(Selon le Professeur Amoussou-Guénou, spécialiste de la médecine nucléaire) La très récente mission des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea) au Bénin suscite une certaine polémique depuis peu. D’aucuns estiment même que cette mission cacherait la intention de la part de cette agence visant à explorer les possibilités du Bénin en matière d’énergie nucléaire à des fins non connues. Le Professeur Marcellin Amoussou-Guénou, l’un des rares spécialistes de la médecine nucléaire au Bénin s’en indigne pour avoir participé à cette mission, et aussi parce qu’il est l’un des experts béninois qui collabore avec cette agence. Il évoque trois éléments fondamentaux qui justifient cette mission. Depuis 2003 que le Bénin a signé un accord avec l’Aiea, rappelle-t-il, la Loi qui doit permettre au pays d’utiliser les rayons ionisants dans des conditions de sécurité et de sûreté, n’est pas encore votée à ce jour. «Il faut aussi dire que dans le domaine du nucléaire, tout ce qui n’est pas permis est interdit. Le meilleur exemple est que moi je suis un médecin nucléaire, et je pouvais, pour ce faire, me mettre à utiliser la radio-activité dans des conditions sauvages, mais comme je sais que cela n’est pas permis par une loi, je n’ai donc pas le droit de le faire» affirme le Professeur. Il se désole aussi, qu’on n’a pas le droit de faire de la radio-thérapie aujourd’hui au Bénin, simplement parce qu’on ne dispose pas d’une loi dans ce sens. Tant qu’on n’aura pas cette loi, insiste-t-il, les pratiques utiles pour la santé, pour l’agriculture et autres secteurs ne seront jamais possibles au Bénin. Et c’est donc face à ce vide juridique, qu’un groupe de cadres de différents secteurs et de différents ministères se sont réunis, pour rédiger ladite loi, la faire étudier au niveau de l’Aiea et la soumettre à un organe de codification au niveau du ministère de justice. Actuellement, ce projet de loi se trouverait sur la table du secrétaire général du gouvernement, en attendant qu’il soit transmis à l’Assemblée nationale.
«Devant ce vide juridique qui n’apporte rien à notre pays, et qui au contraire, lui crée des préjudices, nous avons donc voulu faire un plaidoyer pour sensibiliser tous les acteurs concernés pour que cette loi soit rapidement votée ; une loi sans laquelle, nous ne pouvons pas utiliser l’énergie atomique au service du développement» insiste le Professeur Amoussou-Guénou. D’où la récente mission des experts de l’Aiea au Bénin qui a pu permettre de sensibiliser plusieurs acteurs, dont les députés béninois. Il indique par ailleurs que le laboratoire de radio-immunodosage implanté à la Faculté des sciences de la santé dont il est le responsable a été entièrement financé et équipé par l’Aiea. Ce laboratoire, le seul du genre au Bénin, permet aujourd’hui de doser beaucoup de marqueurs tumoraux à des prix bas. Des experts béninois ont été également formés par l’Aiea en vue d’améliorer la prise en charge du goitre au Bénin, sans citer tous les autres appuis qu’apporte cette agence au Bénin. « Nous avons donc réellement intérêt à composer avec cette agence, non pas parce que nous voulons une arme atomique ou des centrales nucléaires, mais plutôt pour bénéficier certains avantages qui nous permettront au niveau national de développer notre pays» souligne le Professeur Amoussou-Guénou. Il précise également que cette loi qui va être prise permettra, entre autres, d’assurer la radio-protection des patients qui fréquentent les hôpitaux et en général les populations.