Qui a dit que l’enfant est le père de l’homme ? Les enfants du Bénin d’aujourd’hui seront les acteurs majeurs dans la construction du Bénin des cinquante prochaines années. Il faut tenir la jeunesse pour une donnée essentielle dans toutes nos élaborations futures. Elle pèse, déjà, aujourd’hui, d’un poids déterminant : les moins de 35 ans représentent 60% de la population totale du Bénin. On peut, comprendre, de ce fait, que les enfants du Bénin refusent d’être des spectateurs sur la scène de leur pays, étrangers au débat qui s’anime dans le cadre des prochaines échéances électorales. Joignant la volonté d’être présents à la détermination d’agir, les enfants du Bénin ont commis un message fort à l’adresse de la classe sociopolitique.
L’extrait qui suit exprime assez bien les préoccupations que ces enfants ont tenté de condenser dans leur message : « Nous vous prions, au nom de Dieu tout puissant, le créateur divin et au nom des mânes de nos ancêtres de vous départir de vos considérations partisanes, de tendre la main les uns aux autres, d’œuvrer ensemble et de concert pour le triomphe de la paix au Bénin et de tous les droits fondamentaux des enfants qui ne sont que des droits humains.
« Nous souhaitons que les prochaines élections présidentielle et législatives puissent se dérouler sans passion sans heurt et dans une ambiance de tolérance et de transparence totale. C’est à cette seule condition, que nous vos enfants, auront la joie de vivre, d’être éduqué, de grandir, de nous épanouir et de devenir des cadres compétents et utiles dont le Bénin a besoin pour son développement dans le temps et dans l’espace. »
Retenons, tout d’abord, que les enfants du Bénin sont partis d’un constat : leur pays est au plus mal. Ils appréhendent, avec beaucoup de crainte, les conséquences d’une telle situation. Ils voient, comme tous les Béninois, les noirs nuages qui s’accumulent à l’horizon. Ils vivent, au quotidien, la fièvre qui s’est emparée de la classe politique, une fièvre ponctuée d’une violence verbale sans pareille. C’est le doigt dans un engrenage infernal. C’est l’amorce d’une escalade mortelle. C’est le début d’une course folle vers l’abîme.
Les enfants du Bénin savent, dans ces conditions, que leurs pères et mères trahissent la pensée du roi Ghézo. Ce souverain du Royaume du Danhomê a immortalisé, en s’immortalisant lui-même, la symbolique de la jarre trouée. Ce fut à un formidable sursaut qu’il invitait alors ses sujets, avec l’espoir que s’ils venaient à boucher de leurs doigts les trous de la jarre, le royaume, en comparaison, pouvait être sauvé.
Aussi, les enfants du Bénin adjurent-ils leurs pères et mères, prenant à témoin « Dieu tout puissant » et les « mânes des ancêtres », à se garder de brader un patrimoine commun et indivis. Ils n’en sont point les propriétaires. Ils ne sauraient le brader au gré de leurs humeurs. Ils n’en ont pas non plus le titre foncier. Ils ne sauraient le passer par pertes et profits au gré de leurs intérêts égoïstes. Car les générations se suivent, mais le pays reste. Chaque génération est comptable de ce qu’elle en fait. Nous avons donc le droit d’en jouir, mais non le droit d’en disposer.
Et les enfants du Bénin de placer leurs pères et mères devant leurs responsabilités. Ils veulent des élections sans passion, sans heurt, dans une ambiance de tolérance et de transparence totale.
Au total, les enfants du Bénin veulent grandir dans la paix. Les enfants du Bénin veulent s’instruire, se former, acquérir des connaissances et les compétences qui les rendent aptes à apporter leur pierre à la construction de la Maison commune, le Bénin. Si les pères et les mères ne s’investissaient pas à construire la paix aujourd’hui, de quel Bénin leurs enfants hériteraient-ils, demain ? C’est connu : la vérité sort de la bouche des enfants.
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