(DES)ESPOIRS

La Cour Constitutionnelle vient de rejeter tous les recours en invalidité des candidats aux élections du 13 mars 2011; elle a confirmé par la même occasion l'élection de Yayi Boni dès le premier tour du scrutin. 

Comme certainement la plupart d'entre vous, je n'ai pas assez d'éléments pour porter un avis objectif sur l'oeuvre de Yayi Boni;  je ne saurais donc dire, eu égard son action, si un second mandat était mérité ou pas. Dans les circonstances actuelles, il n'est peut-être même plus opportun de se poser cette question du mérite. 

Quoi qu'il en soit, jusqu'ici, cet homme, comme ses prédécesseurs, aura fait de grandes choses pour notre pays. Par ailleurs, c'est un avis personnel et il est discutable, je pense qu'il faut un minimum de continuité dans l'action étatique pour en mesurer l'impact, pour jeter les bases d'une construction républicaine et pour insuffler une vraie dynamique de progrès. 

Ce qui me paraît moins discutable, c'est qu'avec cette réélection inédite, Yayi Boni aura de toute évidence frappé un gros coup, à ses adversaires certes mais peut-être aussi à notre démocratie?!? 

Dans une certaine mesure, notre démocratie vient, soit de faire un pas de géant, soit d'enclencher une marche en arrière. On parle bien souvent de "génie béninois" mais la première hypothèse, vu le contexte, me paraît néanmoins prétentieuse et je dirais plutôt que le Bénin aura encore surpris. Bonne surprise? Mauvaise surprise? Chacun pourra se faire son opinion et l'objectif de ce billet est justement de partager ces opinions. 

Pour ma part, le ressenti est mitigé. D'abord, comme évoqué en filigrane ci-dessus, j'ai l'impression qu'un gros coup vient d'être porté à notre démocratie, et comme j'ai la conviction que cette démocratie est la (seule?) vraie richesse actuelle de notre pays, ce coup fait très mal et m'assomme presque, à l'image d'un boxeur dans les cordes. Mais j'ose espérer que si ce round est perdu, le combat ne l'est peut-être pas encore. Je me refuse d'imaginer l'assassinat de notre jeune démocratie et  la liquidation totale de tant d'acquis si chèrement obtenus. J'ai donc ensuite un sentiment d'optimisme. Je veux en effet croire, même dans le cas où notre démocratie viendrait d'amorcer un recul, que ce serait, selon la formule consacrée, "reculer pour mieux sauter". Gageons que, globalement ,à l'heure du bilan, le maintien de Yayi aura apporté au Bénin beaucoup plus de bénéfices que cette peine qui lui aura été infligée par cette atteinte à sa démocratie. D'aucuns trouveront mon optimisme illusoire; ils auraient certainement raison. Mais quelle thérapie autre que l'espoir pourrait aujourd'hui nous faire tenir? Certainement pas le désespoir, qui nous ouvrirait une voie royale vers un scénario à l'ivoirienne. 

Le vin est-il tiré? Buvons-le, fût-ce sans délice. 

Mon souhait est que le Bénin n'aille pas jusqu'à la lie de ce calice.

Article proposé par un internaute

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