C’est à Parakou, échangeant avec des jeunes, que le chef de l’Etat a laissé entendre qu’il effectuerait sous peu un voyage en Inde et en Chine et fera ensuite installer au Bénin deux usines de fabrication de machines agricoles. Bien comme ambition ? Peut-être. Mais on devient perplexe en entendant encore Boni Yayi promettre que les machines seront distribuées gratuitement aux jeunes. Or, quelques instants plus tôt, le même Boni Yayi disait son dépit de ne pas pouvoir disposer de terres pour réaliser la révolution verte parce qu’il y a des privés qui en revendiquent la propriété. Si l’ambition est légitime, il faut cependant se demander si les usines seront installées gratuitement au Bénin ? Si oui, seront-elles approvisionnées tout aussi gratuitement en matériaux de production ? Qui prendrait en charge les techniciens indiens et chinois qui travailleraient, le cas échéant, dans ces usines ? Autant de questions qui amènent à se demander sérieusement quelle sera la crédibilité voire le sérieux de cette opération de distribution gratuite annoncée, de machines agricoles. Boni Yayi évoquant des problèmes liés à la disponibilité des terres, ne faudrait-il amorcer et conduire préalablement une sérieuse réforme agraire ? Pour s’assurer de la disponibilité des espaces exploitables avant de se lancer dans toute entreprise d’exploitation ? A moins de n’avoir pas tiré leçon de l’expérience qui a conduit à envoyer, après avoir acheté des machines agricoles, tous les ministres pratiquement à l’assaut des communes, parfois même de nuit, à la recherche de terres disponibles.
Il faut aussi s’interroger sérieusement sur la portée de l’annonce selon laquelle plus de 20.000 jeunes seront déversés dans l’agriculture pour la mise en valeur des espaces. Sachant que les préalables annoncés sont loin d’être réalisés, comment prendre au sérieux cette déclaration ? De toutes els façons, il faut vivre longtemps pour voir les choses et leurs contraires. Alors, wait and see…