Affaire DSK : de la fin d’un «champion» à l’improbable scénario du complot

Dominique Strauss Kahn est grillé. Politiquement et humainement. Le désormais ancien favori de la course à la présidentielle 2012 en France a été touché là où ça fait le plus mal. Que l’on soit un homme public de son rang ou un ordinaire anonyme. Au cœur de son honneur et de sa dignité. Les images d’un homme proscrit, menotté et encadré par deux policiers newyorkais ne viennent pas arranger les choses. Out, DSK ! La puritaine Amérique va se venger de Roman Polanski et de tous les autres potentiels violeurs réfugiés en Europe. La Gauche française peut déjà commencer à reconsidérer ses chances de l’emporter face à Nicolas Sarkozy en mai de l’année prochaine. En attendant, le dernier carré de soutiens veut mettre à jour un complot. Improbable, mais dernier espoir pour le Directeur Général du Fonds monétaire international. Pfff !

Dominique Strauss Kahn est accusé de crime. Après des accusations de légèreté. Le scandale de la Porsche dans laquelle il avait pris place lors d’un  récent déplacement en France, au mépris des règles de bonne tenue en vigueur à Gauche, n’était donc en fait qu’un nano-événement. Le plus dur restait à venir. Venir en quelques heures ruiner définitivement l’irrésistible ascension de DSK depuis l’échec de Ségolène Royale à la présidentielle française de 2002. Sous les traits d’une femme de chambre de l’Hôtel Sofitel de New York qui porte plainte contre le DG du FMI pour séquestration, agression sexuelle et tentative de viol. Rien que ça. Passible aux Etats-Unis d’Amérique d’une peine cumulée de 25 ans de prison.

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L’amère potion. Amère pour la France. Qui perd loin de ses terres un de ses plus valeureux spécialistes de l’économie internationale. Qui perd une image de respectabilité et de droiture. Qui écorne son capital en matière de bonnes mœurs. Strauss Kahn n’est peut-être pas la France, mais c’est bien à titre de représentant de la France qu’il dirigeait jusque-là le FMI. Amère potion aussi pour la Gauche française. Atterrée et incapable de réagir. Ayant perdu en une nuit son principal atout dans la conquête du fauteuil présidentiel face à un Nicolas Sarkozy qui se mure dans le silence de la délectation savoureuse. Une Gauche qui voit aussi son image écornée par le comportement présumé d’un homme en qui tous semblaient tout de même, en bout de course, prêts à placer leur confiance. Amère potion enfin et surtout pour DSK lui-même et ses proches. Qui voient une formidable promesse d’avenir se désintégrer par la faute d’une libido à fleur de peau. Pour peu que les faits rapportés jusque-là soient établis.

Néanmoins, dans certains milieux, la formidable volonté de voir DSK se dépêtrer de cette scabreuse affaire, fait couler quelque encre et salive persuadées de la théorie du complot. Peut-être pas à tort. A l’étape actuelle de la restitution des faits, il a été établi que le premier tweet posté sur cette affaire émane d’un webmaster du parti présidentiel en France, vingt minutes à peine après le début des événements. Sans que l’on sache comment la nouvelle est parvenue à l’internaute. Plus troublante encore serait l’hypothèse selon laquelle, la jeune femme de chambre aurait pénétré dans la suite du DG du FMI en la pensant inoccupée et sans s’être rendue compte, malgré la présence d’affaires personnelles, de la probable présence d’un occupant. Pas en tout cas avant que DSK n’ait fait irruption hors de la salle de bain, et que les faits à lui reprochés ne se produisent. De plus, plusieurs témoins auraient vu Dominique Strauss Kahn aller régler ses notes d’hôtel en toute tranquillité, avant son départ, remettant en cause la thèse du départ précipité. Enfin, la rapidité de l’arrestation d’un homme public, couvert pourtant par les privilèges et immunités diplomatiques, fait présager d’un complot envisagé et mis en exécution à un très haut niveau interétatique.

Mais quand on a fini de se bercer de ces illusoires preuves de manipulation et de gloser sur l’invraisemblable, il y a tout de même un inévitable retour à la vérité historique. L’ex-favori de la Gauche française n’en serait pas à son premier coup du genre. En 2002, le FMI ne lui a concédé sa confiance que suite à l’absence de plainte et de preuves de népotisme dans un dossier qui l’avait déjà éclaboussé. Et depuis l’éclosion de la nouvelle affaire DSK, les accusations et les plaintes se multiplient tant aux Etats-Unis qu’en France pour accabler un homme de plus en plus seul. Comme quoi, pour puissants que sont les rois, ils sont ce que nous sommes, de simples mortels, avec nos tares et nos défauts. Dominique Strauss Kahn, tout-puissant Directeur général du FMI l’apprendra à ses dépens si jamais les accusations à son encontre étaient établies : le sexe est le début et la fin de tout… pour ceux qui en ont l’usage facile et prioritaire.

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