Nicolas Sarkozy est sur le toit du monde ! Au président français échoit à compter de ce mois de janvier 2011 l’inédite charge d’assurer conjointement la présidence tournante du groupe des sept nations les plus industrialisées du monde flanqués e la Russie (le G8) d’une part et celle du G20 (réunissant les huit principaux pays industrialisés, onze autres pays industrialisés ou à économies émergentes, ainsi que l’Union européenne) d’autre part.
Il est dès lors évident que cela ne va pas sans lui rappeler la présidence tournante de l’Union européenne assurée de juillet à décembre 2008 à grand renfort de battages médiatiques et avec un bilan, il faut bien l’admettre, pour le moins positif. Nicolas Sarkozy aime ça. Il l’a déjà prouvé. Les charges ne l’impressionnent pas. L’hyperactivité est son talent. Les Français ont fini de le savoir, les européens s’en sont bien rendus compte, le monde va monde va maintenant l’éprouver.
Mais voici, dans cette nouvelle aventure dont il est l’acteur privilégié, le président français n’a pas tous les atouts en mains. La gouvernance, ne serait-ce que virtuelle d’un G8 et d’un G20 risque de lui paraitre autrement plus compliquée que la présidence tournante d’une Union européenne aux règles assez bien élaborées et d’une République française où il n’y a guère que des récriminations et des grèves pour répondre à ses désirs de réformes. Le « je veux » sarkozien va trouver réponse dans ces deux groupes composites où les intérêts les plus vitaux sont bien loin d’être identiques de la Chine à l’Italie, de la Russie au Mexique, des Etats-Unis d’Amérique à l’Afrique du Sud. En effet, les grands défis des présidences françaises du G20 et du G8 sont nombreux. Et si le monde a la chance, par l’heureux hasard de cette association de présidences, de pouvoir faire l’économie de quelques sommets et donc de quelques-unes de ces discussions de marchands de tapis, il n’en reste pas moins vrai que les positions des uns et des autres au sein de ces deux blocs seront difficiles à concilier. L’un des chantiers prioritaires qu’annonce déjà le président Nicolas Sarkozy, c’est la réforme tant annoncée et tant attendue du système économique et monétaire international. Et là-dessus, les propositions avancées ne risquent pas de plaire à tous. Le souhait émis de voir de nouvelles monnaies émerger face au dollar, même s’il ne remet pas en cause la suprématie de la monnaie américaine, aura sans doute plus l’heur de plaire à ses pairs de la zone euro qu’à l’administration Obama. Le lancement d’une réforme du système monétaire international (SMI), la lutte contre la volatilité des prix des matières premières, l’amélioration de la gouvernance mondiale et le financement du développement qu’il juge, à l’instar d’une partie de l’opinion publique internationale, urgents n’iront pas sans susciter des remous dans les Etats parties. On connait la position presque tranchée de certains Etats sur les taxes sur les transactions internationales si chères à Nicolas Sarkozy. On entend bien les revendications persistantes des pays en développement à peine symbolisés par une Afrique du Sud en mal de représentativité. Sans compter la question du réchauffement climatique qui concerne au premier chef ces Etats responsables de plus de 90% des émissions polluantes au niveau mondial.
L’exercice sera donc difficile, mais le maestro Nicolas Sarkozy a déjà quelques tours dans sa poche : il distribue les rôles. Sur chaque pôle prioritaire, il appelle un ou deux chefs d’Etat à lui apporter assistance et soutien. Il met en place des groupes de travail. Présidés ou coprésidés par ses pairs. Bien sûr, il ne faudra surtout pas assumer seul un éventuel bilan négatif. Face à ces Etats parmi lesquels on trouve les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations unies qui semblent se déplacer partout avec leur droit de veto, il faut se préparer à toutes les éventualités.
Mais assurément, le Président français n’a pas à complètement bouder son plaisir à l’occurrence de cette double présidence du G8 et du G20 qui lui incombe désormais pour un an. Et pour cause. Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages dans son pays et ce n’est plus seulement Dominique Strauss Kahn qui est jugé capable de le battre lors de la présidentielle de 2012. Il aura alors à travers cette fenêtre internationale l’occasion de restaurer une image partiellement écornée de grand homme d’Etat non pas seulement au fait de la politique en France, mais capable de gérer les affaires les plus importantes du monde. Et ça, pour les Français, à en juger par la popularité de l’actuel Directeur du FMI, ça compte.
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