La diaspora africaine, véritable force vive du continent

Alors que les trans­ferts d’ar­gent de la dia­spo­ra afri­caine consti­tuent un ap­port éco­no­mique in­dis­cu­table, la ques­tion se pose au­jourd’hui de sa­voir com­ment faire de cette manne fi­nan­cière un in­ves­tis­se­ment pro­duc­tif pour l’Afrique. Les membres de la dia­spo­ra, no­tam­ment ceux de la deuxième gé­né­ra­tion, dy­na­misent l’éco­no­mie grâce à un nou­vel état d’es­prit, une double culture et une pra­tique du trans­fert de com­pé­tences. Ce phé­no­mène vient com­pen­ser la “fuite des cer­veaux”, car aux côtés des en­tre­pre­neurs, se sont éga­le­ment des cher­cheurs, des scien­ti­fiques, des in­tel­lec­tuels afri­cains vi­vant à l’étran­ger qui se tournent vers leur pays d’ori­gine, ap­por­tant ainsi une plus-​va­lue consé­quente. Les atouts des afri­cains de la dia­spo­ra

La double culture et l’ex­pé­rience des mar­chés in­ter­na­tio­naux sont des qua­li­tés qui comptent pour ces en­tre­pre­neurs “afri­cains de l’ex­té­rieur”. Les tra­cas­se­ries ad­mi­nis­tra­tives et la dif­fi­cul­té de trou­ver des par­te­naires fiables sur place sont lar­ge­ment com­pen­sées par les nom­breuses op­por­tu­ni­tés et la pos­si­bi­li­té de ga­gner de l’ar­gent pour qui sait mener ses af­faires.

Ex­por­ter des fruits sé­chés de­puis le Kenya, dé­ve­lop­per l’aqua­cul­ture au Ni­ge­ria, trans­por­ter des tou­ristes le long des côtes de la Sier­ra Léone…tous les sec­teurs d’ac­ti­vi­té et no­tam­ment le privé, peut bé­né­fi­cier de cette sy­ner­gie.

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Parmi les ini­tia­tives no­tables, des di­zaines de pro­jets d’in­ves­tis­se­ment en Afrique, por­tés par la dia­spo­ra, ont été pré­sen­tés chaque année lors de l’Afri­can Dia­spo­ra Mar­ket­place. Les ga­gnants re­çoivent entre 50 000 et 100 000 pour mettre en œuvre leurs plans.

Le Mali mise sur sa dia­spo­ra

Forte de 4 mil­lions de membres ré­par­tis sur tous les conti­nents, dont l’Afrique pour les trois quarts (Côte d’Ivoire, Sé­né­gal, Congo, Gabon…), la dia­spo­ra ma­lienne re­pré­sente un ap­port consé­quent pour l’éco­no­mie du pays. Les trans­ferts d’ar­gent des Ma­liens de l’étran­ger sont es­ti­més par la Banque afri­caine de dé­ve­lop­pe­ment (BAD) à en­vi­ron 428 mil­lions d’euros par an.

Ils sont es­sen­tiel­le­ment des­ti­nés à cou­vrir les be­soins ponc­tuels des fa­milles et à fi­nan­cer les sec­teurs so­ciaux. Le défi pour le gou­ver­ne­ment est de re­di­ri­ger cette manne vers des in­ves­tis­se­ments pro­duc­tifs, qui n’en re­pré­sentent au­jourd’hui que 5 %.

Pour le mi­nistre des Ma­liens de l’ex­té­rieur, il s’agit de faire du mi­grant un vé­ri­table agent de dé­ve­lop­pe­ment du pays. Dans ce sens, la pre­mière édi­tion du Forum des in­ves­tis­seurs de la dia­spo­ra ma­lienne (Fi­di­ma) qui s’est tenue à Ba­ma­ko en dé­cembre 2009, en pré­sence de nom­breux cadres vi­vant à l’étran­ger, est ap­pe­lé à se re­nou­ve­ler.

Les mo­ti­va­tions des en­tre­pre­neurs “afri­cains de l’ex­té­rieur”

La mo­ti­va­tions de ces en­tre­pre­neurs est de fa­vo­ri­ser le dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique de leur pays d’ori­gine, no­tam­ment par la créa­tion d’em­plois. La plu­part d’entre eux sont gé­né­ra­le­ment des pro­fes­sion­nels déjà bien ins­tal­lés dans les af­faires en Eu­rope, aux États Unis et en Afrique.

Au cœur de leurs pré­oc­cu­pa­tions : le dé­ve­lop­pe­ment de l’agro-​in­dus­trie et des nou­velles tech­no­lo­gies, en gar­dant tou­jours en tête la né­ces­si­té de pro­té­ger l’en­vi­ron­ne­ment.

Ces dia­spo­ras sont conscientes de leur rôle, celui de convaincre leurs Etats de l’im­por­tance du sec­teur privé dans la course au dé­ve­lop­pe­ment.

Les rôle des ins­tances in­ter­na­tio­nales et des pays d’ac­cueil

L’Union afri­caine pour sa part en­tend plei­ne­ment faire jouer aux dia­spo­ras afri­caines leur rôle d’ac­trices du dé­ve­lop­pe­ment. L’at­ten­tion por­tée aux ini­tia­tives éco­no­miques de la dia­spo­ra afri­caine s’ins­crit aussi dans une nou­velle stra­té­gie d’ac­cueil en­vers leurs pays d’ori­gine.

Pour les pays d’ac­cueil, les ins­tru­ments de co­opé­ra­tion avec l’Afrique doivent chan­ger parce que l’Afrique change.

Ainsi l’Agence fran­çaise de dé­ve­lop­pe­ment (AFD) mène une ré­flexion dont l’ob­jec­tif est d’orien­ter l’aide au dé­ve­lop­pe­ment vers le sec­teur privé. Les pro­jets por­tés par la dia­spo­ra d’un pays peuvent aider à ré­soudre des pro­blèmes lo­caux car ils ont ce mé­tis­sage, qui leur per­met de com­prendre leurs deux so­cié­tés, ils ont une cré­di­bi­li­té vis à vis des uns et des autres.

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