Côte d’Ivoire : un documentaire sur la Françafrique déchaîne les passions

Dans un communiqué diffusé hier soir, la Compagnie des Phares et Balises, la société de production du documentaire en deux parties de Patrick Benquet sur la Françafrique, diffusé jeudi dernier et ce soir sur France 2, «refuse toute instrumentalisation du film dans le cadre du conflit en cours en Côte d’Ivoire». La Radio télévision ivoirienne (RTI) diffuse le film «en boucle», selon la maison de production – en toute légalité puisqu’elle a l’intention de payer les droits. Le camp Gbagbo paraît persuadé que ce documentaire sert sa cause, en montrant la grandeur et la décadence des politiques françaises en Afrique. Beaucoup d’internautes ayant réagi à nos précédentes notes sur ce blog ont fait allusion au film, susceptible d’alimenter le sentiment anti-français des «jeunes patriotes» qui soutiennent Laurent Gbagbo, le président sortant.

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Au Gabon, le premier épisode du documentaire a semé une belle pagaille, à cause des interviews de trois hauts responsables, parmi lesquels Michel de Bonnecorse, ancien conseiller Afrique de Jacques Chirac, et feu Maurice Delaunay, ancien ambassadeur de France au Gabon, affirmant que l’élection d’Ali Bongo, le 30 août 2009, était «truquée» et que c’était bien son rival André Mba Obamé qui aurait dû l’emporter.

«L’interprétation que certains Ivoiriens en font consiste à dire : «Puisque Sarkozy a menti quand il a défendu le président Ali Bongo, il ment encore quand il défend Alassane Ouattara»», explique à Libération Patrick Benquet. A qui veut l’entendre, le réalisateur rappelle que «ce n’est plus la France qui est le maître d’oeuvre en Côte d’Ivoire, mais les Nations unies, l’Union africaine et la communauté internationale au sens large, à l’heure de la mondialisation. Sarkozy aboie derrière, mais cela ne change rien au fait que la France a perdu la main en Côte d’Ivoire».

La seconde partie, diffusée se soir sur France 2, devrait encore plus déchaîner les passions : elle traite de la Côte d’Ivoire, pour expliquer comment la Françafrique y a vécu ses dernières heures, après la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993. Patrick Benquet a changé son commentaire sur Laurent Gbagbo, qui mentionnait le fait qu’il a reporté plusieurs fois l’élection présidentielle. Désormais, la bande son précise que le scrutin s’est tenu et qu’Alassane Ouattara en a été reconnu vainqueur par la communauté internationale. Rien que du factuel, mais sans doute de quoi dissuader la RTI de diffuser la deuxième partie aussi copieusement que la première.

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