(Le gouvernement n’a encore fourni aucune pièce) Le procès tant attendu du Front uni des organisations syndicales de la santé ( Fuoss) prévu pour démarrer hier mercredi, a été reporté au 02 février prochain pour défaut de pièces de la part du gouvernement , l’assignataire. Ils étaient pourtant des milliers d’agents de santé à prendre d’assaut les lieux hier.
Le gouvernement ne semble pas encore prêt dans ce procès. Hier, c’est avec désolation et étonnement que le juge a constaté qu’il n’y avait pas la moindre pièce de sa part, permettant de lancer les hostilités. D’où le report sine die de cette première comparution au 02 février prochain. Vice de procédure ? Le juge n’y trouve pas d’autre raison ayant contribué à ce report qui a irrité davantage les milliers d’agents qui ont envahi hier les locaux du Tribunal de première instance de Cotonou. Ils étaient vraiment très nombreux et sont venus de partout du Bénin, du Nord, de l’Est et de l’Ouest. Les responsables syndicaux du Fuoss ont également eu le soutien de toutes les confédérations syndicales à savoir la Cstb, la Cosi, la Cgtb, la Fésyntra-finance, du Bsat, de la Sobémap et autres. Au nombre des avocats qui se sont constitués, côté Fuoss, on peut citer Me Baparapé, Me Ahonou, et Me Zinflou. « Il faut faire confiance aux hommes de la blouse noire, parce qu’ils ont constaté qu’il y a eu entorse à la procédure. Le juge a donc fini par reporter ce procès pour confirmer la victoire de tous les travailleurs de la santé. Notre ministre n’avait d’ailleurs pas besoin de nous assigner en justice. Ce faisant, il fuit ses responsabilités et aurait ou négocier avec nous» affirme le syndicaliste Maxime Assogba de l’Homel. Il déclare par ailleurs que le gouvernement ne peut qu’être absent à ce procès, « parce qu’il n’a aucun moyen de se défendre ». Dieudonné Lokossou, secrétaire général de la Csa-Bénin reste dans la même verve pour dénoncer cet acte d’assignation, en rassurant tous les agents de la santé du soutien indéfectible des centrales et confédérations syndicales dans cette nouvelle lutte. Il qualifie d’ailleurs de « dilatoire », l’attitude du gouvernement, qui assigne des gens et ne fournit aucune pièce en la matière au juge.
Le Collectif des praticiens hospitaliers était également de la partie et n’a pas manqué non plus de désapprouver cette assignation, se disant prêt à défendre le Fuoss jusqu’au bout dans ce dossier. La Cstb par la voix du bouillant Paul Essè Iko invite également le Fuoss à ne pas lâcher du lest et annonce que la grève pourrait se généraliser dans toute l’administration publique dans les jours à venir. Une assemblée générale est prévue ce jeudi matin à la Bourse du travail sur le même dossier et d’importantes décisions pourraient en découler, selon des sources proches des centrales syndicales.
A quel jeu joue le ministre Takpara?
L’acte d’assignation du Fuoss devant le tribunal de première instance de Cotonou est-il opportun? Le ministre de la santé Issifou Takpara devrait longuement le mûrir avant de le poser. S’il est vrai que l’Etat a la possibilité d’interpeller devant la justice des travailleurs qui portent atteinte au bon fonctionnement de l’administration publique, il est imprudent de s’en prendre ainsi aux agents de la santé. Le ministre Takpara a mal appréhendé ici l’enjeu que constituait cette grève et la nécessité d’une résolution intelligente. Il faut le dire, l’assignation n’était pas propice et aurait pu être contournée par des négociations de toutes sortes. Le gouvernement avait déjà eu tort lorsqu’après avoir promis de régler la question de payement des primes de risque dès janvier 2011, il revient sur sa décision, arguant que les ressources afférentes ne sont pas encore disponibles. Il aurait pu de ce fait, poursuivre les négociations, en y associant d’autres composantes de la nation. Où sont passées les nombreuses institutions de la république, à savoir, organe de médiation de la république, haut commissariat de la gouvernance concertée et autres, pour qu’on aille de si tôt vers la justice ? La question se pose d’autant que cette assignation contribuera à accentuer davantage la crise dans le secteur de la santé. Ce qui ne rend aucun service au pouvoir en place dans le contexte actuel de veille des élections où le président Boni Yayi a besoin d’accroître sa popularité. Le pire dans cette affaire est que le ministre de la santé ne s’était point préparé à ce procès ; le juge ayant constaté hier qu’il n’y avait encore aucune pièce convaincante dans le dossier constitué par le ministre de la santé.
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