Pour l’honneur de nos supporters

On les appelle supporters. Les Français, ne voulant pas être en reste, ont inventé le mot supporteur et supportrice pour désigner les mêmes personnes. Le dictionnaire définit celles-ci comme les partisans d’un sportif ou d’une équipe. On parlera, de ce fait, « des supporters de Sessegnon » ou « des supporters des Ecureuils », notre Onze national.

 

Le football, c’est le sport roi au Bénin. C’est la discipline sportive qui compte le plus grand nombre de supporters dans notre pays. Quand le Onze national doit se produire, sur place au Bénin ou hors du Bénin, les supporters des Ecureuils se font voir et se font entendre. Impossible de les éviter. Inutile de chercher à les ignorer. Ils existent bel et bien. Ils savent le manifester en bonne et due forme.

Les supporters béninois, déjà très visibles et déjà très audibles, seront sous peu sous les feux de l’actualité. Le Bénin accueille, dans la dernière semaine du mois en cours, le sixième congrès des Fédérations nationales des supporters de l’Afrique de l’Ouest. Redoutable honneur pour nos supporters. Le succès de ce congrès dépend d’eux.

Qu’il existe des fédérations nationales de supporters, est l’indice d’une prise de conscience identitaire du supporter. Que ces fédérations se réunissent à saison régulière pour discuter et échanger, c’est le signe d’un souci d’organisation minimale. Le rendez-vous de Cotonou aura à se pencher sur l’épineux problème de la violence sur nos stades. Pour que le sport en général, le football en particulier, reste et demeure, d’abord et avant tout, une fête au-delà des enjeux, une célébration qui n’éloigne point du jeu.

Sans préjuger des recommandations qui sanctionneront la rencontre de Cotonou, affirmons ici que le plus important pour nos supporters devrait tenir à la gestion de leur image, d’une part, à la place qu’ils doivent occuper dans la chaîne sportive de nos pays respectifs, d’autre part.

Quand on dit « supporter », on pense, a priori, à une masse informe d’hommes et de femmes plus ou moins hystériques, plus ou moins fanatisés dans leur soutien à une équipe. Les supporters ne prolongent-ils pas, bien souvent, dans les gradins et hors du stade, par des arguments frappants, le combat livré par leurs équipes respectives sur un stade ? Si les joueurs sont régis par des lois ou par des règles strictes, sous la supervision d’un arbitre central assisté de ses adjoints, les supporters, quant à eux, sont laissés à eux-mêmes et se laissent aller à des excès.

Il faut donner du supporter une image autre. Et les regroupements en associations, en fédérations de supporters nous semblent être une toute première bonne réponse à ce premier souci. Qu’on ne permette plus à personne de voir en tout supporter un délinquant potentiel. Qu’on n’autorise plus personne à faire de nos stades le champ clos d’un défoulement collectif, proche de ces déchaînements barbares qui réveillent la bête qui sommeille en chacun de nous.

Et c’est parce que le supporter aura su imposer une image propre de lui qu’il pourra prétendre être une voix qui compte dans le monde du sport. Tenons-le pour dit : pas de sport, aujourd’hui, sans les supporters. Doit compter, par conséquent, la voix de ceux-ci dans la gestion de la chose sportive. Il ne s’agit pas d’une voix que portent les échos de l’animation souvent bruyante et brouillonne dans nos stades. Il s’agit d’une voix qui a le relief d’une contribution de qualité dans un débat, le poids d’un vote effectif dans une élection, le volume d’une opinion respectable dans une décision. Autrement dit, les supporters bien organisés doivent exiger leur part et leur place dans les réflexions, dans les débats, dans les décisions qui engagent l’avenir de nos sports.

Enfin, à l’image et à l’exemple des pays qui ont su hisser leur sport, leur football à des niveaux enviables, l’actionnariat populaire doit être étudié et mis œuvre. On ne peut évoluer à proximité d’une activité qui s’impose comme une véritable industrie, avec à la clé des milliards de nos francs et ne pas permettre aux supporters une participation aux bénéfices de l’entreprise sport. Ce serait injuste que les supporters s’investissent à nourrir plus d’un, sans qu’ils aient, eux-mêmes, la possibilité de se lécher les doigts.

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