LA LEPI, victime expiatoire de la « béninoiserie »

Par la grâce de Dieu ou par ce génie propre au peuple béninois, nous sommes allés à l’élection présidentielle avec notre LEPI malgré les dysfonctionnements réels dus à la non-mâitrise de cet outil novateur ou aux manœuvres de sabotage d’une partie de la classe politique qui ne veut surtout pas en entendre parler ; malgré l’opiniâtreté du régime YAYI. Les multiples manœuvres tendant à bloquer à un niveau ou à un autre le processus électoral ont toutes échoué, certes ; mais il reste à craindre les violences post-électorales.

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En vérité, nous aurions beau reporter les élections, les trois principales facettes de notre mauvais génie national auront été toujours au rendez-vous pour que ces élections ne se tiennent jamais, au motif qu’il faut recenser tous les Béninois en âge de voter pour qu’ils puissent jouir de leur « droit constitutionnel » ! Ces trois sortes de tares, les mêmes qui se sont toujours donné rendez-vous depuis le début du processus électoral et qui reflètent le malin qui sommeille en nous, ont pour noms : incompétence notoire, misère et surenchère, calculs cyniques et mesquins. D’abord l’incompétence ; elle saute aux yeux tout au long du processus de la LEPI et lors de la phase finale de l’organisation des élections. Contrairement à ce qu’avancent certains compatriotes de mauvaise foi, nous avions eu suffisamment de temps pour réussir notre LEPI. En effet, le pouvoir de faire quelque chose est loin d’être une obligation de le faire. Ce n’est pas parce qu’on a fixé un délai plafond, qu’il faut obligatoirement disposer de tout le temps alloué ; pas plus que ce n’est pas parce qu’on a donné trois heures pour un sujet d’examen, que les étudiants doivent tous terminer ce devoir en trois heures ! Comme ce sont aux étudiants cancres que ce temps ne suffira jamais, c’est surtout à cause de notre incompétence rédhibitoire que nous n’avions pas terminé la LEPI à la date du 31 décembre 2010. Cette incompétence est renforcée par ces deux autres traits caractéristiques de la béninoiserie : misère-surenchère et cynisme-mesquerie. Voyons donc ! Comme il y a beaucoup d’argent injecté dans l’opération par les PTF, le chantage devient de règle en cours d’exécution de contrat pour en changer les termes en bloquant son exécution par des doléances intempestives inacceptables et des arrêts de travail qui obèrent le processus. On veut ainsi tirer autant que possible  son parti de cette manne financière. Mieux, on ne se dépêche pas pour que le travail cesse vite. On lambine, on traîne en longueur pour que ce qui peut être réalisé en un mois, ne puisse pas l’être en deux. Because, ce sera le chômage et derechef la misère si on ferme la baraque. Enfin, la troisième paire de tares de notre personnalité de base résumée par cette appellation synthétique de béninoiserie, c’est notre sport national : la ruse cynique et la mesquinerie. Du bout en bout de l’opération, le génie païen du sabotage en profondeur (cynisme) et la logique mesquine du ventre ont triomphé au sein de la MIRENA comme un rat qui ronge les ficelles d’un cordage ; leurs effets les plus palpables de ces tares, ce sont les anomalies et dysfonctionnement constatés lors de la distribution des cartes d’électeur ; parce que sans ces dysfonctionnements, la composante saine de la CENA n’acceptera jamais le report des élections. De même, cette pagaille lors des opérations complémentaires des mercredi 9 et jeudi 10 mars dont évidemment la classe politique qui ne veut pas entendre parler de la LEPI a excipé pour demander de nouveaux reports des élections, rentre dans ce génie du mal qu’une mauvaise enculturation au vodoun nous a laissé ! Faisons-nous une raison, la conjugaison de ces trois facettes de notre caractère national a une résultante lourde : les prochaines élections ne devraient pas se faire avec la LEPI selon les desiderata d’une certaine classe politique, mais avec les classiques listes électorales manuelles. Rassurons-nous : la violence physique n’est pas notre fort. Mais notre pays se trouve dans une situation délétère dans laquelle elle risque de s’enfoncer pendant après  cette présidentielle. La société béninoise est désormais divisée en deux courants qui s’alignent derrière les deux grandes forces politiques que sont l’UN, défavorable à la LEPI et exigeant toujours des listes manuelles par suite de nombreux soubresauts, et les FCBE arc-boutées sur leur volonté inattaquable d’aller aux élections avec la LEPI. Dès lors, le choix n’est plus alimenté par des considérations techniques, mais par des motivations politiciennes. En tout cas, les vrais patriotes se soucient de l’image déplorable que nous donnons désormais de notre pays à la communauté internationale et surtout à nos partenaires techniques et financiers qui nous allouent généreusement des fonds qui sont les impôts de leurs concitoyens.

 

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