Boni Yayi veut lutter contre le retard

A l’ère de sa « refondation », Boni Yayi entend aussi livrer bataille contre la culture du retard. C’est un secret de polichinelle, en effet, que nous avons une propension anti-développement à entretenir le retard et la perte de temps. Et Dieu sait que nous les avons de façon proéminente. C’est contre ce mal endémique qui fait perdre d’énormes ressources au pays, que Boni Yayi version « refondation » entend partir en guerre. Vendredi 27 mai dernier, il devait procéder au lancement des Journées nationales de vaccination contre la poliomyélite. La cérémonie de lancement était prévue pour 9h. Le ciel était couvert et les premières gouttes de pluie avaient commencé à mouiller le sol. Dans la cour de la Maison des Jeunes de Sèmè-Kpodji, des bâches étaient prévues pour accueillir les participants à la cérémonie. Quand le chef de l’Etat arrive sur les lieux à 9h05, juste une poignée de personnes, essentiellement les enfants et quelques femmes ayant fait le déplacement pour faire vacciner leurs nourrissons.

Les officiels n’étaient pas là. Juste le ministre de la Santé, le ministre de l’Economie maritime, le préfet des départements de l’Ouémé-Plateau,  un ambassadeur et quelques cadres. Constatant la situation, Boni Yayi ne s’est pas posé mille questions. Il a procédé sans protocole majeur au lancement de l’opération en administrant les gouttes du vaccin à quelques enfants et a pris congé des lieux. Mais avant de partir, il a tenu à dire aux hommes de médias qu’il fallait bien montrer les chaises vides et inviter les gens à changer de mentalité car, à l’heure de la refondation, ce sera désormais la ponctualité.

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Une telle action, dont on a été si souvent sevré pendant ces dernières années, gagnerait, pour porter ses fruits, à ne pas rester un épiphénomène. Aussi me semble-t-il souhaitable qu’elle se répète plus souvent pour devenir une véritable habitude. Si désormais, le chef de l’Etat lui-même, les ministres et toutes autres autorités peuvent arriver à l’heure aux activités et, dans le timing, s’acquitter de leurs obligations sans se soucier des retardataires, nous aurions fait un grand pas dans le sens positif. Car, connaissant un peu comment nous faisons les choses ici, il ne serait pas surprenant que d’ici à là, quelques sous-fifres, comme lors de la marche verte contre la corruption, répètent le geste de façon folklorique, le temps des sensations, et s’en retournent simplement à leurs vieilles amours.

On peut déjà féliciter Boni Yayi pour ce geste et l’encourager à poursuivre inlassablement dans cette direction. Et si tous peuvent suivre sans désemparer, ce serait tant mieux. Ce ne sera pas pour déplaire à un certain Pascal Irénée Koupaki, le seul sinon le plus constant du régime, sur les cinq dernières années, à faire preuve de ponctualité à toutes les manifestations où il est attendu ; mais sans jamais prendre les caméras à témoin.

En tout cas, si le chef de l’Etat s’y met aussi avec régularité et sans forcément se plaindre aux caméras, il aura donné un signal fort qui pourrait nourrir une nouvelle dynamique. Pourvu que ça dure dirions-nous. Car, au début de son premier quinquennat, il y a eu aussi des actions d’éclat qui, hélas, n’ont pas été perpétuées, laissant les anciennes méthodes décriées reprendre le dessus. Vivement qu’il n’en soit plus ainsi…

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