Nous voulons y croire jusqu’au bout. Les Béninois ne sont pas frappés d’une cécité soudaine. Les Béninois ne sont pas subitement devenus sourds. Ils gardent encore leurs yeux pour voir. Ils peuvent encore compter sur leurs oreilles pour entendre. Ils ont leurs têtes en place pour être encore capables d’un minimum de discernement. Au moment où nous écrivions ces lignes, aucune annonce officielle, provenant d’une quelconque autorité, ne s’est formellement et officiellement engagée pour faire bouger les lignes précédemment établies.
Au regard de quoi, la date de l’élection présidentielle reste fixée au dimanche 6 mars 2011. Plus tôt nous serons démentis, mieux cela vaudra.
En tout cas, si cette date était maintenue, les Béninois, pour la première fois, iraient aux urnes dans des conditions plus que déplorables. Cela n’attesterait pas de leur niveau de savoir et de savoir-faire en matière électorale. N’organisent-ils pas des élections et ne vont-ils pas aux urnes depuis soixante-cinq ans ?
Martin Luther King a écrit (Citation) : « Si une personne balaie les rues pour gagner sa vie, il devrait les balayer comme Michel Ange peignait, comme Beethoven composait, comme Shakespeare écrivait ».(Fin de citation).Cette belle et forte idée aurait suffi, nous semble-t-il, pou résumer la plus complète des études jamais consacrée à la notion de perfection. Le Petit Robert définit le mot comme « Degré le plus haut dans une échelle de valeurs, état, qualité de ce qui est parfait, de ce qui est poussé à son terme ». En extrapolant quelque peu nous affirmons que le synonyme de perfection, c’est Dieu. Car qui triche avec la perfection se met en délicatesse avec Dieu.
Qu’est-ce qui est à l’origine de cette soudaine poussée de fièvre qui risque de faire voler en éclats la cohésion nationale dans notre pays ? A quoi tient-elle cette subite crispation entre Béninois au point qu’ils se regardent désormais en chiens de faïence ? Pourquoi de noirs nuages s’amoncellent-ils subitement au-dessus de nos têtes ?
Rien n’arrive par génération spontanée. Les graves menaces qui pèsent sur notre présent et sur notre avenir ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont de sources déterminées. Si nous sommes subitement devenus bancals, que nous marchons de travers, c’est à cause de notre propension à tricher avec la perfection. Et la tricherie, dans le cas d’espèce prend diverses formes : retard, absentéisme, ruse, mensonge, mesquinerie, volonté de tromper…
C’est bien d’une lourde tare qu’il s’agit. Elle célèbre la médiocrité. Elle tresse une couronne à l’amateurisme. Ceci dans tout ce que nous sommes et qui nous identifie. Ceci dans tout ce que nous entreprenons et qui porte notre sceau distinctif. Ainsi, choisir de tricher avec la perfection, revient à signer un pacte diabolique avec l’échec.
Nous savions que nous nous livrons à un exercice des plus difficiles, des plus périlleux en nous engageant dans la mise en place d’une Liste électorale permanente informatisée (Lépi). La perfection, ici, pour nous situer au plus près des préoccupations de Martin Luther King, c’est de mettre à la disposition de notre pays un outil achevé qui nous aide à opérer trois passages majeurs.
- Passage d’un système manuel à un système numérique, induisant un incontestable progrès dans diverses opérations de vote.
- Passage d’un système plus ouvert à la fraude qui entache l’expression du suffrage du citoyen-électeur à un système plus performant, donc plus juste, plus sûr.
- Passage d’un système qui fait grincer la démocratie, avec ses déchets et ses failles à un système qui fait prospérer la démocratie avec des atouts à décliner en termes de fiabilité, de traçabilité…
Voilà la Lépi que les Béninois attendaient sous le sceau de la perfection. Voilà la Lépi que nous devons nous efforcer de leur proposer pour ramener la confiance sévèrement malmenée ces jours derniers. Et nous aurons résolu l’énigme que cache l’absurde équation de ce fameux cours d’eau qui, au lieu d’aller à la mer pour y confondre ses eaux, retourne à sa source.
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