Le commissaire central de Cotonou, Louis Philipe Houndégnon, s’est offert en spectacle en fin de semaine face à des manifestants débarqués dans les rues de la ville. Il a fait matraquer plus d’un, avec à la clé, l’arrestation d’un député, qui n’a pas non plus échappé à ses coups. Houndégnon en fait un exploit et menace d’aller encore plus loin.
En le nommant, il y a quelques mois, à la tête du commissariat central de Cotonou, le président Boni Yayi avait sans doute un objectif à atteindre. Philippe Houndégnon, connu dans le passé pour ses prouesses dans la lutte contre la grande criminalité-Il était le commandant des Raid-n’a pas mis du temps pour se révéler de nouveau aux béninois. Désormais commissaire central de la ville de Cotonou, il mène déjà la barque avec beaucoup de bruits. Son jeune âge dans la profession et dans les lourdes tâches qu’on lui confie, effraye parfois plus d’un. Mais l’homme semble ne pas s’en émouvoir. Il l’a d’ailleurs proclamé à sa prise de fonction : «Je ne ferai pas de discours, c’est sur les actes qu’on me jugera». En fait d’actes, il en a commis vers la fin de la semaine écoulée. Non seulement, l’homme a déployé une armada de policiers armés pour aller réprimer une manifestation de l’opposition contre les résultats du premier tour du scrutin présidentiel, il s’est déporté lui-même sur les lieux pour diriger la troupe. C’est ainsi qu’il se retrouvera nez-à-nez avec le député Akotègon qui conduisait les marcheurs. Puis s’en suivra l’inédit face-à-face qui a failli tourner au drame entre les deux hommes. Selon les déclarations du commissaire Houndégnon, l’honorable aurait tenté de se saisir d’une bouteille d’essence pour l’asperger avant de se rendre compte qu’elle était vide. Pendant ce temps, le flic en chef dressait déjà aussi son arme contre son vis-à-vis, prêt à le fusiller. Du western en pleine rue. Si les faits ainsi rapportés sont réels, il faut se préoccuper de l’audace qu’affiche le commissaire Houndégnon dans ces genres d’évènement Il ne semble pas toujours mesurer les conséquences. A imaginer que l’autre camp s’était vraiment préparé à l’affrontement, le pire se serait sans doute produit ce jeudi midi au quartier Akpakpa.
Devant le juge en charge du dossier, Houndégnon ne démentira pas les faits, mais il avait des difficultés à les prouver. D’où le relâchement pur et simple dont ont bénéficié le député Akotègnon et toutes les autres personnes arrêtées. Face à la presse, le commissaire central de Cotonou affichera cependant la même détermination à agir de la même sorte les autres fois à venir. Il évoque pour ce faire le respect des lois de la république. Reste qu’il y a les lois et l’esprit des lois. En brandissant des armes, matraques et autres armes de combat contre des manifestants à mains nues, la police nationale béninoise donne à réfléchir sur la mission républicaine à lui confiée. Et ici, le commissaire Houndégnon doit savoir raison? garder en ces moments électoraux si sensibles. Ce n’est pas évident que toute répression menée contre des protestataires exerçant un droit démocratique trouve sa raison d’être devant les instances nationales et internationale en charge des droits de l’homme et des peuples. q
Vers un affrontement général
Les interventions de la police contre les manifestations de protestation des militants de l’opposition risquent de dégénérer en affrontement général entre les forces de l’ordre et les civils. Car, à l’analyse de la répression policière du jeudi dernier occasionnant des arrestations dont celle du député de l’opposition Raphael Akotègnon, tout laisse croire à une incitation à la révolte civile. Face au sujet objet des manifestations notamment, celui lié au contentieux électoral, le gouvernement ordonnateur des actions de la police en est un camp adverse. Dès lors, toute action de la police en ce sens ne peut être ‘‘similée’’ à un «abus de pouvoir» ou à une «mission commandée ». En effet, on y verrait difficilement une action visant la sécurité du citoyen. Pour être plus explicite, on dira que ce sont des intimidations orchestrées pour faire taire l’opposition sur la question posée. Reste que le contexte sociopolitique actuel ne s’y prête guère. Mieux, les manifestants ne font que leur devoir constitutionnel en organisant des actions de protestation en vue de faire rétablir la vérité au sujet du scrutin du 13 mars dernier. La police ne le fera pas à leur place et pourquoi la leur interdire donc. Il suffit en effet, que la cour constitutionnelle tienne devant le peuple un langage de vérité sur les reproches de l’opposition à propos du scrutin du 13 mars 2011. Elle doit se prononcer dans l’immédiat sur les recours en annulation de scrutin pour autant qu’elle reste et demeure la seule institution chargée de faire la lumière sur la transparence du vote en vue de rendre crédible le résultat du scrutin
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