Cotonou offre depuis peu l’image d’une ville hautement sécurisée, avec de jeunes policiers déployés à tous les carrefours et sur les toutes les places publiques. Mais tout donne l’impression qu’ils ne mesurent pas encore la portée de leur mission. Sa tenue bleue Kaki est encore toute neuve. Elle bien repassée en cette matinée du vendredi 14 janvier 2011.
Le cirage des chaussures est également excellent. 09h45min. La jeune policière, debout sur le trottoir en face du carrefour Vêdoko, a pourtant l’air d’une oisive. Bras croisés, visage fermé, sifflet attaché au cou, elle regarde dans le vide, visiblement indifférente aux mouvements qui l’entourent. Un peu comme si elle attendait impatiemment un petit copain. Son coéquipier, l’interpelle à l’instant même et lui demande d’aller bloquer la circulation de l’autre côté. Elle exécute. Timidement. A pas lents, suscitant des éclats de rires dans le rang des cyclistes et automobilistes de passage. Elle est pourtant un agent de police, formée pour exécuter des tâches de police. Ils sont environ 6 éléments à ce carrefour. Certains sont encore plus relaxes et devisent l’air sur un banc de fortune prêté à un mécanicien du coin. Ils s’occupent, eux autres, des usagers qui viennent par le sens interdit. Tout a l’air d’un jeu à leur niveau. Les contrevenants sont souvent nombreux ici. Et ils s’en contentent bien. Car les négociations finissent toujours par quelques billets de banque. Si non, la fourrière.
L’ambiance est la même à d’autres carrefours de la ville. Leur présence a un caractère dissuasif. On en convient. «La peur du gendarme est le début de la sagesse», dit-on. Mais nombre d’entre ces jeunes policiers, s’offrent souvent en spectacle à travers des attitudes plutôt fantasmagoriques. Certains portent des armes toutes aussi neuves que leurs nouvelles tenues. C’est la génération des policiers de look. Ils sont tous jeunes. Tous, frais. D’autres ne manquent pas de profiter du «bon temps» pour draguer quelques jolies filles qui passent. D’autres encore retrouvent de vieux amis d’enfance ou de classe et les lâchent difficilement. Les causeries sont souvent longues. Opportunité d’un «petit pot» dans le bar voisin? La sollicitation est vite acceptée avec la complicité des autres agents. Ce sera leur tour prochainement.
Ainsi, Cotonou se dit être mieux sécurisée qu’avant. Mieux quadrillée qu’avant. Le déploiement impressionnant de la police nationale dans toute la ville est sans doute un acte salutaire de la part du tout nouveau et célèbre commissaire central, Philippe Houndégnon. Reste qu’il doit mieux discipliner sa troupe et la rappeler à sa mission première : veiller à la sécurité et à la circulation des personnes et des biens à travers toute la ville.
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