Législatives : les leçons d’une campagne

Rideau sur la campagne des législatives. Une campagne plutôt terne. Peut être comparée à celle de l’élection présidentielle qui, il faut le reconnaître, répond à une tout autre logique. Le 30 avril, plus de 3 millions d’électeurs auront à se pencher, dans le calme de l’isoloir, sur la candidature de plus de 3 000 de leurs compatriotes. Seulement 83 gagneront le droit de siéger à l’Assemblée nationale, honorés du titre de députés de la nation. Avec les  prérogatives de représentants du peuple de la 6ème législature sous le régime du renouveau démocratique.

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Cette campagne des législatives aura agi comme un révélateur. Tout ce qui a été donné de voir et d’entendre interpelle l’observateur de la scène sociopolitique. Il y a, à la clé, de la matière pour mieux comprendre et pour mieux appréhender la donne politique dans notre pays.

Le bras de fer autour de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) s’est limité à un seul round. Comme  à la boxe, le KO du premier tour de la présidentielle a mis fin au combat faute de combattants. Les « Oubliés de la Lépi » savent désormais leur sort  scellé. En perdant une bataille, ils ont aussi perdu la guerre.

Et puis, le pardon public du Chef de l’Etat pour les infirmités de la Lépi  est à prendre pour une invite à observer le principe chrétien  de  «  à tout péché miséricorde ». Il faut, en effet, absoudre, pour la paix des cœurs et des esprits, ceux qui, au lieu de l’outil de progrès démocratique  que nous attendions, nous ont finalement fourgué un monstre électoral.  Ainsi, les législatives, en rapport avec la Lépi, enregistrent de solides frustrations et résignations. Qu’elles soient muettes ne veut pas dire qu’elles n’existent pas.

Par ailleurs, de toutes nos élections, ce sont les législatives qui renseignent le mieux sur la place et sur le rôle des partis politiques dans notre système démocratique. La Constitution, en son article 5, dispose (Citation) : « Les partis politiques concourent à l’expression du suffrage » (Fin de citation). Les tâtonnements observés çà et là, les combinaisons sinon les combines de toutes sortes qui ont marqué la confection des listes électorales ont étalé les limites de nos partis politiques. Nous avons affaire à des clubs électoraux qui bradent la souveraineté du peuple. Celle-ci échoit moins à ceux qui ont le profil de l’emploi, l’étoffe de la fonction qu’à des adjudicataires qui s’adjugent un marché au jeu du plus offrant et dernier enchérisseur. Ce qui rapprocherait les législatives, hors les apparences, d’une foire aux affaires. Est-ce un hasard, de ce point de vue, qu’ils ne soient pas peu nombreux les opérateurs économiques candidats ?

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C’est ce manque de qualité du personnel demandeur, solliciteur des suffrages de nos populations, qui explique la pauvreté du discours  de la campagne des législatives. On en est encore à faire croire que le député a pouvoir de construire des centres de santé et des routes, des écoles et des marchés. C’est vrai que ce mensonge chatouille les aspirations des populations et caresse leurs attentes. Mais Wolof du Sénégal nous avertissent : « Si le mensonge donne de fleurs, il ne donne pas de fruits » (Fin de citation)

On a aussi dit que le Président de la République ne peut gouverner qu’en disposant d’une confortable majorité au Parlement. Comme si l’on voulait faire fi du fait que nous sommes dans un régime présidentiel, sinon présidentialiste. Le Chef de l’Etat dispose de pouvoirs étendus. Ce qui lui donne une large marge de manœuvre et des coudées franches pour gouverner. L’argument est plus électoraliste que politique. Il n’est articulé que pour  ratisser large. C’est peut-être malin, mais c’est franchement vilain.

De même, on a appelé à un vote sanction contre l’exécutif, après le KO du premier tour de la présidentielle. Ou bien ce KO est le produit d’un hold-up électoral et les causes qui ont fait gagner un camp à la présidentielle ne  produiront que les mêmes effets aux législatives. Ou bien tout est clair comme de l’eau de roche pour la présidentielle, et l’on peut estimer que qui a alors bu la tasse, une première fois, ayant  subi un sévère revers, peut en boire une seconde fois. C’est aussi cela la mathématique électorale.

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