Le ministère de l’économie et des finances continue d’être paralysé. Les grèves entamées depuis des mois se poursuivent sur un ton encore plus dur. Mais tout laisse croire que personne ne s’en préoccupe vraiment. La situation est critique et tue à petits coups une économie béninoise déjà affaiblie par d’autres facteurs. Le secteur de l’économie et des finances du Bénin est en panne depuis des mois. La Fédération des syndicats internes n’est pas encore prête à démordre. Les 72 heures hebdomadaires d’arrêt de travail, seront désormais renforcées par les deux journées ouvrables restantes de la semaine, à consacrer aux sit-in et autres mouvements de protestation. Cette dernière décision est issue de l’assemblée générale organisée ce lundi par la Fesyntra-Finances à Cotonou.
Si l’affaire Dangnivo a longtemps occupé le devant dans cette grève, elle ne semble plus intéresser grand monde aujourd’hui. Puisque le dossier est au statut quo. Les enquêtes judiciaires sont inachevées. Et l’espoir de retrouver vivant ce cadre du ministère de finances, disparu une nuit du 17 août 2010, s’amincit de jour en jour. Côté gouvernement, l’on continue de penser qu’il a été assassiné. Des personnes soupçonnées et arrêtées croulent déjà en prison. Des signes de lassitude autour de ce dossier sont de plus en plus perceptibles dans le rang des grévistes. L’indexation des salaires est la seconde revendication dite majeure qu’ils brandissent depuis peu. Ils exigent notamment la multiplication du point indiciaire par deux, prétextant que les mêmes avantages ont été déjà accordés aux enseignants et aux agents du secteur de la santé. Bref, le combat se poursuivra donc du côté du ministère de l’économie et des finances, dans tous ses démembrements dont les recettes perceptions, les directions départementales et autres structures installées sur l’ensemble du territoire national.
Reste qu’il y a un véritable drame qui se confectionne à petits coups à travers cette grève, lorsqu’on sait que le secteur concerné ici est l’un des plus sensibles et plus stratégiques du pays. Comment comprendre d’ailleurs qu’il peut être tant secoué au vu et au su de tout le monde ? Même si la question est au cœur des négociations gouvernement-syndicats actuellement en cours, beaucoup de béninois s’indignent du grand silence qui s’est observé pendant longtemps autour de cette grève au niveau des différentes institutions de la république. A commencer par le gouvernement qui n’a rien fait pour calmer les ardeurs des grévistes. Bien au contraire. Les attitudes notées au sein du pouvoir exécutif frisent un certain mépris vis-à-vis de ces travailleurs qui défendent pourtant une cause juste. Tout donne à croire que leur grève ne gênait en rien le gouvernement, qui devrait être soucieux des impacts négatifs sur l’ensemble des structures du pays. D’autres institutions appelées à s’investir pour la résolution de cette crise sont également demeurées bouche bée. Qu’ont pu faire réellement le Haut commissariat à la gouvernance concertée, le médiateur de la république, le Conseil économique et social ? Pas grand-chose, si ce n’est que des appels laconiques au calme. Presque tout le monde a laissé la situation perdurer, créant d’énormes désagréments à tous les niveaux.
Les douleurs des particuliers et autres prestataires de service
Si les salaires des travailleurs de l’Etat continuent d’être traités et payés chaque fin du mois, en dépit de cette grève, les dettes envers les particuliers en ont beaucoup souffert. Certains poursuivent toujours les va-et-vient entre le trésor public et leur lieu de travail, dans l’espoir de rentrer en possession de leurs dus. Des chèques souffrent depuis des mois dans les tiroirs du ministère des finances. Les lamentations des prestataires de service s’amplifient au rythme de la durée de cette grève. L’injustice est palpable ici, d’autant que les travailleurs en charge du traitement des dossiers s’occupent plutôt des salaires, les deux jours qu’ils sont au service, à savoir, les lundis et les vendredis. Si certains particuliers passent par des voix indirectes et discrètes pour se faire servir-non sans soudoyer aussi tel ou tel agent- la grande masse est laissée pour compte.
Au demeurant, c’est une situation bien critique que vit depuis des mois le ministère des finances et de l’économie. Elle est d’autant plus criarde dans un pays pauvre comme le Bénin, dont l’économique est déjà très faible. Cette grève semble avoir trop duré. Il urge que les parties en conflit trouvent enfin les solutions nécessaires pour y mettre fin. A l’heure où d’importantes réflexions se mènent sur les nouvelles réformes économiques à engager pour booster le développement des pays les plus pauvres de la planète, la paralysie interminable des secteurs sensibles de l’Etat comme celui de l’économie et des finances, doit être bannie à jamais. Le Président Boni Yayi à qui le peuple vient d’accorder un second mandat, est vivement interpellé sur ce dossier et devrait pouvoir le régler une fois pour de bon.q