Voilà donc le roi Ghézo mort une deuxième fois ! Il a dû se retourner dans sa tombe en entendant les imprécations de Boni Yayi à propos de la jarre trouée, sa jarre-symbole à lui, par laquelle il invitait tous les fils du Danxomè à l’union. Il les invitait à venir boucher de leurs doigts, les trous de la jarre pour que le pays soit sauvé. Un symbole fort, passé à la postérité. Qui représente l’entité Danxomè, puis le Dahomey et aujourd’hui le Bénin. C’est à propos de ce symbole qui, chemin faisant, a acquis une symbolique certaine, que Boni Yayi s’est livré à un exercice de mauvais goût. Il veut savoir qui a d’ailleurs troué la jarre, pense que les doigts ne peuvent la boucher et que si l’on y met de l’eau, elle coulera et les gens la laperont. Et, le docteur agissant ès qualité, prescrit de la casser pour faire une autre. A n’en point douter, le trivial le disputait au désinvolte et cela aboutit à une nouvelle mort du souverain Ghézo. Pourtant l’un des plus grands connus par le royaume du Danxomè.
En parlant comme il l’a fait à propos de la jarre trouée de Ghézo, Boni Yayi se fait prendre en flagrant délit de tentative de reniement de l’histoire. Or, c’est entendu, on ne réécrit pas l’histoire et on ne la renie pas. On l’assume ou on s’en écarte. Apparemment, Boni Yayi ne préfère aucune de ces options. Il a la sienne propre, unique, celle qui lui convient. Une attitude qui traduit un mépris évident pour la mémoire du roi Ghézo et qui postule une myopie historique grave. Un affront ! Car, parce qu’il faut appeler un chat, chat, c’est un affront qui a été fait à l’histoire du Danxomè et du Bénin. C’est même un pied de nez à cette histoire. Puis, quand on va au-delà, on décèle dans ce langage une disposition à la belligérance. Comment ne pas penser, en effet, que l’ambition profonde était de s’en prendre au logo de ses adversaires de l’Union fait la Nation. Et si politiquement, Boni Yayi aurait été légitimement dans son droit de démonter ses adversaires, encore eût-il fallu bien choisir son cadre. Là-dessus, au cours d’une messe FCBE par exemple, Boni Yayi se serait permis de parler comme il l’a fait qu’on lui accorderait quelque circonstance atténuante.
Or, il n’en fut rien, absolument rien. Parce que Boni Yayi aime les choses en grand, qu’il les aime officielles, c’est devant un parterre densément international qu’il s’est offert au monde comme le pourfendeur de l’histoire du Bénin. Ahuris, les étrangers qui étaient dans la salle et qui connaissaient cette histoire, l’ont été autant que nombre de Béninois, même si beaucoup ont applaudi sans même savoir de quoi retournait le propos yayien. Un propos qui sonne non seulement comme un pied de nez à l’histoire mais aussi et surtout comme une méconnaissance de cette histoire. Et ce n’est pas la faute aux autres si on ne connaît pas l’histoire. Et quand on ne la connaît pas, on ne la réécrit pas. Et dire que la jarre trouée, pour la symbolique qui lui est attachée, devrait être invoquée par Boni Yayi soi-même depuis qu’il n’arrive pas à assurer l’union des fils de ce pays et à les remettre au travail ! Au lieu de cela, il la vilipende. Au demeurant, Boni Yayi se pose en violeur de l’histoire. En profanateur de la mémoire du roi Ghézo. Et s’il a parlé ainsi en public, devant un parterre de personnalités aussi diversifiées, tant nationales qu’internationales, il ne faut pas exclure qu’en privé il le fasse aussi. Qu’il y ait même pire encore…
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