Les nouveaux locaux de la Cour d’appel de Cotonou récemment mis en service par Boni Yayi suscitent déjà la colère du personnel face aux nombreuses défaillances notées et qui s’aggravent au fil des jours. Son inauguration a mobilisé de hautes personnalités de ce pays dont le Chef de l’Etat en personne. Les nouveaux locaux de la Cour d’appel de Cotonou ne sont pas pour autant pour les mieux indiqués en ce moment en terme de normes techniques adéquates. A peine installé, le personnel a découvert un enfer couvert par une vue extérieure pour le moins splendide. Magistrats, greffiers et autres agents de cette institution judiciaire ne cachent plus leur désarroi face aux « mauvaises conditions de travail » que leur offre déjà ce nouveau siège pourtant considéré comme l’un des joyaux de l’ère du changement. Tenez : le plan construit ne permet aucune aération naturelle à l’intérieur des locaux. Le système de ventilation n’existe pas non plus. Et même les climatisations qui y sont installées ne laissent présager aucune dureté, au regard de leurs qualités respectives. Les grognes au sein du personnel ici ont monté d’un cran en ces temps de forte chaleur.
Quant à la battisse elle-même, il y a problème. A peine est-elle inaugurée, que les premières pluies qui sont tombées sur la ville de Cotonou, une semaine après, ont offert un spectacle d’inondation dans plusieurs couloirs, jusqu’aux bureaux situés au premier étage, d’après plusieurs témoignages. Des travailleurs rapportent que beaucoup de documents précieux ont été mouillés à l’occasion. Mais le pire est encore ailleurs. Il n’existe que deux toilettes personnelles que jouissent deux magistrats en plus de celle du président de cette Cour d’appel. Ainsi les 98% de personnel restant se contentent que des toilettes publiques, à leur indignation générale. Des toilettes construites sans fenêtre pour s’ajouter à leur calvaire. La même bâtisse présente déjà des dalles fissurées et des murs lézardés qui laissent courir des risques d’écroulement à tout moment. Quant aux mobiliers, le constat n’est pas non moins accablant. Les bureaux mis à la disposition du personnel ne se résument qu’à des tables et chaises, sans tiroirs pour classer les documents. Conséquence, ces derniers sont entassés pour la plupart dans des cartons exposés en vrac, un peu partout.
Le réseau électronique interne est un autre drame. Le compteur se disjoncte régulièrement parce que l’installation, à en croire un cadre de la maison, subit des courts -circuits à tout moment. Selon la même source, quand il y a la lumière, il n’y a pas souvent de climatiseurs en marche, ou alors ce sont les ordinateurs qui refusent de démarrer. En dehors de l’interphone, les lignes téléphoniques devant relier les locaux vers des destinations externes ne marchent pas encore non plus, à ce jour. Bref, l’ambiance technique interne est un véritable gouffre qui commence par exaspérer plus d’un dans la maison.
Du reste, ces nouveaux locaux qui ont coûté près du milliard grâce à la subvention de l’Union européenne, sont déjà voués à un triste sort. Tout laisse croire que le travail a été bâclé, parce que susurre-t-on, le pouvoir en place voulait aller vite pour des besoins pressants d’inauguration à connotation électoraliste. De toutes les façons, les bénéficiaires directs, à savoir les travailleurs, n’entendent pas vivre une telle misère pour longtemps. A preuve, la grève de 48 heures qu’ils observent depuis ce matin prend largement en compte cet état de chose.