Plus de cinq mois après la dernière élection présidentielle, le dialogue avec les forces politiques appelé de tous tarde à être effectif.
Alors que sur le plan social l’accalmie semble revenir suite aux derniers accords gouvernement-syndicats, les politiques, eux, attendent toujours que le président Boni Yayi fasse de même envers eux. L’esprit du consensus qui a prévalu dans le débat politique depuis la conférence nationale des forces vives de la nation, de février 1990, a été mis à mal depuis la dernière élection présidentielle. Pendant toute la période de l’élection, les différentes forces politiques en présence se sont regardées en chien de faïence. Elles ont tellement tiré sur la corde de l‘unité nationale et de l’intransigeance au point où il était difficile de prévoir ce qui allait se passer. Quelques mois après cette échéance à hauts risques, les tiraillements et les contestations se sont tus. Mais dans les cœurs et les esprits, les frustrations se sont accumulées et l’on rumine encore les déceptions d’une élection que l’on assimile à une parodie de scrutin. Dans un tel contexte, il était nécessaire, voire impérieux de repartir à la table de négociation pour aplanir les divergences. Conscient de ce que cette élection n’a pas laissé une bonne ambiance, le Chef de l’Etat a lui-même annoncé le 06 Avril, jour de son investiture, sa volonté de convoquer toute la classe politique afin de parvenir à réflexion sur les problèmes sérieux de la nation et s’entendre sur les points d’achoppement. Dans le temps, le médiateur de la République, Albert Tévoédjrè, a aussi agité une conférence nationale dite de «Vérité et sursaut patriotique». Mais depuis, on n’entend plus parler de ce projet. Lors de sa dernière intervention, la veille de la fête nationale, il a réitéré son engagement à convoquer ce dialogue pour reprendre langue avec les hommes politiques. Mardi dernier, jour du ramadan, l’ex-députée Amissétou Affo Djobo a rappelé la nécessité de ce dialogue avec la classe politique surtout après l’accalmie obtenue sur le front social. Les forces politiques de l’opposition réunies au sein de la coalition Abt et de l’Union fait la nation (Un) n’ont pas reconnu la victoire du président Boni Yayi au premier tour de l’élection présidentielle. En dehors de cela, elles reprochent une mauvaise gouvernance politique au régime du président Yayi. Sur plusieurs points, l’opposition et la majorité présidentielle sont loin d’accorder leurs violons. Et malgré la stabilité politique apparente, le front politique bouillonne encore et risque de ne pas contenir trop longtemps encore les frustrations qui s’accumulent chaque jour, un peu plus.