Démocratie au Bénin : le Ces, une institution républicaine de veille (partie 1)

Souvent cité à travers ses activités au Bénin, le Conseil Economique et Social reste une institution constitutionnelle. Pas toujours perçu comme une importante structure d’éveil, de garde, de dynamisme et de progrès, en matière de vie économique, sociale, culturelle et environnementale du Bénin, le Conseil Economique et Social est aujourd’hui à l’exercice de sa quatrième mandature, avec des ambitions fortes pour le pays…

Remis au goût du jour à la faveur de l’instauration du Renouveau démocratique au Bénin, en Février 1990, le Conseil Economique et Social avait fait une brève apparition dans le paysage institutionnel de l’Ex-Dahomey en 1968. Le CES a été institué par la Constitution du 28 Février 1958. Cette première expérience du Conseil Economique et Social a malheureusement connu une existence éphémère (six mois), puisque interrompue par le Coup d’Etat militaire du 10 décembre 1969. Présidée à cette époque de la vie politique de l’Ex-Dahomey par Feu Taïrou CONGAKOU, cette institution a été dissoute le 10 décembre 1969.

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Le Renouveau Démocratique lui a consacré une existence légale et la Constitution du 11 décembre 1990 l’a réaffirmé à travers ses articles 139, 140 et 141.

Assemblée Consultative Constitutionnelle des forces économiques et sociales de la nation, provenant des organisations socio-professionnelles, des associations et de la société civile, le Conseil Economique et Social est chargé d’éclairer, par ses avis et recommandations, le Président de la République et l’Assemblée Nationale, sur les problèmes d’ordre économique et social dont il est saisi, ainsi que les réformes lui paraissant conformes ou contraires à l’intérêts général.

Fonctionnelle depuis le 17 mai 1994, cette Institution de la République donne son avis sur les projets de Loi, d’ordonnance ou de décret ainsi que sur les propositions de loi qui lui sont soumis. Les projets de Loi, de programmes à caractères économique et social lui sont obligatoirement soumis pour avis. Le Président de la République peut consulter le CES sur tout problème à caractère économique, social, culturel, scientifique et technique.

Cette Institution de la République fait montre d’un dynamisme qui pousse les Conseillers à vivre dans une ambiance de convivialité, de franchise et de fraternité, toutes choses qui font évoluer les dossiers parfois nombreux, liés à la saisine aussi à l’auto-saisine, car il faut mentionner que le Conseil Economique et Social peut s’auto-saisir de toute question d’intérêt national relative à la vie économique, sociale, culturelle et environnementale du Bénin.

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Cette Institution Constitutionnelle est formée de 30 membres (5 sont nommés dont 3 membres par le Président de la République et 2 membres par l’Assemblée Nationale), et 25 sont élus et siègent pour un mandat de 5 ans. C’est ainsi qu’après déjà trois (3) mandatures menées à terme, notamment 1994 à 1999, 1999 à 2004 et 2004 à 2009, les Responsables du CES sont arrivés à imprimer une marque à l’existence d’une structure Républicaine sur laquelle les béninois peuvent désormais compter, à travers une politique efficace d’écoute, sur le terrain d’édification de la démocratie et du développement durable au Bénin en restant ouvert sur l’Afrique et le Monde.

La quatrième mandature et les grands défis

Sous l’ère du Renouveau Démocratique, après les Présidents Valentin AGBO et Raphiou TOUKOUROU, le Président Nicolas ADAGBE a pris les rênes du pouvoir au CES en juillet 2009. Après deux ans de gestion à la tête de l’Institution depuis mai 1994, les efforts et priorités engagés sont poursuivis avec ardeur, volonté de relever les défis et les nécessités de gagner le pari.

D’abord la modernisation du CES au plan administratif ; le renforcement institutionnel et technique ; la gestion des analyses et réflexions prospectives ; celle de la communication à l’ère des technologies de l’information ; l’ambition à mettre en œuvre pour capitaliser les ressources humaines, gage d’une administration moderne ; l’implication du CES dans la gestion et la prévention des crises nationales ; la présence de l’Institution dans les Associations et Unions d’Afrique ; de la Francophonie et du Monde…

Les trois Commissions permanentes du CES, notamment celles de l’Economie et Finances ; du Développement Rural et Environnement ; des Affaires Sociales et Education sont devenues des creusets de mise à jour permanents des Dossiers, des sujets d’auto-saisine, de recherches pour des actions décisives. Et le rôle des Assistants des Commissions s’est trouvé renforcé et amélioré pour des documents de qualité qui sont produits, des textes clairs et précis, acceptés des Hauts Conseillers de la République. La célérité dans le traitement des Dossiers, la souplesse observée dans la diligence d’exécution des tâches par le Directeur de Cabinet, le Secrétaire Général, par le Secrétariat Particulier avec une promptitude dans l’exécution des tâches, les Directions liées aux Ressources Humaines ; celle des Commissions et Sessions toujours à l’œuvre et attentive aux doléances des Hauts Conseillers en matière de documents ; la Direction des Affaires Financières avec son équipe, une équipe disponible pour tenir à bonne date le payement des diverses primes et autres avantages administratifs ; toutes les autres entités de la Maison sans oublier les Archives et la Documentation (la Mémoire du Conseil Economique et Social ), pour nous fournir à temps réel et d’une vigilance débordante les informations utiles mises à jour sur l’Internet et ses dérivées. Toutes choses qui permettent à l’institution d’évoluer.

Dans une dynamique de gestion rapprochée et participative, de prise de décision collégiale, le Bureau du CES, composé de cinq (5) membres, (le Président, le Vice-Président, le Trésorier, le premier Secrétaire et le deuxième Secrétaire), organise des réunions ordinaires pour débattre des questions importantes relatives au fonctionnement et à l’avenir de l’Institution. Les Présidents des Commissions et le Bureau du CES se concertent régulièrement, dans une logique de gestion intégrée et de recherche de solutions idoines aux questions qui se posent au CES. Ces rencontres permettent d’approfondir les réflexions entamées au Bureau, afin que des projets de décisions plus élaborés soient soumis en plénière à l’approbation des Hauts Conseillers.

Actions visibles

Sous l’impulsion du Président Nicolas ADAGBE, le Cadre de Concertation des Présidents des Institutions Constitutionnelles de la République a été formalisé le 05 novembre 2010. En prenant cette initiative, le CES a œuvré aux côtés de ses pairs pour que des solutions soient proposées pour éviter des heures d’angoisse, d’insécurité et d’inquiétude aux béninois face aux crises perlées observées ici et là dans le pays.

Ensuite, l’Institution s’est montrée active lors des crises sociales qui ont secoué le monde du travail, des travailleurs. Le CES a facilité les contacts et les négociations entre les centrales syndicales et les autorités de l’Etat pour dénouer la crise qui a paralysé toute l’administration béninoise en 2010. Aussi, les inondations qui ont ravagé les récoltes des paysans béninois et qui ont mis hors domicile des milliers de béninois dans plusieurs communes et villages du Bénin ont aussi inquiété les Hauts Conseillers. Des dons, des gestes de solidarité, faits de remises d’enveloppes financières, d’échanges et de conseils aux populations de Lalo, Bonou, Cotonou, Cobly, Djougou, Karimama ont eu lieu à travers le déplacement des délégations de l’Institution dans ces localités.

En harmonie aussi avec les responsables et Cadres du Haut Commissariat à la Gouvernance Concertée (HCGC), une vaste campagne médiatique a été menée par le Conseil Economique et Social pour sensibiliser et mobiliser les béninois, pour des élections pacifiques, libres, indépendantes et crédibles. Des spots de sensibilisations en fon, adja, mina, yoruba, dendi, baatonou, etc… à la radio e à la télévision, des messages dans la presse écrite ont été réalisés et diffusés, grâce aux soutiens financiers du PNUD. Des déplacements sur Parakou et Abomey. Une grande cérémonie de lancement à Cotonou pour les séances d’information et de communication avec la présence de messieurs Moïse MENSAH et Nicolas ADAGBE, à travers des poésies, des sketches, des discours, des chants et danses d’artistes et de groupes d’animation qui ont donné un cachet exceptionnel aux événements. A la séance de lancement dans la cité historique, à Abomey, le jeudi 10 février 2011, le Haut Commissaire à la Gouvernance Concertée, Mr Moïse MENSAH a expliqué que «les premiers artisans de la paix doivent être les hommes politiques. C’est à travers leurs pensées, leurs paroles et leurs actes qu’ils peuvent et qu’ils doivent établir des pratiques favorables aux dialogues sereins même si les motifs de désaccord sur leurs visions, programmes de gouvernance sont réels et profonds. Pour cela, dans le cadre des campagnes électorales, il faudra privilégier les débats d’idées plutôt que les références à l’ethnie, la religion, la fortune… »

Déjà à Cotonou, pour la cérémonie officielle de lancement le 27 janvier 2011, le Président du CES, Mr Nicolas ADAGBE, insistait sur un certain nombre de paramètres : « Plusieurs tragédies liées aux élections qui ont cours dans le monde et singulièrement en Afrique doivent être pour nous des signaux d’avertissement indiquant le seuil à ne pas franchir pour éviter à notre pays les tribulations enregistrées sous d’autres cieux. Il nous faut donc, chacun à son niveau, être un artisan de la paix, en tournant résolument le dos à l’intolérance et à la haine, tant dans les propos que dans les actes, car, au-delà de nos différences d’opinion ou de candidats, nous demeurons des Béninois ayant une seule patrie, le Bénin. De fait, l’Enjeu reste et demeure le Bénin… »

Le Bénin et les Béninois ont une fois encore étonné le monde entier, en se rendant aux urnes, tant pour l’élection présidentielle que pour les législatives, dans la paix, la convivialité, la quiétude et la fraternité. Le HCGC et le CES ont pris une part très active à cette grande campagne de mobilisation sociale pour la paix et pour des élections transparentes, pacifiques et régulières au Bénin.

Mais bien avant cette activité de grande importance, le Conseil Economique et Social a initié, préparé, organisé et réussi, en juillet 2010, le Colloque sur « Cinquante ans d’indépendance et problématique de la prospérité au Bénin ». Environ trois cents participants, d’Horizons divers, venus de la Guinée, du Mali, du Sénégal, du Burundi et de tous les secteurs de la vie nationale, ont réfléchi sur tout, sur les problèmes qui assaillent depuis cinquante ans le Bénin et les Béninois. Analyses critiques du chemin parcouru depuis cinquante ans. Et des solutions durables ont été proposées : urgence d’agir, la priorité des priorités ; cela avec Audace, Responsabilité et Conscience nationale. «Nous ne voulons plus d’autres 50 ans perdus dans la vie du Bénin », ont crié les participants à ce grand colloque de Vérité et de Détermination.

2010 aura été une année charnière, de vitalité et de prouesse pour faire grandir le CES, et partant, mieux valoriser l’Image du Bénin, le Bénin lui-même. C’est pourquoi le Séminaire International sur « Les Conseils Economiques et Sociaux comme Promoteurs et Acteurs pour la mise en œuvre du Pacte Mondial pour l’Emploi », était le bienvenu. L’emploi, surtout l’emploi des jeunes : un Véritable casse-tête pour tous les pouvoirs publics et les décideurs. Un partenariat entre l’AICESIS, l’OIT, le CES-BENIN et les autorités nationales dans nos pays, va aider à engager des actions décisives pour la promotion du programme-pays sur le Pacte mondial pour l’Emploi. Et LA DECLARATION DE COTONOU a réaffirmé la volonté de toutes les institutions présentes à Cotonou de s’attaquer aux problèmes du chômage sur tous les plans. Ce partenariat s’est intensifié entre le CES-BENIN et les structures faîtières des Conseils Economiques et Sociaux : UCESA, AICESIS, UCESIF et ECOSOC, structures avec lesquelles le Président Nicolas ADAGBE, les membres du Bureau du CES, les Présidents des Commissions, les Conseillers dans les différentes Commissions, les collaborateurs du Président, ont beaucoup travaillé ces dernières années, à travers les rencontres statutaires et autres conférences internationales organisées pour se pencher sur les urgences. Ces relations se sont renforcées également avec les partenaires techniques et financiers, tels que l’Ambassade de Chine au Bénin, l’Union Européenne, l’Ambassade des Pays-Bas, l’Ambassade de Danemark, le Luxembourg, la Région Rhône-Alpes en France. Les agences spécialisées des Nations Unies s’engagent aussi à soutenir le CES du Bénin : l’OIT, l’UNDESA, le FNUAP, le PNUD sont en bonnes places.

Des efforts sont chaque jour fournis pour rendre performantes l’organisation du travail et la modernisation de l’administration au CES. Tant qu’il reste beaucoup à faire, nous devons reconnaitre que rein n’a encore été fait. Il est important de doter les structures de la Maison d’outils de travail adéquats et performants pour celles qui en ont besoin, cela dans un souci d’efficacité. Il y a urgence de recruter du personnel pour combler les lacunes liées aux retards enregistrés dans le traitement des dossiers à certains niveaux. Et si on dotait certaines de ces structures de budgets conséquents pour faciliter les informations et la communication sur l’Institution, ses performances, toutes choses pour rendre visibles ses activités et l’Image du CES, une Institution Républicaine de Veille…

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