qui profitent la communication ne sont pas eux-mêmes sûrs de leur affaire, c’est lorsque les articles, sur un ton menaçant, suggèrent qu’ « Aucune contre-expertise ne pourra remettre en cause les conclusions du médecin légiste allemand ».
A tous égards, ne convient-il pas de lire et comprendre, à travers ce dernier rebondissement, une volonté de ceux à qui profitent la communication, d’en finir au plus tôt avec cette affaire ? A tout le moins ! Et, cela incline alors à penser qu’elle est devenue une véritable patate chaude entre leurs mains, qui les brûle et dont il faut se débarrasser avec empressement. Mais, comme souvent, la précipitation et l’amateurisme avec lesquels ils s’y prennent trahissent leur mal-être et leur malaise. Exactement comme s’ils entreprenaient de noyer un poisson. Car, pourquoi n’avoir pas informé l’opinion dès le départ, de ce qu’à défaut des prélèvements sur les parents, l’on a dû recourir au fichier de la préfecture de Lokossa pour se servir des empreintes digitales ? Surtout qu’avec les suspicions que générait et que génère encore l’affaire, l’on devrait opérer dans la plus grande transparence pour ne pas risquer de se faire accuser de ce qu’on n’a pas fait. Le moins qu’on puisse dire aujourd’hui, à l’aune de ce dernier développement de l’affaire, c’est qu’elle est loin d’être terminée, même si certains s’emploient à l’enterrer. Tentez, tentez toujours de noyer le poisson. Toute une vie n’y suffirait pas…