La direction des douanes du port de Cotonou a connu une matinée très mouvementée hier. Le Chef de l’Etat qui, avant-hier avait menacé publiquement les douaniers, a mis son plan en exécution en envoyant les douaniers retraités pendre service à la place des grévistes dont les portes des bureaux ont été défoncées. Alerte maximum hier à la direction des douanes de Cotonou port. Très tôt le matin, la devanture du port ainsi que la recette douane ont été envahies par des bataillons de militaires et de policiers. Un peu après 13h, l’ambiance était toujours tendue avec les militaires, kalachnikovs au point, qui faisaient une haie de sécurité au portail de la recette. Sur la cour, quelques transitaires assis sous un arbre et quelques agents des douanes habillés en tenue civile, discutaient sérieusement et passaient fréquemment des coups de fil. Dans le hall du bâtiment, au rez-de-chaussée, devant une table, une demi-douzaine de policiers assuraient la sécurité des lieux et filtraient les entrées. Ils nous indiquent un bâtiment du premier où, nous le comprendrons quelques minutes plus tard, se tient une réunion importante. Après s’être engouffrés dans un corridor de quelques mètres, on fit irruption dans une petite salle. Là, James Sagbo et Marie Rose Sègla Kabirou flanqués du Dg de la douane Théophile Soussia entretenaient les douaniers retraités. « La patrie est en danger et nous avons fait appel aux douaniers retraités. Tenez bons, vous êtes-là pour servir la patrie», leur lance Mme Sègla Kabirou, conseillere aux affaires douanieres du chef de l’Etat. La réunion ne dure pas longtemps. Après le retrait des autorités, les douaniers retraités discutèrent un peu entre eux sur comment se restaurer. Pour Bernard Tankaya, «c’est une fierté de servir la patrie en ces périodes difficiles». Le Dg, quant à lui, avoua être malheureux parce qu’étant un chef sans troupe. Il invita ses collègues à revenir à de meilleurs sentiments pour le développement du pays et ajouta que grâce à ses négociations, certains douaniers en grève ont accepté de reprendre le service, l’après-midi. Mais ceci n’était que le dernier épisode de la mise en scène de ce matin. Très tôt, a-t-on appris de certains témoins, le Dg Soussia, accompagné d’un huissier de justice et de militaires a fait défoncer les portes des bureaux des douaniers en grève grâce au service d’un serrurier. Sitôt ces portes défoncées, le Dg ordonna aux douaniers retraités d’occuper les lieux. Mais ceux-ci n’ont pas trop réussi dans leurs missions. Certains douaniers en grève retrouvés sur les lieux ont dénoncé ce coup de force. «Ils ont déprogrammé tout notre système informatique», déplore-t-il. Puis, le Dg fît le tour des bureaux dont la majorité resta fermée avant de s’enfermer dans l’un d’eux, en compagnie de Rigobert Koutonin, de Tabé Paul (tous membres du cadre de concertation) et de quelques autres agents en tenue civile. A sa sortie du bureau, il confia a la presse que les activités commenceraient réellement à 15h, heure à laquelle certains douaniers grévistes étaient attendus à leur poste de travail pour y prendre service. Aux dernières nouvelles, les activités piétinent toujours à la recette douane du port et au guichet unique des formalités, en dépit des portes défoncées et des menaces abondamment proférées.