La saison des reniements ou le retour des vautours

Des messages de félicitations à l’endroit du candidat-président à sa propre succession -et dont l’élection à la présidentielle est contestée- des appels à l’apaisement en direction des leaders de l’opposition et leurs partisans -qui clament que la vérité des urnes a été volée au peuple-; ce sont autant de signes marquant la saison des reniements qui annoncent le retour des vautours. Le contraste saisissant qu’offre l’absence, dans le camp présidentiel «vainqueur», de la liesse populaire spontanée qui accompagne les résultats définitifs n’est finalement pas dissuasif pour les auteurs desdits messages de félicitations. Bientôt, il y en aura parmi nos compatriotes pour publiquement déclarer avoir marre de rester dans l’opposition. Ceux qui y sont depuis 5 ans ou moins, sans conviction, ne font pas tous de l’opposition de principe. Ils auront des raisons de faire des clins d’œil doux au prince charmant et charmeur, de se battre des pieds et des mains pour se voir attribuer un strapontin. Comme ce fut le cas de ce cadre de la Renaissance du Bénin passé, en 2006, dans les allées du pouvoir Yayi, après des gages donnés d’une déclaration solennelle, finalement, faite à cet effet. Sans vergogne. A la suite de quoi, il a reçu sa récompense en devenant le gestionnaire de l’un des plus importants marchés du pays. Comme une carpe, il s’est emmuré dans un silence assourdissant auquel les Béninois n’étaient pas habitués de sa part. On se demande dès lors si les sujets et problèmes de gouvernance sur lesquels il s’égosillait naguère, vilipendant le système politique d’alors, ont trouvé de solution.

Contemporains de notre histoire politique, au moins depuis la mémorable conférence nationale de février 1990, comme beaucoup de Béninois, nous avons vu faire les auteurs de ces messages de félicitations et d’appels à l’apaisement. Parmi eux, il y en a franchement qui sont de vrais girouettes. Des gens qui aiment toujours rester dans la direction du vent. Prêts à lécher des bottes pour des intérêts bassement personnels au détriment de ceux de leurs militants ou de leur parti, s’ils en avaient un.

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Il n’y a pas si longtemps, on en a vus se mettre en opposition ouverte à Boni Yayi qui promettait de leur faire rendre gorge et de les envoyer croupir en prison. Dans le cadre des actes de détournements qu’ils auraient commis, par le passé. La menace de les faire traduire devant la Haute Cour de Justice les a amenés à produire des déclarations et à s’attaquer vertement au même président de la république qu’ils adulent aujourd’hui. Dans la foulée, à l’époque, ils se sont décidé à soutenir, rien que pour la raison évoquée, un autre candidat. Et du jour au lendemain, on les a vus se positionner soit pour Abdoulaye Bio Tchané, soit pour Adrien Houngbédji, sûrs qu’ils étaient de pouvoir célébrer la victoire de ce côté-là. Mais à peine les résultats définitifs proclamés, dans l’autre sens, et que le deuil de l’échec à faire était encore en cours, qu’ils se la jouent déjà malin en reprenant avec l’une de leurs vieilles habitudes. Celle qui, entre autres, a fait perdre la machine des principaux challengers de Boni Yayi et qui à nom la «traitrise», style Juda. Rien de surprenant pour qui les connait et qui les a suivis dès le début du processus électoral finissant. Et ils seraient passés inaperçus et laissés à leur triste sort -pour autant que leur poids politique réel soit négligeable- si de par leur jeu malsain, ils ne prenaient pas de vitesse leurs partenaires de longue date ou de circonstance. Au gré du vent et des impératifs de  leur ventre.

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