Ils ont décidé de faire la politique autrement : embrasser à droite et à gauche. Le maire d’Adjarra Saka Yaya et celui de Sakété Raliou Arinloyé ont décidé, contrairement aux autres, de nager entre deux eaux. Discrets et fins, ils sont tantôt mouvanciers, tantôt opposants ou même les deux à la fois. Pour eux, l’infidélité semble être le salut en politique. L’infidélité est-elle un mal congénital des hommes politiques béninois ? Deux maires s’illustrent négativement par cette attitude depuis quelques mois. Le premier s’appelle Saka Yaya, nouveau maire de la commune d’Adjarra. Elu il y a quelques mois après le décès de son prédécesseur Albert Gogan, Saka Yaya tarde à prendre de l’étoffe. Mal élu pour certains, il n’a pas, en son temps, bénéficié du soutien de son parti originel, le Prd. Ayant constaté qu’il n’avait pas beaucoup de chance dans cette formation politique qui portait son choix sur un autre, Saka Yaya a dû s’accoquiner avec des conseillers Fcbe et piocher quelques uns du Prd pour se faire élire à la surprise de tous maire d’Adjarra. Quelques jours après son élection, les Fcbe mettent pression sur lui pour le contraindre à les rejoindre officiellement après avoir bénéficié de leurs suffrages pour se hisser au sommet. Habile, rusé, il a su gérer l’inquisition et n’a jamais-en tout cas pas officiellement-rejoint la mouvance présidentielle. Mieux, un peu comme pour normaliser ses relations en froid avec son mentor politique Me Adrien Houngbédji, il ne cesse de clamer son appartenance au Prd qui lui a permis d’être élu conseiller communal. Il ne manque pas d’ailleurs d’en poser des actes. On peut le voir de temps en temps avec quelques caciques du parti ou même lors de quelques déplacements du président Houngbédji sur le terrain. Mais Saka Yaya a la ruse à fleur de peau. Guidé par ses ambitions politiques, il serait, selon des sources dignes de foi, en train de flirter avec la mouvance pour négocier une place de candidat aux législatives. Les mêmes sources précisent que les pourparlers sont assez avancés et il ne serait pas surprenant de le voir sur la liste des Fcbe pour les élections législatives prochaines. Pour le faire, il feint d’être un Prd convaincu mais la vérité ne tardera pas à le rattraper dans les semaines à venir.
Arinloyé, l’apôtre du syncrétisme
Quid du maire Raliou Arinloyé de Sakété ? C’est le prototype même du syncrétisme politique. Aux dernières élections communales, il avait confectionné à Sakété une liste insolite - dite d’indépendants - composée des militants Fcbe et de Prd. L’opposition et la mouvance présidentielle ensemble sur une seule liste. Le Logo en disait long. On y voit l’arc-en-ciel du Prd et le cauri des Fcbe. Depuis son élection, il fait semblant d’être de la mouvance présidentielle. Est présent à toutes les rencontres des Fcbe. Mais depuis le retour de l’honorable Séfou Fagbohoun de son exil carcéral, il a commencé à édulcorer son attitude. De moins en moins présent aux manifestations du pouvoir, il a aussi eu des démêlés avec l’honorable Biokou Firmin, suppléant du ministre François Abiola. Tout ceci confirme sa prise de distance avec le pouvoir. On raconte qu’il se rend régulièrement à Adja-Ouèrè où il aurait proclamé allégeance et obéissance au richissime président du Madep. Puis, il y a quelques jours, on le vit encore dans une manifestation de gens proches du pouvoir. Comme quoi l’habitude est une seconde nature et le maire Arinloyé n’a pas pu s’en départir. Mais à l’approche des élections, ces deux maires ont intérêt à clarifier leurs positions d’ici peu de temps. Autrement, ils risquent de se retrouver seuls sur le carreau, abandonnés de tous les blocs politiques qui se regardent en chiens de faïence actuellement.