(Un collectif budgétaire qui ne dit pas son nom) Le communiqué du Conseil des ministres du gouvernement en sa séance extraordinaire du Samedi 10 Septembre dernier a révélé la stratégie du gouvernement pour surmonter les difficultés de trésorerie qu’il rencontre actuellement. Si ces mesures ne sont pas à balayer systématiquement du revers de la main, elles traduisent tout de même de l’indiscipline budgétaire dont fait montre le gouvernement béninois ces dernières années.
Le budget général de l’Etat connaît une baisse en terme de recouvrement de ses recettes au titre de l’année 2011. C’est ce qu’on peut retenir des conclusions du Conseil des ministres du samedi dernier. Pour surmonter le déficit occasionné, le gouvernement prévoit des mesures de restriction des crédits budgétaires afin de pouvoir redimensionner les dépenses prioritaires à exécuter durant le reste des mois de cette même année. Il s’agit de faire preuve d’une certaine austérité budgétaire, d’accroitre les recettes intérieures et des respecter le plafonnement de dépenses retenues avec le FMI et la Banque Mondiale.
En réalité, le gouvernement entend assoir une politique qui vise à augmenter les recettes internes. Ce qui devrait passer par la réduction du train de vie de l’Etat, l’amélioration du recouvrement des recettes provenant des impôts à travers une lutte rigoureuse contre la fraude fiscale et la fraude au cordon douanier. Ces mesures du gouvernement de la refondation soulèvent des questions qui ont tristement caractérisé la gouvernance économique du Bénin de ces dernières années.
Elles constituent une manifestation de l’insincérité budgétaire par laquelle s’est illustré le gouvernement béninois. Et en cette fin d’année, tout comme ce fut le cas l’année dernière, on assistera, au nom de la rigueur budgétaire, à la réduction drastique des finances. En effet, le budget de l’Etat exercice 2010 voté par l’Assemblée nationale était de plus de 1300 milliards de francs Cfa. Ce budget n’avait été exécuté qu’à hauteur des 2/3 de son montant, soit environ 850 milliards de F CFA, sans collectif budgétaire adopté par le parlement. On s’achemine, cette année, vers le même scénario où les budgets annoncés ne sont jamais réalisés. Le budget en cours, qui fait objet d’austérité de la part du gouvernement, avait été critiqué par certains députés qui l’on qualifié d’irréaliste. On apprend de sources proches du ministère des finances que sitôt le budget adopté, le gouvernement envoie des instructions aux différents ministères sectorielles leur enjoignant de réduire leurs charges. Ces mêmes sources révèlent que le budget exécuté est différent de celui adopté par les députés sans refléter celui envoyé à la Banque mondiale. Ainsi, l’insincérité budgétaire qu’on note dans la démarche du gouvernement va pénaliser bon nombre d’opérateurs économiques. Et si les entreprises sont asphyxiées, tout le pays en fera les frais.
Observant les mesures prises par le gouvernement, on constate qu’il s’agit, en réalité d’un redressement budgétaire. Et cela implique indirectement que la loi de finances 2011 sera retouchée, à la baisse. Pour une mesure pareille, le gouvernement devrait immanquablement adresser un collectif budgétaire au parlement afin que les représentants du peuple y incluent les ajustements nécessaires; de sorte à le rendre conforme aux réalités économiques et financières actuelles du pays et la politique globale gouvernementale y afférente.
De toute façon, avec le relèvement du point indiciaire des agents de l’administration publique et la mise en œuvre du Programme de vérification des importations (Pvi)-nouvelle génération, il est évident que le budget connaisse une modification. Le fait est que des charges et recettes imprévues du budget 2011 entrent dans le jeu. Et le gouvernement doit s’y conformer avec courage et en toute transparence.