Les douaniers observent à partir de ce jour et ce, pour 48 heures, une grève d’avertissement afin d’exiger du gouvernement une plus grande sécurisation au travail. Cette décision prise, il y a une semaine, est maintenue en dépit des tentatives du gouvernement de les en dissuader.
«Notre grève est maintenue», c’est ce que nous a répondu, hier au téléphone, Mme Cathérine Egounlety, secrétaire général du Syndicat des douanes béninoises (Sydob). Cette décision prise depuis mercredi dernier en Assemblée générale par la Fesyntra-Finances (Fédération des syndicats des travailleurs de finances) a été réitérée, le vendredi dernier, lors de la conférence de presse organisée par le syndicat. Au cours de cette conférence, la Sg du Sydob a rappelé les nombreuses agressions dont des agents de douane ont été victimes, ces derniers jours. En moins de huit jours, trois disciples de Saint Mathieu ont été agressés par des civils et un militaire. Se sentant menacés dans l’exercice de leur fonction, et surtout discrédités par les nombreuses tournées des ministres qui les ont faits passer pour des «voleurs» qui pillent les ressources de l’Etat, les douaniers ont décidé de laver l’affront. Dans leur motion, ils ont exigé une plus grande sécurisation au travail et des excuses publiques du gouvernement.
Hier, au cours d’une rencontre de médiation, la délégation gouvernementale a évacué, point par point, les raisons de cette grève. Selon elle, les excuses ont été présentées par le ministre de l‘économie et des finances. Par rapport aux agressions, elle leur a demandé de porter plainte. Pour elle donc, il n’y a plus de raison d’aller en grève puisque tous les points de leur revendication ont été satisfaits. Le ministre de l’économie et des finances a simplement demandé aux responsables du Sydob de surseoir à sa grève surtout que notre pays traverse une période de difficulté de trésorerie. Mais les douaniers présents à cette rencontre ont répondu au ministre que cette décision ne saurait être prise sans consulter les autres camarades au cours d’une Ag et que la grève serait maintenue en attendant de discuter avec les autres.
Feu aux poudres
À peine, cette rencontre est-elle terminée que le gouvernement publie un communiqué à l’allure de menace. Signé du Secrétaire générale du gouvernement, M. Eugène Dossoumou, ce communiqué rappelle les efforts -hélas vains- du gouvernement pour dénouer la crise. Plus grave, il invite les ministres de l’intérieur, de l’économie et des finances à prendre les dispositions pour sécuriser les lieux de travail et permettre aux douaniers qui le veulent d’aller librement travailler. Il demande aux ministres concernés de recenser les noms de ceux qui vont faire la grève afin de leur faire des défalcations sur salaire. En réaction à ces mesures, Mme Egounlety déplore la publication d’un tel communiqué par le gouvernement. «Est-ce que le gouvernement veut l’apaisement avec ça?», s’est-elle demandée. Elle dit ne pas comprendre que ce communiqué soit signé du Sg du gouvernement qui n’était même pas présent à cette rencontre. Selon nos sources, toujours pour faire échec à cette grève, les membres du gouvernement ont tenté de mettre les «douaniers patriotes» à contribution. Mais ceux-ci, pour la première fois, ont décliné l’offre, réitérant leurs allégeances au Sydob.