Albert Tévéodjre, Président de la Commission indépendante de réflexion sur le cinquantenaire des indépendances africaines qui aura lieu du 16 au 20 novembre 2010 à Cotonou au Bénin.
Nous sommes à la veille du Symposium international du Cinquantenaire des Indépendances Africaines qui se tient à Cotonou au Bénin. Où en êtes-vous à quelques heures de l’ouverture de la Réunion des experts ?
Albert Tévéodjre : « Bien sûr à la veille d’un tel évènement, dans nos bureaux et dans l’entourage de tous ceux qui nous soutiennent, c’est la fébrilité. Nous nous étions préparés à accueillir 50 personnalités de l’extérieur, nous constatons que 100 experts se sont annoncés en même temps que des jeunes engagés dans l’action de développement et remarqués pour leur créativité, dont certains reviennent de Washington où ils ont répondu à l’appel de Barack Obama, lui aussi très intéressé par l’opportunité du cinquantenaire pour relancer les énergies et l’espérance ».
D’importantes réflexions marqueront ces assises. Quels sont les thèmes porteurs autour desquels vont être menées les discussions ?
A.T. : « Le Comité d’organisation a retenu quatre panels qui tournent autour de la paix et de la sécurité, de la nécessité de reconnaître nos échecs dans certaines de nos options et dans beaucoup de nos comportements et l’urgence de rétablir l’éthique et la discipline comme fondement de progrès. Par ailleurs, la science est l’immense bien commun qui reste à partager et que les africains doivent largement s’approprier.
Un panel s’occupera spécialement de cette question et un autre s’intéressera à la formation et à l’emploi des jeunes. Enfin, nous devons sortir du schéma d’assistance permanente, du statut de minorisation dans lequel nous semblons nous complaire pour définitivement quitter les rangs et la catégorie de ceux qu’on appelle par euphémisme les pays les moins avancés ».
« L’Audace, Unique Défi pour une Afrique Nouvelle » : voilà le thème central des échanges qui vont durer cinq jours. Quelles sont les préoccupations aujourd’hui de l’Afrique autour de ce thème ?
A.T. : « Ce que je viens de dire suffit à montrer que l’Afrique doit se ressaisir, que l’exemple des dragons d’Asie et de pays potentiellement moins riches que nous nous donne matière à nous interroger et à rompre avec la pensée lénifiante et défaitiste de n’avoir qu’à participer au marché mondial, à la place qui nous est imposée dans une division internationale du travail que nous ne contrôlons pas ».
Des personnalités du monde entier sont attendues au Bénin pour ce Symposium qui va rentrer dans l’Histoire. Peut-on avoir une idée de ceux qui vont faire le déplacement de Cotonou ?
A.T. : « Tout d’abord, je dois dire que l’idée du Symposium, son programme, les thèmes à développer ont séduit en de nombreux milieux internationaux. Ainsi, des messages d’encouragement nous sont envoyés par les dirigeants chinois, par le Président Barack Obama, par le Président Nicolas Sarkozy, le Secrétaire général des Nations Unies, le Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, le Secrétaire général de la Conférence islamique et aussi par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI. Cet intérêt de personnalités aussi prestigieuses montre que l’initiative prise par le Chef de l’Etat de faire du cinquantenaire l’occasion d’une réflexion profonde et d’un engagement se traduisant par un Manifeste du cinquantenaire est prise très au sérieux. Nous savons parmi les personnalités qui viennent que le Chef de l’Etat rwandais a manifesté une volonté de forte participation. Il en est de même du Président de la commission de l’Union Africaine, du Président de la Commission de l’UEMOA, de Madame Taubira notre sœur des Antilles, promotrice de la loi sur l’esclavage crime contre l’humanité, et beaucoup d’autres experts connus et peu connus mais dont les contributions exprimées en une trentaine de documents donneront une base aux nombreux débats de ce Symposium.
Bien sûr, des béninois de haute qualité, Honorat Aguessy, Géro Amoussouga, Théodore Holo, John Igué, Paulin Hountondji, des opérateurs économiques et bien d’autres de notre université et de notre société civile participeront largement aux débats ».
Un message à l’endroit des béninois, qui attendent certainement beaucoup de l’issue de la rencontre de Cotonou ?
A.T. : « Je souhaite vivement l’attention soutenue des béninois aux réflexions de ce symposium. Mon vœu est que le manifeste qui en sortira devienne le bréviaire de tous nos jeunes dans les écoles, les universités, les ateliers, les entreprises et suscite en nous la volonté de changer les comportements qui nous retiennent encore dans ce que je considère comme les vestibules de l’abîme.
Nous pouvons changer, nous devons changer. Il faut que le Manifeste du cinquantenaire devienne désormais notre chance et notre boussole ».