Il pleut sur notre football. Des rafales d’une crise dure et qui dure frappent de plein fouet tous nos stades. Des stades qui se sont tus depuis, ne sachant plus résonner de la clameur des aficionados. Et les week-ends se suivent, tristes et moroses, sans que rien ne bouge, sans qu’aucune perspective ne se dessine.
C’est sur ce décor de désolation extrême que les Ecureuils, notre onze national, affrontent, ce dimanche 4 septembre, à Bujumbura, les Itamba du Burundi. Le Bénin, dos au mur, se plie aux formalités d’usage. Il poursuit les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) dont il est déjà éliminé.
Il faut croire en la vertu curative de l’épreuve. Ceux qui savent en tirer des leçons s’en sortent relookés, trempés et blindés. Après qu’ils eurent fait l’effort de comprendre les raisons de leur chute. Où en est donc notre football aujourd’hui ? Question essentielle s’il en est. Elle est destinée non à entretenir nos jérémiades et nos regrets. Mais pour que nous tenions nos malheurs pour des échelons par lesquels nous remontons vers le haut, vers la lumière du jour.
Cela nous était resté en travers de la gorge, notre mémorable déculottée devant les « Eléphants » de Côte d’Ivoire, et sur nos installations : 6 buts encaissés pour seulement 2 réalisations. C’était assez humiliant pour que cela fût vite oublié. C’était déjà les signes avant coureurs d’un pourrissement avancé de notre Onze national.
Le Président de la Fédération, Anjorin Moucharaf, croupit, depuis, en prison. Il fait l’objet d’une mesure préventive dans le cadre d’une enquête de justice. Ce qui laisse décapitée l’instance dirigeante de notre football. Et nous savons qu’une maison sans tête est comme un corps sans vie. Arrêt du championnat professionnel. Gel de toutes les activités.
Le Centre international de formation Adjavon Sébastien (Cifas) a fermé ses portes. C’est la douloureuse fin de l’une de nos meilleures couveuses de talents, de l’un de nos meilleurs incubateurs de champions. Le football contemporain est une industrie. On comprend qu’il draine des milliards de dollars. On comprend également qu’il ne fait plus dans l’amateurisme et dans l’approximation. Le football est devenu une foire aux talents. Il s’impose comme un pôle d’excellence. Il n’y a de place que pour des hommes de métier, des pros.
Les supporters, pendant ce temps, n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Ils se morfondent en suivant les exploits des autres devant leur téléviseur. Ils n’émergent pas des brumes d’une situation inextricable dont le moins qu’on puisse dire, est qu’elle est loin de révéler toutes ses inconnues. Mais c’est Jacques Chancel qui nous secoue et qui nous réveille. (Citation) : « Il vaut mieux attraper un torticolis en visant trop haut que de devenir voûté en visant trop bas. » (Fin de citation). Voilà la magie de voir grand, de voir loin, de rêver tout en couleur. Parce que convaincus par Paulo Coelho qui nous apprend ceci : « Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d’aller de l’avant » (Fin de citation). Mais quoi faisant ?
D’abord, la réflexion. Elle ne doit pas déserter le stade. Elle doit être permanente et accompagner toute approche de sortie de crise. Cesser de réfléchir, cesser de remuer nos méninges, c’est participer à la mort programmé de notre football.
Ensuite, la relève du personnel dirigeant. Elle est à engager ici et maintenant. Ceux qui assurent aujourd’hui la direction de notre football ne sont pas éternels. Ils n’ont pas un droit de propriété sur le football national. Nous avons donc à nous concentrer moins sur nos conflits d’aujourd’hui que sur nos exploits et succès de demain. Voilà l’esprit de l’héritage à transmettre à nos enfants.
Enfin, la foi en un avenir brillant pour notre football. Elle doit être entretenue comme une flamme d’espérance. Il faut y veiller comme à la prunelle de nos yeux. C’est Bertolt Brecht qui a raison : « Celui qui combat peut perdre, écrit-il, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ». (Fin de citation). Nous savons ce qui nous reste à faire : épouser la cause de notre football et porter l’espérance d’un Bénin qui gagne.