Yayi lâche les langues nationales

Depuis le week-end dernier le premier gouvernement de la deuxième mandature du président Boni Yayi est connu. Le public béninois en a pris connaissance ce lundi 30 mai dans les colonnes des journaux. Déjà  chacun s’interroge sur le devenir de nos langues nationales. « Laissez-moi lire votre journal ! s’écrie un passager à bord d’un taxi ville sur la route Cotonou-Porto-Novo. Tous étaient curieux de découvrir l’album photos et la dénomination des vingt six ministères du nouveau gouvernement. Ils s’étonnent. «Ministère  de la culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme !»  «Et la promotion des langues nationales, tant prônée ?». «A peine l’initiative a-telle été prise, qu’elle s’est aussitôt estompée ! s’exclame un fidèle lecteur des journaux de la place.

Qu’il nous souvienne qu’en 2006 lorsque le président Boni Yayi prenait les rênes du palais de la Marina, il a inscrit dans son programme la promotion des langues tant négligées par ses prédécesseurs. Le département ministériel  qui avait en charge la culture  s’appelait «ministère de la culture, de l’artisanat et du tourisme». Avec l’initiative prise par l’Etat de promouvoir les langues, il a été créé le «Ministère de l’alphabétisation, et de la promotion des langues nationales ». Le professeur Roger Gbégnonvi en avait assuré la charge. Lui-même enseignant au département de Linguistique de l’Université d’Abomey-Calavi, avec l’appui de ses paires, il a été défini des projets comme la mise en place d’une Mission d’introduction des langues nationales dans le système éducatif. Et comme en politique, on doit s’attendre à tout, le remaniement suivant a fait partir Roger Gbégnonvi pour installer Galiou Soglo à la tête d’un ministère qui se retrouve cette fois-ci couplé. A l’époque, la culture cohabitait avec l’alphabétisation et la promotion des langues nationales. L’espoir de valoriser les langues nationales, s’estompait peu à peu, mais le désespoir ne figure point dans notre dictionnaire de poche. Avec le premier gouvernement du deuxième quinquennat de Boni Yayi, rien n’est déterminé. Si le groupe nominal «la promotion des langues nationales » disparait de l’appellation et ne figure nulle part, à quoi ont alors servi toutes ces rencontres sur l’éducation, consacrées à l’introduction des langues dans le système éducatif ? Est-ce la fin du rêve tant nourri ? De toute façon, si l’Etat baisse les bras, les structures privées seront toujours dans la course. Cependant,  les initiatives privées doivent tout au moins être épaulées par l‘Etat à travers un ministère ou un service.

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