Le Niger s’en sort haut la main. La Côte d’Ivoire n’en finit pas de perdre pied. Et le Bénin ? Gardera-t-il, jusqu’au bout, la tête froide ? La main du Niger, pour signaler la victoire sans bavure de Mouhamadou Issoufou, nouveau Président de la République. Le pied de Laurent Gbagbo que gangrène une crise politique dure et qui dure. Enfin, la tête des Béninois. Ceux-ci attendent dans la fièvre, les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Le Niger de Mouhamadou Issoufou qui rit, la main levée en signe de victoire. La Côte d’ivoire de Laurent Gbagbo qui pleure, toujours sur le pied de guerre. Le Bénin, enfin, qui étonne, en ayant, au lendemain d’une élection vue comme celle de tous les dangers, la tête sur les épaules. Le Niger de Mouhamadou Issoufou montre l’exemple à suivre. La Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo se révèle comme le mauvais élève de la classe. Un contre-exemple. Le Bénin a réussi l’exploit de se caler sur le bon et l’encourageant exemple du Niger.
Les Béninois ont voté dans le calme, le dimanche 13 mars 2011. C’était le premier tour de l’élection présidentielle. Les observateurs, venus d’horizons divers, sont unanimes pour saluer le climat de paix qui a prévalu. C’est l’expression, estiment-ils, de la maturité du peuple béninois.
En réalisant cet exploit, alors que tous les ingrédients d’une explosion étaient réunis, le Bénin a déjoué les tristes pronostics avancés par de non moins tristes individus. Tout comme le Bénin a apporté le démenti le plus cinglant aux ténébreuses prédictions des oiseaux de mauvais augures. Les Béninois sont sortis nombreux pour sacrifier au rituel du vote. Ils attendent le verdict des urnes.
Le Bénin qui se comporte ainsi, emboite le pas au Niger. Il marche sur la piste paisible et pacifique du pays de Mouhamadou Issoufou. Mais, attention, la paix n’est pas une destination. C’est un processus. La paix est une construction continue, permanente. On n’a jamais fini de la gagner. Souvenons-nous en : la Côte d’Ivoire, aujourd’hui à la peine, avait pourtant bien négocié le premier tour de l’élection présidentielle. Pour dire que le climat de paix au Bénin, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, n’a rien d’absolu et de définitif. Les Béninois ne peuvent pas estimer qu’ils ont déjà partie gagnée. La méprise suprême, c’est de croire qu’une embellie suffit à signer la fin de la saison des pluies. L’expérience nous enseigne que les grandes tempêtes sont souvent précédées d’un grand calme.
Alors, qui veut la paix et nourrit l’ambition de la rendre durable doit s’investir à préserver la paix. Comment ?
1- Il faut totalement disqualifier le jeu malsain des appareils politiques et des médias qui agitent des résultats provisoires, encore partiels et parcellaires, pour tirer des conclusions qui intoxiquent plus qu’elles n’informent. Nous devons dramatiquement en prendre conscience : la guerre des chiffres, telle qu’elle est conduite, fait le lit de la guerre tout court.
2- Il ne faut pas nous laisser chloroformer par l’actuel climat de paix du lendemain du premier tour, au point de nous prendre pour ce que nous sommes loin d’être. Nous ne sommes pas blancs comme neige. Des irrégularités ont été constatées. Des dysfonctionnements ont été notés. Tout n’a pas été parfait. Tout n’a pas été pour le mieux dans le meilleur des mondes. La paix qui rend aveugle, sourd ou aphone sur toutes ces choses-là ne prépare pas à un lendemain de vraie paix.
3- Mais où trouver la vraie paix ? Dans le mental des Béninois, toutes appartenances ethniques confondues. Ils doivent transcender les fausses querelles à forts relents régionalistes dans lesquelles ils ont engagé et perdu leur temps et leurs forces. Dans le mental des vainqueurs. Ils doivent avoir le triomphe modeste. Dans le mental des perdants. Car une élection, ce n’est pas la fin du monde. En effet, les hommes passent. Mais ce qui reste, en définitive, c’est le pays.
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