La Côte d’Ivoire se cherche toujours un président

Le parti du président ivoirien Laurent Gbagbo a demandé au Conseil constitutionnel et à la commission électorale d’annuler les résultats, encore non publiés, du second tour de la présidentielle de dimanche. Les alliés de son adversaire Alassane Ouattara, homme du Nord qui dément tout lien avec les ex-rebelles, affirment que Gbagbo bloque la publication des résultats parce qu’il sait qu’il a perdu et que porter plainte devant le Conseil constitutionnel après avoir empêché la commission électorale de diffuser les résultats serait illégal.

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Il revient au Conseil constitutionnel de ratifier les résultats, mais les adversaires de Gbagbo estiment que la plus haute cour du pays n’est pas neutre, car elle est dirigée par Paul Yao N’Dré, un proche allié politique de Gbagbo. Malgré les pressions exercées par certains gouvernements étrangers, la commission électorale a laissé passer la date butoir de mercredi minuit sans publier les résultats. Toute l’élection pourrait être annulée si les plaintes déposées par Gbagbo sont retenues par le Conseil constitutionnel.

Le second tour de la présidentielle, dimanche, était censé couronner le processus de réunification et de réconciliation d’un pays resté scindé en deux pendant des années. Les Nations unies ont averti mercredi la classe politique ivoirienne qu’elle pourrait être tenue responsable d’éventuelles violences. Pascal Affi N’Guessan, directeur de campagne de Laurent Gbagbo, a affirmé que les manoeuvres d’intimidation des électeurs pratiquées par les ex-rebelles des Forces nouvelles dans le nord du pays avaient dissuadé les partisans du président sortant d’aller voter.

Démarche jugée illégale

« C’est en raison de toutes ces irrégularités que nous avons réclamé l’annulation du vote (…) d’abord devant la Commission électorale indépendante, puis devant le Conseil constitutionnel », a déclaré N’Guessan, mercredi soir, à la télévision nationale. Selon des experts électoraux, le Conseil constitutionnel a le choix entre approuver ou annuler la totalité du processus électoral. Quelques heures plus tôt, le parti de Gbagbo ne demandait que l’annulation des résultats de quatre régions passant pour des bastions d’Ouattara. Alassane Ouattara a jugé « inacceptable » le retard dans l’annonce des résultats et demandé à Gbagbo de les respecter, mais il n’est pas allé jusqu’à revendiquer la victoire. Albert Mabri, porte-parole de l’équipe de campagne d’Ouattara, a estimé que déposer des plaintes devant le Conseil constitutionnel avant même l’annonce des résultats était illégal.

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Résistant aux pressions des Nations unies, des États-Unis et de la France, le chef de la commission électorale, Youssouf Bakayoko, a fait savoir que la commission n’était pas encore en mesure de rendre publics les résultats. « Nous n’avons pas terminé notre travail », a-t-il dit à la télévision nationale. Certains membres de la commission favorables à Gbagbo avaient perturbé, mardi, une tentative d’annonce de résultats par un membre de l’instance et avaient, sous les yeux des journalistes présents, déchiré les feuilles de résultats que le porte-parole tentait de lire. Laurent Gbagbo a terminé en tête du premier tour, le 31 octobre, avec 38 % des voix contre 32 % à Alassane Ouattara, qui a reçu le soutien public de l’ancien président Henri Konan Bédié (25 % au premier tour).

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