Le Ghana, la Guinée et la Côte d’Ivoire après le Bénin

A part le Bénin du Renouveau démocratique qui a démarré par le renversement du Président de la République au pouvoir en 1991 et qui reviendra au pouvoir cinq ans après aidé par une opposition unie et forte, l’opposition en Afrique n’est jamais arrivée à battre le régime au pouvoir et à prendre sa place ; parce qu’elle est le plus souvent divisée, sans ressources consistantes donc faible.

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Or, beaucoup de pays commencent à suivre les traces du Bénin, le laboratoire de la démocratie en Afrique. Il faut ici prendre  l’opposition au sérieux, car elle a montré ce dont elle est capable en orchestrant la chute surprenante du Président Nicéphore SOGLO en 1996. De nos jours, n’a-t-elle pas réussi à jeter l’incertitude et la panique dans le camp de la mouvance au pouvoir ? En effet, bien malin qui  pourra prédire avec certitude celui qui occupera le Palais de la Marina le 06 avril 2011 ! A sa suite, il y a eu le Ghana, la Guinée et maintenant la Côte d’Ivoire où un Président de République en exercice vient d’être battu par un rassemblement des partis de l’opposition ! Cependant, la nostalgie n’est pas ce qu’elle était : notre opposition actuelle,  le rassemblement de partis qui pour la plupart s’étaient unis en 1996 pour renverser Nicéphore SOGLO, n’est pas aussi magnifique que l’ancienne Convention des Forces Démocratiques ; il est visible  qu’elle  se laisse gagner par une anxiété fébrile au fur et à mesure que nous approchons de l’échéance fatidique ; ce qui l’amène à commettre des erreurs rédhibitoires de stratégies politiques et communicationnelles. Par exemple, son attitude par rapport à la LEPI lui a fait perdre beaucoup de plumes ; elle n’avait pas à déterrer de sitôt la hache de guerre contre elle tout en étant incapable d’en arrêter l’évolution, ou de parvenir à convaincre ses militants  de la boycotter. D’où des mots d’ordre ambigus dans une ambiance brouillonne dont le grand gagnant est le flegmatique superviseur politique qui l’ignore royalement, la cantonnant même dans une impuissance réelle. Car tout le monde sait que connaissant notre indolence, cette technologie électorale de pointe ne sera pas prête chez nous en 2011.  D’autre part, la prime à la démocratie dont notre pays bénéficie a amené la Communauté internationale à se dire que le Bénin qui a réussi plusieurs alternances au pouvoir, est l’un des pays africains où on peut entreprendre avec beaucoup de chances de succès cet instrument de modernisation politico-électorale. Aller contre cette marque de fierté légitime ne peut avoir d’autre conséquence que de vous faire ranger du côté des apatrides et des rabat-joie pêcheurs en eau trouble. Car les scories qui entourent la mise en œuvre de notre LEPI ne sauraient justifier son rejet. Déjà en 1995, nous étions parmi  les premiers pays africains à concevoir une CENA (CENI  ailleurs) ; mais souvenez-vous-en. Nos premières CENA avaient connu beaucoup de difficultés et celle de 1996 était franchement minable de par ses lacunes organisationnelles.  Et pourtant, personne, face à ces difficultés réelles, n’avait osé dire qu’il fallait arrêter l’organisation des élections par une CENA ou CENI, devenue l’instrument incontournable dans l’organisation de toutes élections transparentes en Afrique Subsaharienne.

 

La LEPI, comme instrument de préparation et d’organisation des élections fait intervenir deux aspects:

  • l’aspect en principe le plus important, l’aspect technique dont la condition de réussite est la présence de compétences idoines et le recrutement de ressources humaines appropriées et non pour donner du travail aux frères et sœurs chômeurs, mais qui n’ont pas le profil requis;
  • l’aspect politique, c’est-à dire un consensus à rechercher au niveau de toute la classe politique et de la société civile. Cet aspect est  souvent négligé par  les mouvances au pouvoir dont les caractéristiques principales demeurent  partout le sectarisme et le césarisme. C’était ce qui était reproché aux initiatives unilatérales du ministre Alain ADIHOU en charge de la LEPI sous le régime KEREKOU.

Le nouveau régime semble avoir tenu compte des déboires de son prédécesseur. En effet, la loi instituant la LEPI a été votée par tous les députés sauf un : l’ingénieur-docteur  en systèmes informatiques Janvier YAHOUEDEOU qui dès le début tirait la sonnette d’alarme.  Notre LEPI a deux niveaux :

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  1. un niveau de contrôle politique et citoyen des opérations, la CPS ;
  2. Un niveau des réalisations techniques dont chaque branche (cartographie censitaire, RENA, enregistrement des données biométriques) est confiée à un spécialiste recruté sur appel d’offres. C’est la MIRENA.

Tous ces spécialistes de la MIRENA sont loin d’être du même bord politique ; or, aucun de ces responsables ne s’est jamais levé pour dire que la LEPI est une immense blague et qu’elle est irréalisable dans le Bénin actuel. On comprend que c’est d’abord sur les rapports de ces techniciens que le partenaire stratégique qu’est le PNUD, représentant tous les bailleurs de fonds, apprécie les avancées techniques de notre LEPI.

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