L’Un, un navire en manque de capitaine

Bénin – Deux voix discordantes au cours de la même journée et sur le même sujet.  Dimanche dernier sur les plateaux de télévision, Bruno Kangni et l’honorable Saka Fikara ont livré à la face du monde le malaise et le dysfonctionnement profonds dans lequel l’Union fait la nation (Un) est plongée depuis les dernières élections présidentielles et législatives. Et même si le communiqué de son coordonnateur est venu, comme pour rattraper les dégâts,  la cacophonie du jour n’enlève rien au préjudice causé à l’image de la coalition.

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L’Union fait la nation(Un) se cherche. Il a suffi de l’échec à l’élection présidentielle du 13 mars dernier pour que l’Un qui a fait bonne facture jusque-là commence à exposer ses maladies. Même la plus vieille, la trahison, qu’on croyait qu’elle avait exorcisée revient au galop avec plus d’acuité. A peine, les élections terminées, ceux qui avaient juré naguère fidélité et appartenance à vie à l’Un, ont commencé à se dédire et à envisager une nouvelle aventure politique en dehors de cette union. C’est la Rb qui donne le top, brandit une prétendue «main tendue» du Chef de l’Etat pour s’émanciper une fois de la tutelle de l’Un dont Léhadi, son néo-président, n’a cessé de revendiquer la paternité. A peine ses alliés ont eu le temps de prévenir son geste que la voilà dans les bras du Chef de l’Etat. Récompense: un poste dans le bureau de l’Assemblée nationale (2e vice-présidence) et un portefeuille ministériel au gouvernement. Groggy, l’Un cherche à se racheter après avoir montré pendant des mois à ses militants l’image d’un bloc compact qui a survécu à toutes les tentatives de cassure. Que faire lorsque le membre fautif s’appelle la Rb dont le président d’honneur est Nicéphore Soglo? L’équation est si difficile à résoudre que l’Un ne s’empresse pas de statuer sur le dossier ou de prendre le moindre communiqué, comme il en a l’habitude. Et malgré le boycott de la réunion de crise par Léhadi, aucune sanction. C’est justement en surfant sur ce laxisme que Bruno Kangni a profité pour se présenter à a télévision avec le titre impressionnant de «porte parole» qu’il ne détient plus, de droit depuis que les élections sont terminées. Dimanche sur le plateau de Canal 3, il a non seulement soutenu la Rb dans sa démarche mais confirmé qu’elle est dans le gouvernement au nom de l’Un. Au même moment, sur le plateau de Golf Tv, Saka Fikara tenait au nom de l’Un le point de vue contraire. C’est le comble. Les rares militants qui font encore confiance à cette coalition ont simplement compris que le navire Un souffre d’un grave dysfonctionnement et manque d’un vrai manager. En effet, depuis les dernières élections, elle fonctionne comme une nébuleuse avec des clans qui font allégeance à des leaders de zone. Les instances dirigeantes de la coalition, comme la conférence des présidents, ne se réunissent presque plus. Les rares rencontres au sommet de l’union n’ont lieu qu’avec un nombre restreint de leaders. Bruno Kangni a profité de cette situation pour réussir son coup et s’attirer l’estime des faucons du pouvoir. Le coordonnateur de l’Un, ayant constaté le dégât de l’intervention de Bruno Kangni sur Canal 3 s’est empressé de sortir un communiqué pour montrer que le poste de porte-parole n’existe pas dans l’organigramme de l’Un. Il désavoue sans le nommer  Bruno Kangni apparemment guidé par un intérêt égoïste. Mais le mal est déjà fait. De ces deux émissions, les militants en sont sortis avec la crainte et des inquiétudes plus renforcées. Celles d’une union en proie à un grand dysfonctionnement et qui fonctionne sans tête. Bruno Amoussou, son président s’est terré dans un mutisme insondable, donnant simplement l’impression d’être dépassé par les choses. Et ça, le communiqué n’a pu le gommer de la tête des milliers de militants qui, médusés, ont assisté dimanche à cette cacophonie médiatique, a nul autre pareil.

 

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