La traque de Désiré Vodonou

Au lendemain de la décision de la Cour constitutionnelle qui déchoit Désiré Vodonou de son titre de député, le gouvernement a déclenché une traque contre l’honorable indélicat. Toute la journée d’hier, des perquisitions ont été opérées dans sa résidence de Cana, dans la région du Zou-Collines, à 250 km environ au nord de Cotonou. Autour de sa seconde résidence de Godomey, ville voisine de la capitale économique, la filature annonce l’imminence d’une nouvelle perquisition. L’homme le plus recherché au Bénin, en tout cas depuis hier, s’appelle Désiré Vodonou. Au lendemain de la décision N°EL 11-005 de la Cour constitutionnelle qui déchoit Désiré Vodonou de son droit de vote et par surcroît de son titre de député, la justice a aussitôt entrepris une chasse à l’homme, comme si elle n’attendait que ça. Un peu avant midi, un bataillon de policiers, une quarantaine selon des témoins, ont pris d’assaut la maison de villégiature de l’ex-honorable sise à Cana dans la commune de Zogbodomey. Arrivés sur les lieux, ils ont d’abord ceinturé la maison avant de l’investir et de la mettre à sac. Selon toujours les mêmes sources, les portes ont été défoncées, des meubles saccagés et ceci pour un résultat dérisoire. L’honorable Vodonou ne s’y trouvait pas, encore moins ses ouailles. En tout et pour tout, les policiers n’ont  réussi à mettre la main que sur un de ses cousins, le nommé Arsène qui a été conduit à Cotonou, dans l’un des véhicules de l’honorable  recherché.  Après eux, c’est un contingent de plusieurs dizaines de gendarmes, sous le commandement du Général de brigade Lègba Kocou Sémégan. Ils doivent relayer les policiers pour la même cause. A Godomey où se situe sa résidence de Cotonou, la surveillance serait très pointue. Des policiers en civils rôderaient en permanence autour de la maison et seraient même très visibles avec leurs talkies-walkies en main. Des indiscrétions annoncent qu’une horde de gendarmes vont être déployés ce jour autour de la maison et même dans tout le quartier. Selon l’honorable Lazare Sèhouéto, président de Force Clé, parti dont le mis en cause est membre,  ces différentes perquisitions se seraient passées sans mandat. Il cite des sources proches des procureurs de la république de Cotonou et d’Abomey qui auraient refusé de délivrer le mandat de perquisition ayant constaté que le dossier n’est connu d’aucun tribunal béninois.

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Les implications politiques

Cette décision rendue par la Cour constitutionnelle mercredi dernier aurait de fortes implications politiques. La première c’est qu’elle ampute la liste présentée par l’Union fait la nation(Un) d’un député. En effet, Désiré Vodonou est tête de liste de l’Un dans la 24è circonscription électorale où il y a 4 sièges à pouvoir et où il est très apprécié pour ses œuvres philanthropiques. Son départ crée un grand vide pour la plus grande coalition de l’opposition dans cette zone et ce vide pourrait être bénéfique pour les Fcbe soutenus par le Chef de l’Etat. L’autre chose, c’est l’incertitude autour de son remplacement. L’honorable Lazare Sèhouéto précise que ceci ne devait pas poser problème puisque les membres de la mouvance présidentielle ont, eux, la possibilité de modifier leur liste à tout moment. Ce dont l’opposition pourrait aussi bénéficier. La seconde c’est qu’elle affiche la volonté du gouvernement d’en découdre avec tous ses adversaires politiques. Sinon, comment comprendre tout ce déploiement de militaires et de policiers pour traquer un homme dont la forfaiture est commise à l’étranger et qui n’a aucun préjudice sur les finances publiques. Lazare Séhouéto n’hésite pas à conclure, «c’est un harcèlement politique». Il s’inquiète de la gradation notée dans le piétinement des procédures et la violation des textes de la République avec la levée de cette immunité de l’honorable Vodonou et surtout de sa traque alors qu’aucun procureur n’a délivré un mandat de perquisition pour cela. «Quand la satisfaction de la volonté d’un seul individu devient la seule préoccupation des institutions, c’est la dictature qui s’installe», a-t-il conclu.

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